L’émission télévisée de l’Ortm, Maxi Vacances, est aujourd’hui la plus grande émission de divertissement pour la jeunesse malienne. Non seulement elle promeut la culture malienne, mais l’émission est également révélatrice de talents. Initiée en 2003 par le célèbre et passionné journaliste-présentateur et producteur de la chaine nationale, Amadou Kodio, l’émission Maxi-Vacances devenu Maxi-Jeunes, a désormais 15 ans d’existence. Approché, Amadou Kodjo a bien voulu répondre à nos questions, notamment sur les raisons de la création de l’émission, son bilan, les améliorations qu’elle a connues ainsi que le problème de sponsoring. Lisez plutôt l’entretien !
Aujourd’hui-Mali: Bonjour, pouvez-vous nous dire ce qu’est que l’émission Maxi Vacances ?
Amadou Kodio : Maxi vacances est une émission de divertissement pour les jeunes dans laquelle nous faisons l’utile et l’agréable. L’utile parce que notre épreuve reine est la culture générale. Et l’agréable concerne les concours de chant, de danse et d’humour. L’émission est née en 2003. Au début on le faisait dans les communes du district de Bamako où le côté festif était le plus prisé. La première émission a eu lieu en commune III, plus précisément au Carrefour des jeunes. On avait comme invité le maire avec qui on parlait généralement des réalisations pour les jeunes en termes d’infrastructures et d’organisations. Une année après, l’un de mes chefs à l’époque, qui avait aimé la première émission, m’a dit pourquoi vous n’organisez pas ça pour l’année scolaire ? Donc c’est de Maxi-vacances qu’est née Maxi-jeunes. Et l’émission Maxi-jeunes est destinée aux lycéens. C’est-à-dire un lycée, une émission. Ça fait 15 ans que l’émission existe et ça fait maintenant 15 ans bon an mal an que nous servons la jeunesse malienne.
Quel bilan faites-vous de l’émission après ses 15 années d’existence ?
J’évite souvent de faire des discours d’autosatisfecit. Moi, personnellement, je suis quelqu’un qui n’est jamais satisfait. Néanmoins, nous avons fait connaitre beaucoup de jeunes talents sur le plan culture et également sur le plan musique. Vous avez des jeunes comme Penzy, Diami Sacko, le Général Balody et plein d’autres sont des lauréats de Maxi-jeunes et il y a d’autres qui sont allés dans les trucs associatifs. Le bilan, c’est que nous sommes arrivés à faire la promotion de beaucoup de jeunes. Ce qui est très important.
Aussi, nous sommes arrivés à donner de l’organisation en termes de chorégraphie chez les jeunes. Aujourd’hui, il y a des jeunes qui vivent de la danse qui ont en font souvent leur métier. Vous voyez souvent les jeunes qui se constituent en groupe de chorégraphie, qui dansent dans les clips, tout est parti de l’émission depuis 2003. Cependant, nous ne sommes pas satisfaits du fait que nous n’arrivons pas à avoir chaque année une danse qui tire ses ingrédients dans la culture malienne et qui puisse être pratiquée dans les boites. Mais globalement, le bilan est positif parce qu’on aura servi à quelque chose.
Comment est venue l’idée de la création de l’émission ?
Vous savez, quand on arrivait en 2003 avec l’émission il y avait un vide. Il n’y avait pratiquant pas démission pendant les vacances qui pouvait rassembler les jeunes. C’est ainsi que je suis allé voir le directeur de l’ORTM de l’époque Sidiki N’Fa Konaté et mon directeur Télé Baly Idrissa Sissoko et celui du Palais de la culture pour l’organisation de l’émission. Une initiative qui a même ouvert la porte à d’autres organisateurs de spectacles qui rassemblent les jeunes pendant les vacances.
Qu’en est-il des améliorations de l’émission ?
Par rapport aux améliorations, vous savez le nerf de la guerre, c’est l’argent. Aucune innovation ne saurait aboutir sans l’argent. C’est le lieu de remercier les différents directeurs de l’Ortm qui ont d’abord accepté qu’on fasse l’émission et qui depuis 15 ans supportent à 95% le budget de fonctionnement de cette émission. Chaque année, l’Ortm met 10 à 11 millions de Fcfa dans l’organisation de l’émission.
Néanmoins, dernièrement, nous avons progressé parce qu’au départ ce n’était pas évident. Une émission télé c’est d’abord le plateau. Et ces 5 dernières années, on a mis au minimum 1 million 200 cent et 1 million 5 00 cent sur le plateau parce que c’est sur le visuel qu’on nous compare aux autres. En deuxième lieu, progressivement, on impose depuis 2012 des thèmes d’alternatives par rapport à tous les concours et bien avant ça, on a sorti du concours de danse les musiques étrangères dans l’optique d’amener les Maliens à aimer et danser sur leur musique. Ensuite, nous avons progressivement introduit l’art oratoire et l’innovation que nous avons apportée cette année c’était le Slam, qui a été un succès. Contrairement à ce que les gens pensent, avec une émission comme Maxi-jeunes, on ne fait pas de rupture totale. C’est progressivement autour de l’existant qu’on injecte petit à petit d’autres numéros qui intéressent la jeunesse.
L’organisation d’une telle émission a un coût élevé, alors qu’en est-on du sponsoring ?
C’est le lieu de remercier d’abord Malitel qui était là au départ avec qui il y a une rupture et c’est Orange-Mali qui est avec nous depuis 2009 . La chance d’être avec Orange c’est que quand ils mettent même 5 francs dans un programme, ils sont voyants et ils nous aident à grandir. Chose que j’apprécie bien. Ils ne donnent pas l’argent et tournent le dos parce que pour une amélioration, on travaille en équipe et le sponsor peut avoir des innovations et des idées. Cependant, c’est vraiment déplorable au Mali, la culture n’est pas aidée.
Les Sponsors ne mettent pas de l’argent dans la culture. Voyez une émission comme ça, ailleurs, un sponsor comme Orange peut mettre au minimum 50 millions Fcfa là-dedans. Au Mali, ils ne mettront pas plus de 14 millions dans cette émission qui coûte entre 50 et 55 millions. Si on fait aujourd’hui l’évaluation du matériel et du personnel qui travaille là-dessus et l’argent liquide qu’on met là-dedans, c’est vraiment énorme. Nous avions pensé même un moment aux ministères de la jeunesse, de la culture de s’approprier l’émission comme ça se passe ailleurs, mais ils nous disent qu’ils ne peuvent pas gérer l’émission car ils n’ont pas de budget pour celà. L’Ortm étant une entreprise qui a pour mission de service public, tant que les jeunes aimeront l’émission, va continuer à la produire tout en espérant que ça va changer au niveau des sponsors qui viendront plus nombreux et qui mettront plus d’argent dans l’émission.
Qu’est-ce que vous proposez en termes de visibilité aux sponsors, dans votre émission ?
Nous proposons aux sponsors des diffusions de spots, ils sont à l’enregistrement (qui fait 30 minutes) avec la possibilité de remettre des cadeaux. Nous diffusons des bandes annonces, des visuels dans les salles. Pour l’actuel sponsor leader qui est Orange-Mali, on réserve une minute sponsor des diffusions se spots et des actions marketing avant, pendant et après. Nous diffusons cinq minutes des temps forts. Je pense que cette émission est une chance pour les sponsors dans la mesure où elle est diffusée sur la première (Ortm) et rediffusée sur TM2. Ce qui est un bonus. Cependant, le problème que j’ai avec les sponsors, c’est qu’ils demandent le fond scène de mon émission que je ne donne pas car le fond de scène est sacré.
Réalisé par Youssouf Koné