De son passage à la Mission culturelle de Djenné, les partenaires du Mali retiennent “un énorme travail abattu par un professionnel”. A Kayes, d’où il est rentré il y a une année, sa touche a impulsé une nouvelle dynamique à l’essor culturel de la région. Nous l’avons rencontré en marge du Forum multiculturel de Faléa, tenu du 25 au 27 mai derniers. Portrait d’un jeune cadre au parcours exemplaire.
Diplômé de l’Ecole du patrimoine africain (Epa) de Porto-Novo au Bénin, Amadou Camara est depuis janvier 2013, chef du département technique du Palais de la culture de Bamako. En le nommant à ce poste, sa hiérarchie lui a assigné comme mission principale le renforcement des relations entre le Palais de la culture et le public. Ses initiatives doivent permettre la fidélisation du public à l’espace culturel à travers des actions concrètes. Il le fait avec passion.
Mais son domaine de prédilection est sans nul doute le patrimoine culturel. Invité au Forum multiculturel de Faléa pour une communication dans le domaine, sa maîtrise du sujet a séduit plus d’un.
Pendant ses premières années de service à la Mission culturelle de Djenné (à partir de mai 1996), son dynamisme et sa passion pour le secteur ont été d’un grand apport pour la promotion de la culture dans la localité. Ici, Amadou Camara a été chef du bureau sensibilisation et promotion, puis patron du département recherche et documentation.
A Djenné, sa touche a permis de mener avec efficacité l’inventaire des sites et monuments, la documentation, la mise en valeur et la promotion des sites et monuments des vieilles villes de la localité.
Après ce travail effectué, le défi était de trouver un public pour ces sites. “Nous avons travaillé sur un programme d’animation qui a concerné toutes les couches, notamment les scolaires, les enseignants, etc. Il faillait aussi intensifier la sensibilisation contre le pillage des sites archéologiques…”, explique Amadou Camara, qui aura passé douze ans dans cette ville, devenue (malgré la crise) l’une des destinations touristiques les plus prisées au Mali.
C’est donc riche de cette expérience, qu’il est envoyé à Kayes comme coordonnateur régional du Programme d’appui au développement économique et social de la culture (Padsec).
Meilleur total des projets financés
Détenteur d’un master II d’ingénieur culturel en “action artistique et culturelle” (MAAC) au Conservatoire des arts et métiers multi médias Balla Fasséké Kouyaté de Bamako, Amadou Camara avait les armes pour relever le défi qui lui était assigné. En témoigne son bilan.
Pendant trois années, il a pu impulser un nouveau souffle au secteur culturel de la région de Kayes en réussissant le diagnostic culturel assez large. Son action ici a permis de faire l’état des lieux de la culture dans la région, assister et appuyer les acteurs culturels dans la formulation des projets culturels.
Pour Amadou Camara, c’est avec le sentiment du devoir accompli qu’il a quitté la région. A Kayes, les acteurs culturels témoignent que son expertise technique a permis de faire bouger les lignes. Au total six projets culturels ont été financés par le Padesc, soit le meilleur total du Mali dans ce programme. A la mairie comme à l’Assemblée régionale, plusieurs projets ont été également financés grâce à son apport technique.
Amadou Camara est un jeune cadre au parcours exemplaire. Professeur assistant depuis 2006 à l’Ecole du patrimoine africain de Porto-Novo (dont il est issu), il a subi plusieurs stages et formations, dont celles en méthodologie d’approche en milieu rural à l’ex-Cespa, en audio visuel au Musée national (indispensable pour un acteur du patrimoine), etc.
Un des rares Maliens à avoir un diplôme dans le domaine du patrimoine culturel, mais aussi en gestion dudit patrimoine, Amadou Camara est auteur de plusieurs communications à des foras, dont le séminaire régional à Tombouctou sur les villes du patrimoine mondial. Toutes choses qui lui ont permis d’entrer à l’Epa du Bénin.
Le cadre malien a aussi prêté son expertise à des pays amis, comme le Bénin où il est l’auteur du Plan de gestion et de conservation de la “Route de l’esclavage” d’Ouidah. Comme pour dire que la compétence n’a pas de frontière.
Issa Fakaba Sissoko