La saison culturelle de Blonba suit son cours normal. Après Babani Koné qui a donné un show musical inoubliable, le tour était le vendredi dernier à la troupe de Blonba, composée de Diarrah Sanogo dite Bougouniéré, Ramsès, Baldé et Adama. Ces quatre comédiens, nous ont présenté l’histoire de Solo, un jeune muet qui vit dans la rue, danse dans la rue, dort dans la rue. Alimata Baldé, qui joue le rôle de Goundo, la fille de Bougouniéré en est émue. C’est ainsi qu’elle demande à sa mère d’héberger Solo.
Une connivence s’établit entre Solo et Goundo. Le public comprend au fil de la pièce que la danse est le langage du jeune muet. Goundo aussi comprend cela, et lit dans les gestes de Solo et s’en fait l’interprète. Mais Bougounièré veut se débarrasser du jeune homme, qui pèse sur son budget et provoque un intérêt trop insistant chez sa fille. Elle tente de le faire engager comme danseur par Alifra, un opérateur culturel de la place. Alors que cet Alifra est en proie à des attaques incessantes. Sa structure Blonda, un centre culturel qu’il a fondé provoque beaucoup de jalousies. Il est harcelé par les impôts , par la concurrence, par la propriétaire du terrain ou il est installé”. Dans la mise en scène on voit qu’Alifra est acculé. Même l’entreprenante Super-Bougou , experte en sciences occultes, ne parvient pas à dénouer la situation. La situation de l’école malienne, la justice, l’environnement dans lequel se trouve les entreprises privées face aux agents des impôts, ”Allah Te Sunogo ” parle de tout. Avecla Super-Bougouune femme du peuple, rugueuse et bienveillante. Elle est la mère de Goundo. Régulièrement, elle se transforme en Super-Bougou, une super woman qui montée sur sa super-djak, armée de ses gris-gris veut rétablir, la justice là ou elle est bafouée. Alifra dirige l’espace culturel Blonda avec une réussite qui suscite toutes les jalousies. Allah Te Sunogo est aussi un mariage entre le Kotéba et la danse contemporaine. Quoique le nouveau Kotéba soit formellement très différent de ce qui se faisait dans les villages, il est spontanément reconnu par le public comme d’inspiration endogène et en tire une vive popularité. Avec Allah Te Sunogo on constate que c’est Blonba qui met en scène Blonda, les difficultés que Blonba a connues avec les impôts font croire à bon nombre de spectateurs que Blonba souffre, ”Mais Blonba ne fermera jamais boutique”, nous a fait savoir un inconditionnel de cette salle.
Kassim TRAORE