Les rideaux sont tombés sur la 8e édition du festival international Triangle du balafon qui s’est tenue du 9 au 11 février 2017 à Sikasso. Au terme de trois jours de festivités et de compétions autour du balafon, c’est la troupe Banzani Théra de Bougouni (un des représentants du Mali en compétition) qui s’est adjugé le 1er prix de la compétition (d’une valeur de 1,5 millions Cfa en plus du trophée du vainqueur et un diplôme de participation). Le 2e prix (un million Cfa et le trophée de l’intégration en plus d’un diplôme) a été enlevée par la troupe Bolomakoto du Burkina Faso. Et la troupe Keyibaphone de la Côte d’Ivoire enlève le 3e prix de 750 000 Fcfa avec le trophée de la ville de Sikasso et un diplôme.
Rn plus de ces distinctions, des prix spéciaux ont été décernés. Il s’agit du prix de la solidarité du plus vieux instrumentiste doté de 250 000 Fcfa qui est revenu à El Hadj Famoro Kouyaté de la Guinée Conakry ; le prix du plus jeune instrumentiste (250 000 Fcfa) enlevé par le jeune Ouattara Lassi (13 ans) qui a impressionné le public avec son talent de danseur et de joueur de tam-tam; le prix de la virtuosité (occupation scénique) de 200 000 Fcfa a été offert à Souleymane Diabaté du Burkina Faso. La ministre de la Culture, Mme N’Diaye Ramatoulaye Diallo, a offert un prix spécial (une enveloppe dont le contenu n’a pas été dévoilée) à la plus vieille artiste de Sikasso, Korotoumou Traoré.
Le défi de l’organisation relevé
Avant la remise des prix, la ministre de la Culture, dans son discours de clôture, a laissé entendre que l’organisation de la 8e édition du Triangle du balafon, après 5 ans d’interruption, était un défi à relever pour le Mali et pour les pays participants qui ont en partage le balafon.
Et ce défi d’organisation a été compris par les populations et les autorités de Sikasso qui se sont mobilisées pour réussir cette organisation dont le bilan est gratifiant avec ses réussites et ses imperfections. Pour cela, la ministre de la Culture a adressé ses reconnaissances et ses remerciements aux commissions d’organisation pour leur dynamisme et pour la mobilisation autour de l’événement ainsi que le sens de l’appropriation des enjeux du festival sur le balafon par les femmes et les jeunes de Sikasso. Elle a appelé les organisateurs à capitaliser cette 8e édition pour que la 9e et les éditions suivantes soient à hauteur de souhait.
“Cette 8e édition, de par la participation des 4 pays amis du Mali (le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée Conakry et le Sénégal) a inscrit davantage le festival Triangle du balafon dans cette ambition d’internationalisation de l’événement”, a-t-elle déclaré, avant de rendre hommage aux délégations qui ont su partager la conviction du Mali de l’intégration par la culture, la volonté du Mali de magnifier la solidarité ouest africaine et surtout pour avoir pris une part active dans le message de promotion et de valorisation du balafon dans les 5 pays.
“Relever un défi seul, c’est assouvir un besoin naturel d’égoïsme, relever un défi avec l’aide de tous, c’est légitimer le sens de notre combat. Le festival n’est pas la seule réussite du ministère de la Culture ou de la seule région de Sikasso. Il est l’émanation du sens du partenariat ministère de la Culture et secteur privé à l’échelle nationale et sous régionale pour mobiliser pour cet événement. Les filles et les fils de Sikasso n’ont ménagé aucun effort. Le parrain Bakary Togola n’est pas resté en marge. Mais je voudrais souligner la mobilisation du gouvernement pour avoir assuré la sécurité nécessaire à cet événement. Je voudrais signaler l’extraordinaire solidarité gouvernementale qui a permis de relever le défi de l’organisation. Les prestations des pays participants sont une garantie pour la pérennisation du festival Triangle du balafon. Le vainqueur du festival est et restera le balafon“, a-t-elle souligné, avant de déclarer close la 8e édition du festival Triangle du balafon.
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Le balafon célébré
La 8e édition du festival Triangle du balafon (parrainée par Bakary Togola en remplacement de Malamine Koné d’Airness) a vécu du 9 au 11 février 2017 à Sikasso. Au cours de trois jours de réjouissance, le Kénédougou a vibré au son et au rythme du balafon qui a été magnifié à sa juste valeur par les groupes balafonistes venus du Mali, de la Côte d’Ivoire, du Burkina Faso, de la Guinée Conakry et du Sénégal. La mobilisation a été totale à Sikasso.
Les trois jours de festival ne sont pas passés inaperçus à Sikasso tant la mobilisation a été totale. A l’ouverture, le stade Babemba Traoré a refusé du monde. Et tout le long du Festival, la salle de spectacle Lamissa Bengaly était prise d’assaut tous les soirs et refusait aussi du monde. Tout cela est dû à l’implication personnelle du ministre de la Culture, Mme N’Diaye Ramatoulaye Diallo (ressortissante de Sikasso), des populations et de toutes les autorités régionales de Sikasso. Cette implication personnelle de la ministre a été saluée partout à Sikasso lors des visites de courtoisie qu’elle a rendue aux notabilités, ainsi qu’aux responsables politiques et administratifs de Sikasso pour que les populations vivent le festival.
En prélude à l’ouverture du Festival, un concert géant a été offert à la jeunesse de Sikasso, le mercredi 8 février 2017 au stade Babemba avec l’animation de la caravane de la paix du festival du désert et des coqueluches du rap malien : Master Soumy, Iba One, Tonton Filany, le comédien Kanté et la griotte Nafi Diabaté.
Après ces prestations, les troupes des pays participants ont défilé donnant ainsi le coup d’envoi des compétitions au festival. Les soirées de compétition se sont déroulées avec les prestations des troupes, à raison de deux troupes par pays. Chaque troupe devait convaincre le jury avec trois morceaux en 20 minutes. C’est ainsi que les troupes Kantigui et Grobakoté ont compéti pour le Burkina Faso, la troupe de Yacouba Coulibaly du Mali et Banzani Théra de Bougouni représentaient le Mali, les troupes Kankelen et Kebafo ont défendu les couleurs ivoiriennes. La Guinée était représentée par l’ensemble instrumental et choral et le Ballet national Boliba. Le Sénégal, en tant que pays invité, était venu avec une troupe de la Casamance. Durant deux nuits de compétition, ces troupes, en plus de l’orchestre balafoniste de l’Institut national des arts (Ina) ont fait vibrer la salle Lamissa Bengaly au rythme des balafons de différentes formes et de différentes sonorités. A la fin de la compétition, c’est la troupe Banzani Théra de Bougouni qui a remporté le 1er prix, suivi de Bolomakoto du Burkina Faso et de Keyibaphone de la Côte d’Ivoire, les trois pays initiateurs du Triangle du Balafon.
Le Festival a été agrémenté par une conférence-débat sur le thème “Le festival Triangle du balafon au service du patrimoine culturel immatériel”. Ce thème a été développé par les Professeurs Salia Mallé et Bani Diallo devant un parterre d’étudiants.
Siaka Doumbia
Mme N’Diaye Ramatoulaye Diallo, ministre de la culture :
“La sauvegarde du balafon et sa promotion incombent depuis toujours aux gardiens de la culture que nous sommes aujourd’hui”
La ministre de la Culture dira que la 8e édition du festival Triangle du Balafon marque le retour d’une festivité sous-régionale, exemple d’intégration réussie, et catalyseur d’une synergie nourrie par le désir de mettre en avant ce qui nous unit. “Que ce festival se tienne à Sikasso, le royaume du Kénédougou, la terre natale des grands hommes tels que Tièba Traoré, le constructeur du Tata, grand mur protecteur de la ville de Sikasso, m’inspire une analogie d’avec l’esprit fondateur du festival du Triangle du Balafon. Quand le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire et le Mali ont été à l’initiative de la création de ce rendez-vous culturel en 2004, il s’agissait pour nos devanciers d’ériger un mur autour d’un symbole de notre culture qu’est le balafon. Je tiens à préciser qu’il ne s’agissait pas de cette sorte de mur qui enferme les esprits dans le concept du renfermement sur soi. Non !!! Il s’agissait de créer les cadres de protection et de promotion d’un patrimoine qui nous dit beaucoup sur le passé et qui certainement servira à l’avenir“, a-t-elle exprimé, avant d’ajouter que cette démarche de nos devanciers s’inspire elle-même de l’histoire du balafon, cet instrument, donné par des génies dondoris au roi Soumangourou Kanté qui était le seul à en pouvoir jouer et qui était soigneusement et jalousement gardé par ce dernier. “Il a fallu la défaite de ce dernier lors de son combat épique de Kirina pour voir son instrument confié à un gardien de la culture, le griot Balla Kouyaté. C’est dire que la sauvegarde du balafon et sa promotion incombent depuis toujours aux gardiens de la culture que nous sommes aujourd’hui”, a-t-elle dit.
“La valorisation de nos instruments traditionnels est plus que nécessaire “
Elle a rappelé que le festival International du Triangle du Balafon a pour but de consolider l’intégration et de renforcer les liens de solidarité et de fraternité qui sont garants de la paix et de la cohésion. “Cet évènement majeur favorise les échanges autour de la diversité culturelle africaine et la mise en œuvre des politiques stratégiques de développement du secteur de la Culture. A cet effet, il permet de créer un sentiment d’appartenance à une même communauté sous-régionale. La culture doit se partager, elle doit être vécue, alors les sons du balafon, à travers cet évènement, résonneront encore plus dans la vie socioculturelle de nos sociétés traditionnelles. En cette période de mondialisation où notre culture est soumise à de fortes agressions culturelles étrangères, la valorisation de nos instruments traditionnels est plus que nécessaire pour que demain nous puissions montrer aux générations futures, une identité culturelle. La présence de toutes les délégations invitées est déjà un engagement fort pour la pérennisation de ce festival international et par ricochet pour la protection et la valorisation des sonorités du Balafon”, a-t-elle déclaré.
La ministre de la Culture a exhorté les Sikassois à inscrire le festival Triangle du balafon dans le programme de développement régional. “La mobilisation sans pareille des fils et filles de la région de Sikasso, la force de la conviction des femmes et des jeunes de Sikasso, l’engagement des autorités régionales sont une aubaine pour la pérennisation de ce festival”, a-t-elle conseillé.
Siaka Doumbia