5 Mondes Gallery : Le promoteur jette l’éponge

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Dans un communiqué, Floréal Duran, galeriste a annoncé la fermeture de « 5mondes gallery » à Bamako.

« J’ai le regret de vous informer que 5 Mondes Gallery ferme définitivement ses portes à Bamako cette fin de mois. Après 3 années de présence au Mali, j’ai pris cette décision en accord avec les artistes les plus proches et après consultation de personnes me connaissant bien. J’estime en effet que les difficultés auxquelles j’ai été confronté ces derniers mois n’ont fait que confirmer mes doutes sur la viabilité d’un tel projet. Je le regrette d’autant plus que j’ai investi du temps, de l’énergie, de l’argent pour des résultats n’étant pas à la hauteur des enjeux », explique Floréal Duran.

Toute fermeture d’un lieu culturel est toujours un appauvrissement de la pensée, de l’ouverture d’esprit et du savoir. « Même si je retire de cette expérience des enseignements d’une richesse aussi diverse que l’Afrique l’est, je considère n’avoir pas réussi à mobiliser les acteurs de l’art contemporain autour d’un projet novateur. Certains diront que cette initiative était prématurée, d’autres qu’elle arrivait dans un contexte de crise ne la rendant pas prioritaire. Il y a sans doute du vrai mais lorsqu’il s’agit d’art et de culture, on sait que ce n’est jamais le bon moment. Une façon d’éluder un des rares vecteurs fédérateur entre personnes venant d’horizons différents, dit le galeriste », poursuit-il dans son communiqué.

« Je regrette le nombre d’absences et de personnes n’ayant pas été au rendez-vous et j’ose dire tout haut ce que d’autres pourraient murmurer à mots couverts. Une exposition dure en moyenne six semaines, presque deux mois pour la dernière en date. Je veux bien croire que tout le monde ne soit pas disponible le jour d’un vernissage mais que sur six mois d’ouverture et trois expositions des acteurs de premier plan du monde des arts, des opérateurs culturels, des artistes, des représentants institutionnels n’aient jamais pris la peine de venir une seule fois, d’adresser ne serait-ce qu’un mot d’encouragement laisse plus que perplexe », a déploré Floréal.

La culture dans le discours est une belle chose, la culture dans les actes démontre qu’on est en accord avec soi-même et la mission qui nous incombe. Cette indifférence est d’autant plus cruelle qu’elle affecte davantage le monde de la création que le galeriste que je suis. Dans un pays où il n’y a que 4 galeries et autant de lieux d’exposition, ces absences sont moins excusables que dans une capitale telle que New-York, Paris, etc. où les galeries se comptent par centaines et les évènements sont concomitants.  Bien sûr le Mali est en proie à d’énormes difficultés d’ordre structurel, socio-économique, géopolitique, sécuritaire. C’est indéniable. Mais il aurait été intéressant que le monde de l’art et de la culture dépasse ces difficultés pour apporter autre chose, le visage d’un Mali qui malgré tout vit, propose, créée et croit en sa destinée, exprime-t-il.

Je pars désabusé et avec la certitude que si on reprend mes paroles, dans deux ans certains diront que la raison l’emporte sur le refus d’accepter certaines évidences. Je souhaite sincèrement aux Maliennes et aux Maliens de vivre en paix et de ne pas connaître les affres d’un conflit qui pourrait dégénérer sur le déchirement et la chute d’un pays jadis riche de ses cultures. En partant, je libère enfin ma parole et exprime autant mes craintes que ma vision. J’aurais certainement d’autres choses à dire mais le propos pourrait heurter alors je préfère le garder pour d’autres circonstances.

Je ne tourne pas la page du Mali mais change d’histoire car une remise en question doit se traduire par une rupture et non pas des demi-mesures. L’avenir sera culturel et artistique mais sous une autre forme et d’autres perspectives. Il ne sera pas nécessairement africain mais davantage international. Il privilégiera le projet dans toute sa dimension et non plus l’exposition pour l’exposition. Il concernera un nombre très restreint d’artistes ou des choix ponctuels de créateurs autour de thèmes forts, hors normes, originaux. Ce tournant décisif implique les artistes concernés dans une démarche tournée vers l’international. Une première expérience va être menée dès cet automne en Italie avec Harry Mensah dans le cadre d’une résidence artistique où il est le seul créateur retenu. Je l’accompagnerai tout au long du processus sans pour autant me substituer à sa capacité et son imaginaire. D’autres projets suivront avec des galeries et des musées, ajoute-t-il.

Aminata Agaly Yattara

 

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