23e edition du FESPACO : Le “Yennega” d’or pour le réalisateur sénégalais Alain Gomis

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Le lobby a payé et les commentaires vont bon train quant au choix du jury. Contre toute attente, le jury du long-métrage fiction de l’édition 2013 du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco), a octroyé le grand prix “Etalon d’or de Yennega”  au réalisateur franco-sénégalais Alain Gomis.
Après dix jours de fête et d’intenses activités, marquées par des colloques, débats, projections, vernissages, etc. les rideaux sont tombés le samedi 2 mars 2013 sur les festivités marquant la 23e édition du Fespaco.
Pour cette édition 2013 du plus grand rendez-vous du cinéma africain, 101 films de 35 pays étaient en compétition officielle dans différentes catégories : longs-métrages, courts-métrages, documentaires, séries télévisées…) Mais le trophée qui attire véritablement toutes les convoitises est celui du grand prix “Etalon d’or de Yennega”.
Cette année, le jury présidé par la Martiniquaise Euzhan Palcy l’a attribué au réalisateur franco-sénégalais Alain Gomis pour son film “Tey” (Aujourd’hui). Le cinéaste entre ainsi dans la légende du cinéma africain, tout comme l’ont été son compatriote Sembène Ousmane, les Maliens Cheick Oumar Sissoko, et Souleymane Cissé, etc.
Rarement annoncé dans le trio gagnant du Fespaco par les critiques du cinéma et les autres professionnels, “Tey” est un long-métrage de 88 minutes, qui aura surpris par le résultat. Il met en scène la dernière journée de la vie de Satché. Il sait qu’il va mourir ce soir et accepte avec beaucoup de courage son imminente fin.
Il entreprend de parcourir les rues de son passé à Dakar. Tour à tour, il visite ainsi la maison de ses parents, son premier amour, ses amis d’enfance avant de finir par se refugier auprès de sa femme et ses enfants. Cet ultime moment est à la fois plein d’appréhensions, mais aussi de joie…
Un thème innovant, qui aura pourtant très peu séduit les festivaliers de ce 23e Fespaco. C’est donc avec grande stupéfaction, que le réalisateur Alain Gomis, qui avait aussi enlevé le prix spécial de l’Uémoa, a remporté l’”Etalon d’or”.
“L’Etalon d’argent”  est allé à la réalisatrice algérienne, Djamila Sahraoui, pour son film “Yema”. L’œuvre cinématographique se passe dans une petite maison abandonnée et isolée dans la campagne algérienne. Ouardia y avait enterré son fils Tarik. Elle soupçonne son autre fils, Ali, leader d’un groupe islamiste armé, d’être impliqué dans sa mort. Ali a envoyé un de ses gardes pour la surveiller. Dans cet univers frappé par la sécheresse et la douleur, la vie tente de reprendre ses droits…
Contrairement au film “Tey” d’Alain Gomis, “Yema” aura suscité bien des commentaires. Tout comme “la Pirogue”, du Sénégalais Moussa Touré, qui a enlevé “Etalon de bronze de Yennega”. “La Pirogue” est un film d’actualité, pointu, à la fois pathétique et interpellateur des décideurs face aux enjeux de l’immigration. Il met en scène cette envie de la jeune génération africaine, obsédée par le voyage européen à la recherche d’un mieux être.
Tout commence dans ce village de pêcheurs en grande banlieue de Dakar d’où partent de nombreuses pirogues. Les traversées en direction des îles Canaris sont souvent tragiques. Baye Laya est capitaine d’une pirogue de pêche, il connaît la mer avec tous les risques possibles de pertes en vies humaines.
Malgré sa réticence, il devra conduire 30 personnes en Espagne. Certains n’ont jamais vu la mer et personne ne sait ce qu’il l’attend… Un film captivant qui met en souvenir le drame de Ceuta et de Melilla en 2005, tout comme d’autres embarcations de fortune tragiques de jeunes Africains, qui ne verront jamais leur “rêve européen” se réaliser. Plusieurs fois annoncé par les pronostics sur la haute manche du podium, “la Pirogue” va donc contenté de la 3e place.
Issa Fakaba Sissoko
Envoyé spécial à Ouaga

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