La direction du Centre Djoliba, soucieuse de faire la lecture et la recherche un tremplin de développement au Mali, a imaginé un concept intitulé : « Un livre, Un auteur » ; Critique littéraire. Par ce biais, elle entend non seulement faire la promotion des écrivains mais aussi contribuer à l’épanouissement intellectuel dans notre pays. C’est pourquoi, le samedi 22 juin 2013, la salle de documentation dudit Centre a servi de cadre au lancement officiel de la première édition. Et l’honneur est revenu au roman « Mourir pour l’Azalaï » dont Dr Noumou Ben Diakité en est l’auteur d’inaugurer la première séance. Pour ce faire, trois critiques littéraires à savoir Dr Mamadou Bani Diallo, conseiller technique au ministère de la culture, Dr Paul Drabo, conseiller technique au ministère des affaires relieuses et du culte et Ousmane Diarra, bibliothécaire et écrivain au Centre Culturel Français de Bamako, étaient aux trousses de l’auteur. La modération de taille faite par Ramata Diaoure, notre consœur du journal 22 Septembre, a permis de mieux canaliser les débats. Celle-ci, après avoir souhaité la bienvenue aux uns et aux autres, a ensuite donné la parole au père Joseph Tanden Diarra, Directeur du Centre Djoliba pour son mot introductif. C’est ainsi que Ramata Diaoure dira que Dr Noumou Ben Diakité, l’auteur du roman.
« Mourir pour l’Azalaï » est un expert du développement connu sur le plan national qu’international. Il fut Directeur de l’Office de Développement de l’élevage dans la région de Mopti (ODEM) avant de créer Sahel Consult, un bureau d’études dont il est membre fondateur. Avec « Mourir pour l’Azalaï », il fait son entrée dans le monde des écrivains même si lui-même refuse le statut d’écrivain par humilité. Bref, la modératrice conclue par ceci : « Pour ceux qui le connaissent, Dr Noumou Ben Diakité a une riche expérience et une connaissance profonde du Mali. Son roman « Mourir pour l’Azalaï » dément les propos des sceptiques ». C’est alors qu’elle donna la parole au père Joseph Tanden Diarra, Directeur du Centre Djoliba pour son message introductif. Celui-ci a d’abord remercié le public d’avoir effectué le déplacement pour ensuite tremper la plume dans la plaie. Le père Joseph Tanden Diarra, sans ambages dira ceci : « En 2010, il circulait sur le Net cette méta-vérité que les africains ne lisent pas et que pour cacher quelque chose à un africain, il suffit de l’écrire dans un livre, il ne le lira jamais ». Quel propos ! C’est pourquoi, le Centre Djoliba, dans sa dynamique de faire la promotion de la lecture et de la recherche, a imaginé ce concept « Un livre, Un auteur » pour démentir cette assertion. Pour le père Joseph Tanden Diarra, il est temps, grand temps que nous brisions le mythe de la non lecture sous nos tropiques. A sa suite, la parole est donnée au Dr Paul Drabo pour ses remarques sur le roman « Mourir pour l’Azalaï ». Le critique littéraire qu’il est, dira qu’à travers ce roman, Dr Noumou Ben Diakité s’inscrit dans l’immortalité. Il prouve qu’il est un spécialiste du développement et un grand connaisseur des régions Nord du Mali. Pour lui, le style narratif du roman est bien, mais l’auteur peut l’améliorer pour les éditions futures. En allant puiser dans le Nord, Dr Diakité a eu l’audace d’affirmer plus haut ce que les autres pensent tout bas. Osons le dire, le Nord du Mali, c’est l’épée de Damoclès de l’Etat malien. En bon connaisseur de ce milieu, Dr Diakité a « pilé », « tamisé » « assaisonné » les détritus de ce terroir si complexe et si étrange pour en faire quelque chose de potable. Toujours, selon Dr Paul Drabo, « Mourir pour l’Azalaï » a permis de briser le tabou ainsi que le mythe qui ont toujours entouré le septentrion malien. Oui, le roman met à nu les clichés stéréotypés qui ont souvent freiné le développement du Mali. Mettant l’accent sur Assalia, un personnage du Mali, il dira que l’auteur a voulu par celui-ci qu’il y ait un brassage entre les enfants du Nord et ceux du Sud ; et nous sommes condamnés à vivre ensemble. C’est la preuve que Dr Noumou Ben Diakité est un patriote qui aime vraiment son pays. Abordant dans le même sens, le second critique littéraire, Dr Mamadou Bani Diallo, dira que le roman « Mourir pour l’Azalaï » revêt une valeur symbolique à travers la thématique : la rébellion au Mali qui est plus que jamais une question d’actualité. Certains pensent que c’est par la voie des armes qu’ils peuvent facilement réussir leur vie. Loin de là ! « Mourir pour l’Azalaï » bat en brèche cette pensée fallacieuse. Lui aussi, a été tiqué par le personnage d’Assalia qui tue son père sans le savoir. Ce parricide est symbolique. C’est comme une arme qui retourne contre la nation. D’où l’invite de Dr Diakité à une remise en cause nationale. Cependant, Dr Diallo renchérit pour dire que l’originalité de ce roman réside dans la connaissance de soi-même (aussi bien chez les bambaras que chez les grecs : « Connais-toi toi-même, tu sauras la vérité »). Bref, ce roman atteste que Dr Diakité est un grand connaisseur du Mali. Quand à Ousmane Diarra, le troisième critique littéraire, il dira que « Mourir pour l’Azalaï » est un très bon livre qui parle de beaucoup de soucis. Pour lui, le travail effectué dans ce roman est pluridisciplinaire car l’auteur combat les étiquettes colées à l’Afrique. Mr Diarra renchérit pour dire que la lecture de l’ouvrage lui a prouvé que Dr Noumou Ben Diakité est un patriote.
Il n’a pas fait de cadeaux à la presse étrangère qui fait souvent des commentaires tendancieux et dégoûtants lorsqu’il s’agit de traiter la crise malienne. A près ces observations, la modératrice donna la parole à l’auteur lui-même pour son exposé. D’entrée de jeu, Dr Diakité a d’abord remercié les uns et les autres d’avoir effectué le déplacement. Du coup, il a tenu à faire une précision de taille entre les mots Azalaï, Azawad et Azli. Pour lui, Azalaï est le commerce séculaire qui relie les populations arabo-berbères du Nord à celles des régions sahélo-soudanaises du Sud. Quand à l’Azawad, c’est tout simplement une zone pastorale. Et enfin, l’Azli, mot d’origine kel tamacheck veut dire mariage. C’est pourquoi dira-t-il, ce mariage, en d’autres termes, ce brassage entre les enfants du Nord et ceux du Sud est indispensable. Comment y parvenir ? Selon lui, la connaissance du pays et l’amour entre nous, nous permettront de relever les défis. Le brassage est une obligation de l’Etat malien.
Le Mali est un vaste pays avec une diversité culturelle qui fait des jaloux. Ensuite, il dira que ça n’a pas été facile pour lui de s’attaquer à un problème comme le Nord-Mali. Dès 1994, il avait déjà le manuscrit de « Mourir pour l’Azalaï » que beaucoup de gens l’ont poussé à le publier. C’est alors qu’il a approché les premiers éditeurs qui ont tous refusé ; sauf les Editions Jamana qui ont accepté. A ses dires, « Mourir pour l’Azalaï » traite non seulement l’Azli, cette caravane de chameaux qui transporte le sel gemme du Nord vers le petit mil du Sud. Pendant la rébellion, cette caravane n’existerait pas. La grande leçon de morale qui se dégage dans ce roman, c’est le refus de la violence qui ne construit pas ; mais aussi la recommandation de la paix entre les fils d’une même nation. En outre « Mourir pour l’Azalaï » veut être une complainte de la nation Mali, plurielle mais unique, honteuse et fatiguée de voir les enfants sortis de ses entrailles se donner des coups de meurtrissures. En conclusion, Dr Diakité a lancé ce cri d’appel à tous les dignes fils de ce pays de se transcender pour des lendemains meilleurs. A sa suite, les différentes questions posées par le public ont permis d’agrémenter les débats à la grande satisfaction de tout le monde.
Il est à noter….
Il est actuellement le Président-Fondateur de l’Association Damien-Boiteux / Mali.
Mamadou Macalou
Un Livre : Mourir pour l’Azalaï/ Un auteur : Noumou Ben Diakité
Je vous souhaite la bienvenue à la première du nouveau concept du Centre Djoliba, « Un livre, un auteur ». Pourquoi ce nouveau concept ? C’est très simple, dans les années 2010 circulait sur le Net cette méta-vérité que les africains ne lisent pas et que pour cacher quelque chose à un africain, il suffit de l’écrire dans un livre, il ne le lira jamais. Nous espérons que ce concept sur le long terme va pousser les jeunes générations à la lecture.
Irène Frain, professeur agrégée née en 1950, journaliste et romancière fait dire à un de ses personnages que « les livres sont plus courageux que les courtisans, tout simplement parce qu’ils sont capables de dire la vérité aux rois. » Ce nouveau concept va essayer de mettre la main sur les auteurs des livres qui ont quelque chose à dire sur l’actualité socio-politique, économique et culturelle, sans exclusion d’aucun genre littéraire. Nous nous focaliserons d’abord sur les livres (roman, essai, biographie, poésie, etc.) qui nous permettront, tout en faisant de la critique littéraire, de faire des digressions sur l’actualité sociale, politique, économique ou culturelle du moment.
Vous l’aurez compris, ce nouveau concept voudrait aussi et surtout nous introduire dans le monde très touffu de la critique littéraire (l’auteur et son œuvre, le genre littéraire de l »œuvre, le style de l’ouvrage, l’œuvre dans l’histoire te dans l’actualité, etc.)
Pour cette première édition, nous avons eu l’embarras du choix, tellement l’actualité éditoriale de ces derniers mois a été riche ! Beaucoup de penseurs maliens ont produit au cours de ces derniers mois, des romans, des essais, des recueils des poèmes, de l’histoire immédiate, etc. L’un ou l’autre de ces ouvrages aurait pu être élu, mais le hasard a voulu que ce soit : Mourir pour l’Azalaï de Noumou Ben Diakité. Trois experts vont se pencher sur l’œuvre, ce sont M. Ousmane Diarra (Documentaliste à l’Institut français), professeur Mamadou Bani Diallo (Conseiller Technique eu Ministère de la Culture) et M. Paul Drabo (Conseiller technique au ministère des affaires religieuses et du culte). En plus d’être d’éminents documentaliste et Conseillers techniques, ils sont surtout des hommes de lettres rompus à l’exercice du décryptage des écrits d’auteur !
Qu’attendons-nous de cet exercice aujourd’hui en ce qui concerne le livre de M. Noumou Ben Diakité ? J’avoue que je n’en sais pratiquement rien ! Peu initié à l’exercice de la critique littéraire, nous n’avons donné aux lecteurs aucune consigne ; nous faisons donc foi, au savoir-faire de Madame Ramata Djaouré qui va piloter nos débats, et nous faisons foi à l’expérience en la matière des experts que nous avons priés de venir nous entretenir !
Je voudrais d’ores et déjà, remercier, d’abord, M. Noumou Ben Diakité qui a accepté en toute simplicité de se prêter à cette expérience fondatrice d’un concept au Centre Djoliba.
Merci aux experts en littérature que sont Messieurs Bani Diallo, Ousmane Diarra et Paul Drabo qui, malgré leurs lourdes charges aux ministères de la Culture, des Affaires Religieuses et du Culte, ainsi qu’au Centre Culturel Français, ont quand même accepté de lire Mourir pour l’Azalaï, afin de nous en entretenir ce matin.
Merci enfin à Madame Ramata Djaouré, passionaria de littérature qui a accepté avec beaucoup de joie de piloter ces débats.
Je connaissais peu ces hommes et cette femme, je crois que c’est par amour du Centre Djoliba qu’ils ont accepté d’expérimenter aujourd’hui ce concept sans rien attendre en retour, je vous dis encore, merci.
Enfin, à vous nos invités qui avez accepté de faire ce déplacement, alors qu’il fait si bon de faire la grasse matinée après une nuit de pluie, nous vous disons merci et nous vous souhaitons une bonne écoute et un bon week end.
Je vous remercie et je donne la parole à Madame Djaouré.
Père Joseph Tanden Diarra
Directeur,
centre Djoliba
Tout ce charabia et omettre de dire combien coute le dit livre. Une chose est savoir que le livre est écrit et une chose son cout d’acquisition. Car ce qui freine l’ardeur des quelques lecteurs qui ne manquent pas c’est le prix des publications.On ne peut pas demander à un état qui a faillit à ses missions fondamentales de facilité l’accès au savoir.
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