femmes écrivains du Mali et de la diaspora (RFEMD)vient de tenir sa première activité. C’était le samedi 24 octobre 2020 à Azalaï Hôtel Salam de Bamako.
Cette première édition de la Célébration de l’écriture féminine a été marquée par plusieurs activités, dont des conférences, des expositions ventes, des dédicaces, de la rencontre avec les femmes photographes du Mali, de la présentation du portail Web du Réseau ainsi que de la présentation duCarrefour international du livre. Plusieurs personnalités ainsi que d’écrivains ont immortalisé cette cérémonie par leurprésence.
Les objectifs du Réseau
Madame Diarra OumouArmand, présidente du Réseau des femmes écrivains du Mali, a indiqué que cette première activité s’inscrit dans le cadre de l’atteinte des objectifs du Réseau, à savoir la promotion de l’écriture féminine. Selon l’auteure de « Plume de femme, une écriture en effervescence », cette cérémonie vise également à « renforcer la capacité des femmes écrivaines, leur capacité de production littéraire tout en mettant en lumière leur engagement, leur apport socio-culturel dans le pays. »Elle ne se limite paslà , elle fait comprendre toute la place qu’occupe l’écriture dans le développement socio-politique et culturel voire éducatif d’un pays.
Toutefois, Mme Diarra déplore que ce secteur ait été longtemps réservé aux hommes. « De l’indépendance à nos jours, les femmes sont minoritaires dans ce secteur. »
Les difficultés du secteur
Rappelant l’étude réalisée par l’Organisation malienne des éditeurs du livre en 2018, « Étude sur le secteur du livre au Mali », la présidente du Réseau met le doigt sur les difficultés, dont le secteur du livre, en général, est confronté. Un fait que reconnaît également Ousmane Konaté, président de l’Union des écrivains du Mali. Celui-ci fait surtout état des difficultés sociales ainsi que financières auxquelles les écrivains se trouvent confrontés dans l’exercice de leur activité. En plus de ces difficultés d’ordre général, M. Konaté fait état de quelques obstacles au développement de l’écriture féminine au Malidus au fait que les femmes dénoncent dans leurs écrits les facteurs de chosification dont elles sont victimes alors qu’elles sont au fondement du développement de leur pays. Parmi les difficultés, il souligne surtout, les contraintes familiales.
À travers le thème, « Femme et littérature », SalimataTogora, écrivaine et membre du réseau, s’est étendue sur les difficultés de l’écriture, surtout pour une femme. « Écrire n’est jamais facile surtout pour une femme malienne », a-t-elle laissé entendre. Car avant d’être écrivaine, elle est membre d’une société qui lui attribue des rôles ne lui facilitant pas la production artistique, a-t-elle précisé. Elle fait comprendre également les risques de stigmatisation que courent les femmes écrivains.
Des propositions
Malgré toutes ces difficultés en plus du manque de financement du secteur du livre par l’État, l’auteure de « Dény et Dénistar suivi de Un 31 décembre » demande aux femmes de produire des écrits de qualité. Il faut encourager l’édition, demande-t-elle avant de jeter des pierres dans le jardin des écrivains en les invitant à lire. Aux autorités de l’État, elle suggère l’inscription des auteurs contemporains dans les programmes scolaires.
De son côté,M. Konaté estime que « si les femmes veulent être libres, elles doivent se battre. Pour se battre, il faut prendre la parole ». Pour une meilleure promotion du secteur du livre, de l’écriture féminine, le président de l’Union des écrivains maliens dit compter sur la transition politique en place.
Quant à la ministre de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, Mme BintouFounéSamaké, elle a invité les écrivains à encourager la lecture dans les écoles à travers des activités littéraires dans ces espaces.
La ministre de la Culture, de l’Artisanat et du Tourisme, Madame Kadiatou Konaré a également formulé plusieurs recommandations à l’endroit des femmes écrivains. Elle leur demande de multiplier les échanges avec les femmes écrivains du monde. Aux écrivains de façon générale, elle invite au développement de la littérature enfantine, qui amènera à sonder les mythes, les contes, etc. ; du terroir.
Bientôt une politique nationale du livre ?
Madame la ministre Kadiatou Konaré a rappelé aux écrivaines du Mali que la bataille pour l’écriture ne sera pas facile.À l’en croire, « le chemin de l’écriture pourles femmes est une route souvent sinueuse ». Toutefois, elle reste persuadée qu’il s’agit d’une bataille majeure pour le Mali. Aux dires de la ministre, ladite bataille mérite d’être menée et mérite tous les accompagnements possibles. C’est pourquoi elle a pris l’engagement de faire tout son possible pour doter le Mali d’une véritable politique nationale du livre. Une politique de lecture publique sera également instaurée, s’est-elle engagée. Cela pourrait permettre aux écrivains de vivre de leur création artistique, a-t-elle espéré.
Cette 1re édition a été marquée également par des remises d’attestation de reconnaissance à des précurseurs de la littérature malienne, à des écrivaines modernes, mais aussi à des écrivains engagés pour la défense des femmes. ONU FEMMES, qui est un partenaire de ce Réseau, a remis des distinctions honorifiques à quelques écrivaines.
Carrefour international du livre en mars
Cette cérémonie a été également l’occasion d’annoncer la prochaine activité du Réseau qui se tiendra les 10, 11, 12 et 13 mars 2021. Il s’agit du Carrefour international du livre. Un événement annuel ayant pour objectif de permettre la promotion de l’écriture féminine, de mettre en contact les écrivains, etc. Il réunira les éditeurs, les écrivains, les distributeurs autour du livre. Pour cette première édition, la publication d’un ouvrage collectif est prévue.
Selon la présidente du Réseau, cette 1re édition se veut être la continuité du combat mené par les « icônes », les Nyéléni de la littérature malienne. Elle fait comprendre que « le Mali nouveau, c’est aussi les femmes ».
Rappelons que le Réseau des femmes écrivains du Mali est une association « apolitique » qui a pour objectif de créer une meilleure visibilité des œuvres des écrivains maliennes et de la diaspora à travers l’usage du numérique, a indiqué la présidente du Réseau. Outre cela, ce Réseau permettra de mettre en place un cadre d’échange entre les écrivaines du Mali et celles de la diaspora. Notons que le Réseau possède déjà son propre portail sur le net. Il est soutenu par la fondation Orange, ONU femmes, TechnolabIsta, etc.
Fousseni Togola