La 14e édition du Festival sur le Niger a vécu du 1er au 4 février 2018. La mobilisation a été totale, malgré le contexte sécuritaire difficile actuellement au Mali. Le temps du Festival, la ville de Ségou était devenue la capitale de l’art, de la culture et du tourisme africain.
Durant les 4 jours de la 14e édition du Festival sur le Niger célébrée avec faste, la ville de Ségou était devenue le point de ralliement de gens venus de tous les coins du monde. Cela valait la peine tant le programme de cette 14e édition du festival était riche et varié. Ce qui fait que durant le temps du Festival, la ville de Ségou était en effervescence.
Le thème du Festival notamment “Ségou, ville d’architecture” a été traité de long en large au cours d’un colloque introduit par Abdoulaye Deyoko (urbaniste, promoteur de l’Ecole supérieure d’ingénierie, d’architecture et d’urbanisme (Esiau). A travers ce thème, il s’agissait, selon Mamou Daffé (le directeur du Festival) de mener des réflexions sur les enjeux et les perspectives de l’architecture en terre, notamment l’exemple de Ségou, et sur sa pertinence dans le contexte d’urbanisation croissante des villes maliennes.
Le Festival a été agrémenté par le retour sur le fleuve de deux scènes de musique. Au programme, plus de 30 grands artistes du Mali et d’ailleurs comme Salif Kéita, Habib Koité, Neba Solo, Cheick Siriman Sissoko, Kamaldine (Guinée-Mali), Marema (Sénégal), Oliver Mtukudzi (Zimbabwe), Kareyce Fotso (Cameroun) ont tenu l’ambiance, en plus des soirées hip hop avec des rappeurs. Il y a eu aussi des soirées de conte musical animées par Kary Bogoba Coulibaly, des projections de film suivies de débats, du théâtre, de la danse avec Sékou Kéita et d’autres troupes, des danses de masques et marionnettes, en plus de la caravane culturelle pour la paix.
Les expositions d’arts visuels ont permis de découvrir des tableaux peints par des artistes maliens africains et européens tels que Hama Goro de Soleil d’Afrique, Salif Traoré, Ludovic Fadaïro (Bénin), Michel Bamia (France). Le clou du festival a été la signature d’un accord entre le ministère de la Culture et le Fonds africain de la culture et la tenue de la 12e foire internationale du Festival.
D’après Mohamed Doumbia (Administrateur du Festival sur le Niger), la 14e édition a enregistré 30 000 visiteurs, 73 groupes de musique et de théâtre, 10 expositions d’art et l’accompagnement de plusieurs partenaires.
“La tenue de la 14e édition du Festival sur le Niger : l’expression d’un refus collectif des Maliens du chaos que les ennemis ont juré d’instaurer”, dixit Madame le ministre de la Culture
La cérémonie d’ouverture de la 14e édition du Festival a été rehaussée par la présence de trois ministres du gouvernement. Elle était placée sous la présidence de la ministre de la Culture, Mme N’Diaye Ramatoulaye Diallo, qui était accompagnée par la ministre de l’Artisanat et du Tourisme, Mme Nina Walett Intalou et la ministre de l’Equipement et du Désenclavement, Mme Traoré Seynabou Diop. Mme N’Diaye Ramatoulaye Diallo a salué la tenue de cette 14e édition du Festival sur le Niger qui, à ses dires, est l’une des plus belles expressions du refus collectif des Maliens du chaos que les ennemis de la nation ont juré d’instaurer. “Ce jour est jour de grâce. Jour de paix. Jour de bonheur. Jour de triomphe. Je pèse bien mes mots car ce qui nous réunit ici n’est pas qu’un festival. Ce qui nous rassemble ici est bien plus qu’un festival : c’est le triomphe d’une foi partagée, notre foi en la paix. Le triomphe de la lumière contre l’obscurantisme. Le triomphe de la tolérance contre la barbarie. Bien plus qu’un festival donc, nous célébrons ici notre désir de paix et d’unité. L’unité dans la diversité. Nous apportons ici un démenti collectif vibrant à tous ceux qui semblent n’avoir n’autre but que de mettre le Mali à genoux, de terroriser ses filles et ses fils et de saper systématiquement nos efforts de paix”, a-t-elle fait savoir.
Pour la Ministre, la résistance culturelle est le meilleur hommage que nous puissions rendre à toutes les victimes de l’obscurantisme, au Mali, en Afrique et partout dans le monde. Elle a réitéré sa solidarité et celle du Gouvernement avec les familles des victimes de l’attentat de Boni et de tous les actes de minage qui visent à ralentir notre marche vers la paix. “Mais notre foi partagée, notre foi en notre destin commun, n’a de commune mesure que notre détermination à réaliser la vision du Mali, c’est à- dire une nation unie sur un socle culturel diversifié et réhabilité, une organisation politique et institutionnelle démocratique garante du développement et de la paix sociale; une économie forte, diversifiée et ouverte; une baisse de la pauvreté et des progrès sociaux touchant toutes les régions et toutes les catégories de population. La réalisation de cet idéal reste tributaire de la façon dont notre intelligence collective fera face aux défis majeurs de notre pays, principalement le défi de la paix, le défi de l’émergence économique et le défi de l’emploi, notamment l’emploi pour notre jeunesse. La diversité culturelle, qui a été et qui restera le socle de l’unicité de notre nation, est une réponse pratique à chacun de ces défis”, a-t-elle affirmé.
Mme N’Diaye Ramatoulaye Diallo a loué le Festival sur le Niger qui, selon elle, est une référence unique qui résonne à l’échelle internationale pour traduire le dynamisme culturel du Mali et pour dire au monde l’espoir des Maliens et mieux, leur détermination à rester un peuple uni, un peuple débout, un peuple libre, fier de ses valeurs et de ses traditions porteuses et confiant en son avenir. Elle a rendu hommage à la vision et à l’audace entrepreneuriale de l’ensemble des citoyennes et des citoyens de la Cité des Balazans qui, malgré un climat sécuritaire peu favorable, ont tenu à organiser la 14e édition du Festival sur le Niger. Pour cela, elle a salué le leadership innovant et le pragmatique du président Mamou Daffé (directeur du Festival sur le Niger) et toute son équipe pour leur œuvre d’utilité nationale et africaine. “Chaque édition de ce festival est un défi renouvelé : celui de la créativité, de l’innovation, et de l’amélioration continue de la qualité des produits et services que l’industrie locale offre aux partenaires et à l’ensemble des festivaliers. Je l’ai dit l’année dernière et je le redis aujourd’hui, nous avons vu grandir ce festival unique, nous avons accompagné son développement au rythme des années. Nous mettons aussi un point d’honneur à ce qu’il ne soit jamais détourné de la noblesse de ses missions afin qu’il reste un lieu de brassage et de ressourcement intellectuel et moral et qu’il ne devienne jamais un lieu d’avilissement de nos valeurs de respect de soi et des autres, de responsabilité et de dignité”, a-t-elle préconisé.
Accord entre le ministère de la Culture et le Fonds africain de la culture
La cérémonie d’ouverture du festival a été le cadre de la signature d’une convention entre le ministère de la Culture et le Fonds africain de la culture. Cet accord a pour objet la mise à disposition du siège du Fonds africain pour la culture, une institution dédiée à la promotion et la valorisation des expressions artistiques et culturelles sur tout le continent africain. Un accord très apprécié par la ministre de la Culture. A ses dires, la mise en place de cet instrument novateur permettra de professionnaliser l’industrie de la culture et de faire de l’entrepreneuriat culturel une source de croissance inclusive et d’emplois durables. “Comment optimiser la circulation et la distribution des biens et services culturels africains ? Quelle stratégie pour améliorer les conditions de travail et les revenus des artistes et des pratiquants créatifs sur le continent africain ? C’est une question toujours brûlante et le Fonds africain pour la culture est un début de réponse pragmatique”, a-t-elle souligné.
Pour cette générosité, elle a témoigné ses reconnaissances à ses homologues africains qui ont fait au Mali l’honneur d’abriter le siège du Fonds africain pour la culture. Elle a donné l’assurance de son soutien institutionnel, matériel et technique à la professionnalisation du secteur culturel et créatif africain.
“Notre conviction est que la richesse de l’Afrique n’est pas dans ses sous-sols. La richesse de l’Afrique n’est pas ses forêts et dans ses fleuves et ses mers. La véritable richesse de notre continent est dans la diversité de nos peuples et de nos cultures, dans l’énergie créative de notre jeunesse et le formidable dynamisme de nos marchés internes et externes. Mais la créativité ne suffit. Pour conquérir les marchés africains et mondiaux, nos entrepreneurs culturels ont besoin de services d’appui à l’entreprenariat. Ils ont besoin de développer des compétences spécifiques selon leur domaine d’expression et bien souvent aussi, ils ont besoin de fonds pour financer leur projet. Pour que l’industrie de la culture apporte sa contribution au défi de l’emploi que partage la jeunesse africaine, nous n’avons d’autre choix que celui d’investir pour infrastructurer la culture, dans tous les domaines économiques, y compris culinaire, vestimentaire…il n’y a pas d’alternative à la souveraineté économique et à la souveraineté tout court en dehors du reflexe salutaire de produire ce que ce nous consommons, et de consommer ce que nous produisons”, a-t-elle souligné. Elle a ensuite procédé à la signature de la convention avant de couper le ruban symbolique des expositions photos et des arts visuels.
Siaka DOUMBIA,
envoyé spécial