La capitale administrative de la 3ème région a abrité, du 1er au 7 décembre 2014, la 12ème édition du Festival Théâtre des réalités, sur le thème «Théâtre et reconstruction de l’identité». Cette idée-projet, selon les termes de son initiateur, Adama Traoré, Président de l’association culturelle Acte 7, continue son petit bonhomme de chemin, avec l’ambition de faire du théâtre et des autres arts de la scène des outils de sensibilisation et de réflexion au service de toutes les thématiques de développement.
Le lancement officiel de l’édition 2014 s’est tenu au Parc des Sports de Sikasso, sous la présidence d’Almamy Koureïchi, le Chef de Cabinet du ministère de la Culture, après les mots de bienvenue de Yaya Cissé, le maire de la ville de Sikasso.
Adama Traoré, Directeur du Festival, après avoir remercié «tous ceux qui ont permis sa réalisation», affirmera qu’il ambitionnait de combler différents manques, comme le peu d’aides à la création et à la diffusion culturelle dans notre pays.
Il ajoutera que le pays sénoufo, tout comme la plupart de nos autres aires culturelles, commence, pour diverses raisons, à manifester les signes d’une crise identitaire. Un type de crise qui explique, en grande partie, les évènements que notre pays a connus en 2012.
Favoriser l’altérité, utiliser le théâtre pour promouvoir, non pas des identités meurtrières, mais une introspection constructive, pour déterminer où nous avons trébuché pour mieux nous relever, tel est, selon Adama Traoré, le credo de cette édition sikassoise du Festival. Car «le retour à l’identité culturelle nous permet de mieux nous comprendre nous-mêmes, pour mieux nous ouvrir aux autres».
Lançant officiellement la 12ème édition de Théâtre des réalités, Almamy Koureïchi abondera dans le même sens, en félicitant ses initiateurs. «Cette édition est spéciale, en ce sens qu’elle se tient à un moment où le peuple malien, dans son ensemble, s’interroge sur les raisons qui nous ont plongés dans une crise multidimensionnelle en 2102. Comment et pourquoi en sommes-nous arrivés là? Notre génie doit nous permettre de combler les manques», dira-t-il.
Le théâtre étant un puissant vecteur de réconciliation, de paix et de reconstruction de l’identité culturelle, les nombreux festivaliers étaient conviés à une série de représentations qui ont débuté par la pièce «On peut s’entendre», écrite par AdamaTraoré et interprétée par la troupe d’Acte 7. Son sujet: l’absurdité des préjugés qui font les vendettas, conséquence de la mauvaise connaissance de l’autre et du repli identitaire sur soi.
Outre le théâtre, la danse, la musique, les marionnettes, les conférences-débats et toutes les formes d’expression artisanales étaient aussi de la partie, donnant à cette édition une programmation très riche et pleine de grandes premières. Les animations populaires n’ont pas été oubliées et ont eu beaucoup de succès, comme en témoigne la déambulation du brass band et des marionnettes de la compagnie burkinabè Les Grandes Personnes, fort appréciée des jeunes et des moins jeunes.
Le 2 décembre a été marqué par l’hommage rendu au Père Emilio Escudero, disparu en 2012, promoteur du Centre pour la promotion de la culture sénoufo, en présence de SE l’Ambassadeur du Royaume d’Espagne au Mali et du Conseiller culturel de l’Ambassade d’Allemagne. Nous reviendrons sur le travail unique en son genre en Afrique de ce Père blanc et sur le déroulement du Festival dans nos prochaines parutions.
Ramata Diaouré, Envoyée spéciale