L’édition 2014 du Festival sur le Niger de Ségou, 10ème du genre, aura vécu lorsque vous lirez ces lignes. Constat incontestable, elle aura mobilisé beaucoup plus de festivaliers qu’attendu, ce qui est de fort bon augure pour le futur d’un évènement qui se tenait, pour reprendre les mots de son Directeur, Mamou Daffé, «dans un contexte de sortie de crise».
Autre fait notable, les festivaliers occidentaux sont eux aussi venus en nombre, signe que la réputation d’insécurité latente qui caractérisait notre pays ces dernières années commence à avoir du plomb dans l’aile. Ce qui est somme toute fort réjouissant.
On attendait entre 20 et 30 000 personnes à Ségou pour le week end du 7 au 9 février 2014, et force est de constater que ce défi a été relevé. Par les populations de Ségou aussi, car manifestement elles attendaient impatiemment de renouer avec une tradition festive et économique qui s’était étiolée ces dernières années, du fait de la crise multiforme qui a secoué notre pays, de l’état d’urgence instauré en 2012 – 2013 et des restrictions de voyage imposées aux étrangers par leurs chancelleries.
Au final, l’on peut déjà retenir de cette édition 2014 du FSN que les «bracelets», les passes nécessaires pour accéder aux différents sites, ont manqué, signe de l’affluence du public, à tel point qu’il a fallu recourir aux stocks restants des dernières éditions pour satisfaire la clientèle.
Le Jeudi 6 février, lors de la cérémonie d’ouverture officielle du festival, qui s’est tenue dans la soirée, innovation dont on peut douter de la pertinence, le Quai des Arts était noir de monde et il était difficile de s’y frayer un chemin.
Au plan sécuritaire, beaucoup d’efforts ont été fournis, et leurs effets étaient bien visibles. Omniprésence discrète des forces de défense et de sécurité dans la ville, appel à des structures privées bien dotées en matériels divers, dont de nombreux détecteurs de métaux, participation des forces onusiennes à la sécurisation des lieux et civisme des autochtones et de leurs hôtes, qui se sont tous prêtés de bonne grâce aux différentes vérifications, parfois après avoir fait la queue pendant une quinzaine de minutes, sont la preuve que, bien expliquées, les mesures de sécurité sont acceptées sans récriminations.
Pour mieux faire circuler l’information, autre grande première à renouveler, le Gouverneur de région avait d’ailleurs provoqué une rencontre avec les chefs de services, la chaîne de commandement des forces de défense et de sécurité, la société civile, les notabilités traditionnelles et religieuses et les organisateurs du festival, en présence du Maire, du Préfet et du Président de Conseil de Cercle. Les radios locales ont-elles aussi été mises à contribution et se sont fort bien acquittées de cette tâche.
Pour ce qui est du déroulement des concerts géants sur le fleuve, évènements-phares du Festival sur le Niger, le fait d’avoir fait appel cette année à une société internationale dont le matériel de son et de lumière dernier cri était déployé pour la première fois dans notre pays est à féliciter et à mettre à l’actif des organisateurs, qui ont bien compris qu’une sono «pourrie» n’était pas digne d’un festival de cette envergure.
Là aussi, petit bémol, l’on gagnerait l’année prochaine et pour les autres futures éditions, à disposer plus d’écrans pour le public qui n’est pas directement sur la berge, ce qui permettrait de mieux gérer l’occupation des gradins et permettrait de limiter les chamailleries entre spectateurs assis et observateurs debout, leur masquant le spectacle.
Le programme était des plus riches et, comme d’habitude, a entraîné quelques «casse-têtes chinois» pour les festivaliers. Où aller, que prioriser, comment jongler avec un timing qui, cela devient une constante au Mali, était rarement respecté, telles étaient les grandes questions. Mais l’on s’y est mis de bon cœur, alternant master classes, visites d’expositions, projections de films, concerts de jeunes talents, workshops et bien sûr, le Colloque, dont vous vous entretiendrons dans un prochain article.
Parmi les personnalités présentes, outre le Parrain de l’édition, le célébrissime Jacob Desvarieux, leader du mythique groupe antillais Kassav, signalons la présence de quelques chefs de missions diplomatiques accrédités dans notre pays, dont les ambassadeurs de l’Union Européenne, des Etats Unis, des Pays-Bas et du Directeur du Bureau pays de l’UNESCO, entre autres.
Nous y reviendrons.
Ramata Diaouré, envoyée spéciale à Ségou
Très bon article,bon courage Ramata
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