Les rideaux sont tombés sur la 10e édition du festival sur le Niger, le dimanche 9 février dans la cité des 4444 Balanzans. Des milliers de festivaliers venus de par le monde ont vibré cinq jours durant, au rythme de la pure tradition culturelle malienne à travers les musiques, les workshops, les Master class, la foire, les expositions, la rencontre artistique professionnelle, after night, colloque etc… Le fait marquant de cette 10e édition est l’engouement autour du festival. Malgré la crise dont se relève progressivement notre pays, le festival sur le Niger a connu un succès remarquable.
Faire de Ségou une destination touristique sûre, en mettant en valeur toutes ses facettes. Tel est l’un des objectifs du festival sur le Niger. En dix éditions, cette mission que se sont assignée les organisateurs du festival est en train de devenir une réalité. La Cité des 4444 Balanzans, aux grandes richesses culturelles, est devenue un lieu de convergence et de réflexion.
Placé cette année sous le thème ” diversité culturelle et unité nationale “, le festival sur le Niger a encore frappé fort. Malgré la crise que connait le pays, l’engouement autour de ce grand événement culturel a véritablement été au rendez-vous. Ségou a vibré pendant cinq jours, aux rythmes des activités tant culturelles qu’éducatives. Du colloque international, à la rencontre professionnelle, passant par la foire internationale et les concerts, les organisateurs se sont donnés à fond, afin que les 10 ans du festival soient un franc succès. Pari gagné. Car, c’était incontestablement une belle édition malgré quelques désagréments.
Des retombées économiques importantes
En dix éditions, le Festival sur le Niger a enregistré des retombées économiques incontestables pour la ville et la région de Ségou. L’affluence de festivaliers augmente considérablement l’activité économique. ” Cette année, nous avons enregistré la présence de plus de 20 000 festivaliers. Ce qui a eu une forte répercussion sur toutes les chaînes“, ont annoncé les organisateurs.
Pour M. Daffé, le festival est également devenu pour les agences de voyages, un événement incontournable de la région et du Mali. Ce grand rendez-vous du donner et du recevoir favorise une vitalité touristique, culturelle et économique. S’agissant du secteur hôtelier, le constat est sans appel. En effet, à une semaine du festival sur le Niger, tous les hôtels à Ségou affichaient complet. Les villas meublées n’ont également pas désempli.
Des espaces vides ont été transformés en dortoir pour touristes. Ce qui a valu cette déclaration du Maire de Ségou “Si dans une ville, plus de 20 000 personnes doivent manger et dormir pendant cinq jours, l’apport économique est très important”. De mémoire de fidèles observateurs des activités culturelles au Mali, jamais une manifestation n’a mobilisé autant de personnes, dont un grand nombre d’Occidentaux en période de crise.
Véritable moment d’attraction
Dès le vendredi, la ville était en ébullition avec une seule destination en tête : le Quai des arts (site de la manifestation). Chacun se dépêchait afin qu’aucun moment de la cérémonie d’ouverture ne lui échappe. Jeunes, femmes, enfants en taxi, en moto ou à pied tous convergeaient vers le Quai. Là-bas, toutes les dispositions sécuritaires avaient été prises pour barrer la route aux trouble-fêtes. Impossible de se rendre dans l’enceinte sans être contrôlé par une armada d’agents de sécurité.
A une heure de l’ouverture de la cérémonie, il n’y avait plus de place disponible sur les berges. Aux environs de 21 heures, toutes les personnalités au nombre desquelles on pouvait enregistrer le ministre de la Culture, son homologue de l’Artisanat et du tourisme, le gouverneur de Ségou et d’autres invités de marque. Tous ont fait leur rentrée sous un tonnerre d’applaudissements. Le directeur du festival, Mamou Daffé dans son mot de bienvenue, dira qu’après les moments d’incertitudes que le pays a traversés, l’heure est désormais à l’apaisement, au retour progressif de la paix et de la cohésion sociale. D’où le choix porté sur le thème ” diversité culturelle et unité nationale “. Il a ensuite remercié les autorités de Ségou et l’Etat malien pour leur soutien constant. Le ministre de la Culture quant à lui, a remercié les organisateurs, avant de promettre le soutien sans faille de l’Etat aux acteurs culturels. Il a ensuite souhaité que la fête soit belle, et aux festivaliers, beaucoup de prudence. ” Si un festival est un lieu de rencontre et d’échange, la création d’emplois, la valeur ajoutée, le festival sur le Niger fait partie de ses grandes rencontres culturelles qui participent à cette mission “, s’est félicité le ministre de la Culture, Bruno Maïga.
Des espaces d’exposition ont été mis à la disposition des artistes afin que les arts visuels puissent aussi s’exprimer parmi les autres formes artistiques. Parallèlement aux activités culturelles et artistiques, le festival a mis en place un forum de discussion et d’échange autour du thème “ Renaissance africaine, enjeux et perspectives “.
Clarisse NJIKAM
Concerts géants du festival sur le Niger :
Kaladjoula Band, Salif Kéïta et Sékouba Bambino ont assuré
L’une des attractions du festival sur le Niger a été sans aucun doute le concert géant sur la scène Damonzon. Une scène, rappelons-le, qui fait rêver beaucoup de grands artistes et qui a vu se produire de grandes sommités de la musique africaine. Pour cette 10e édition, plus d’une dizaine d’artistes se sont succédé sur cette scène mythique.
Le vendredi et le samedi soir ont été des nuits exceptionnelles dans la programmation musicale du festival sur le Niger. Le Rossignol de la musique malienne, le cheval blanc, Salif Kéïta a été la guest star de cette soirée. Il a une fois de plus confirmé son titre d’artiste planétaire. Il a fait un show non-stop avec des titres exceptionnels. L’enfant du Mandé a su bercer le public avec son répertoire riche et varié. Ajouter à cela, son talent et son expérience accumulée grâce à ses quatre participations à ce festival ont également séduit un public véritablement acquis à sa cause.
L’autre motif de satisfaction de cette 10ème édition est sans doute, la prestation du jeune groupe des femmes instrumentistes et chanteuses, le Kaladjoula Band de Naïni Diabaté. Pour sa première sortie sur la scène d’un festival au Mali, ce groupe était en parfaite harmonie avec le public. L’invité d’honneur de ce festival a été le leader du groupe Kassav, Jacob Devarieux. Bien qu’il n’ait pas été programmé pour une prestation, il a néanmoins fait une petite démonstration de quelques minutes à l’ouverture officielle des activités. Son bref passage a été tout simplement impressionnant. Le chouchou des femmes, le Guinéen Sekouba Bambino, quant à lui, a tenu en haleine le public surtout les femmes pendant une quarantaine de minutes. Mylmo et la jeune burkinabé Stelbee, ont eux aussi enflammé le public. C’est la Marocaine Oum El Ghait, avec sa danse du ventre, qui a véritablement séduit plus de 15 000 festivaliers qui avaient effectué le déplacement.
Clarisse Njikam
Les potins
Zéro pointé à la commission média
Si l’organisation de cette édition a été presque parfaite, il faut tout de même reconnaitre qu’il y a encore des lacunes à régler lors des prochaines éditions, notamment au niveau de la commission média. Les journalistes chargés de couvrir l’événement étaient souvent confrontés à des difficultés pour mener à bien leur mission. Pratiquement, chaque année, le problème se pose, mais toujours pas de solutions. L’hébergement des hommes de média a constitué un véritable casse-tête pour les organisateurs.
Certains étaient logés dans un hôtel où la connexion internet était absente. Du coup, l’envoi des articles de presse était un véritable calvaire. Par ailleurs, le déplacement des journalistes sur les sites était également un grand parcours du combattant du fait de l’absence de moyen de transport. S’y ajoute l’interdiction pour les journalistes d’accéder dans les loges. Pour approcher, les artistes, il fallait les aborder sur le site du festival où le travail était franchement difficile. Les organisateurs préféraient tenir des points de presse le lendemain de la prestation des artistes, ce qui est tout à fait normal. Mais le hic étant que certains musiciens acceptaient difficilement de couper leur sommeil, surtout après une prestation, pour se prêter aux questions des journalistes. D’ailleurs, à ce sujet, il faut déplorer l’attitude du Guinéen Sekouba Bambino, qui, d’année en année, n’a fait que narguer la presse. Pour Salif Kéïta, n’en parlons pas ! Le plus étrange dans tout cela, c’est que l’interdiction d’accéder dans certaines zones ne concernait que les journalistes de la presse écrite.
On espère qu’à l’avenir, les responsables de la commission média ne continueront pas d’être de simples figurants. Ils doivent désormais prendre leurs responsabilités et défendre comme il se doit la cause des hommes de média. Et de grâce, aux organisateurs, si la commission média a été créée, c’est pour permettre aux journalistes de faire convenablement leur travail. Signalons qu’à ce sujet, beaucoup de nos confrères sont rentrés les poches vides, car n’ayant pas réussi à accéder aux sites pour faire convenablement leur travail.
Les Ségoviens souhaitent la tenue mensuelle du festival
La population de Ségou a bien accueilli les dix ans du festival sur le Niger. Pendant cinq jours, chacun a trouvé son compte. Le programme était tellement chargé que certains avaient du mal à choisir une activité. Deux autres podiums ont été installés en plus de la grande scène, afin de permettre à tous ceux qui n’ont pas eu la possibilité de s’acheter un bracelet, de voir gratuitement des concerts. L’animation était faite 24h/24 sur les quatre coins de la ville. A la fin du festival, les Ségoviens ont émis le vœu de voir la tenue de ce grand évènement tous les mois, car en plus du facteur culture, ce rendez-vous constitue un apport économique remarquable.
L’agence en charge de la sécurité dans l’informel
L’agence de sécurité Farc dont on ne doute pas de ses capacités ne semble pas avoir bien assuré la formation de ses agents. Ainsi, elle a proposé des personnes n’ayant aucune expérience dans le contrôle et la sécurité des festivaliers. Sans aucune notion de base, ceux-ci, au lieu de rassurer les festivaliers, créaient plutôt la panique en raison de leur agressivité. L’agence de sécurité Farc a décroché ce contrat avec le festival sur le Niger sans toutefois s’apercevoir de l’ampleur de la tâche qui l’attendait. Sans agent expérimenté disponible, elle a fait appel à des jeunes formés sur le tas afin de combler le vide sécuritaire. Malheureusement, le boulot n’a pas été bien fait, car la majorité des agents de la sécurité sont passés carrément à côté du rôle qui leur est dévolu. Dieu merci, il n’y a pas eu d’incident majeur. En tout cas, si Farc tient à décrocher d’autres contrats du même type, il faudrait qu’elle mette à la disposition des sociétés qui la sollicitent, des agents bien formés et non d’attendre les évènements pour former à la hâte.
Rassemblés par Clarisse Njikam