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En préfaçant l’ouvrage, Moussa Konaté écrivait à juste titre : « le livre du colonel Assimi Souleymane Dembélé est terrible et édifiant : il montre du Mali une image que peu de gens soupçonnent ».
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Evidemment, « Transferts définitifs » est terrible parce que rempli d’atrocités, de cruauté, de méchanceté, œuvre de Maliens en l’endroit d’autres Maliens. Il est édifiant car on y tire des leçons, on apprend par l’effet d’une loi cosmique, d’une justice immanente de l’univers que chaque acte, bon ou mauvais, a ses conséquences méritées. Comme le dit l’adage : on récolte ce qu’on a semé.
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‘’Transferts définitifs’’ est un récit bouleversant sur ce que fut la vie pour un détenu au nord du Mali, Modibo Kéita, et se termine par la fin tragique de Kissima Doukara, de Tiécoro Bagayoko jusqu’à la chute de Moussa Traoré en 1991. En somme, des pages sombres du Mali indépendant, des deux premières républiques.
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De jeunes militaires, ayant à leur tête le lieutenant Moussa Traoré, mirent fin au régime socialiste de Modibo kéita. Un régime, il est vrai, qui s’était caractérisé par des excès et des déviations graves, des dérives totalitaires.
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La chronique de cette chute historique est admirablement relatée, avec une certaine dose de romantisme et de réalisme. On connaît, presque en détail, les étapes, l’évolution de l’arrestation de Modibo Kéita, sa déportation en différents lieux, surtout à Kidal. Dans ‘’Transferts définitifs’’, on a des anecdotes plaisantes quoique tristes, des rôles joués par des acteurs le jour même de l’arrestation, précisément sur la route de Koulikoro et à la Permanence du parti (Maison du peuple).
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Mais, ce qu’on semble ignorer et que l’auteur révèle, c’est ce que le président déchu a fait à ses adversaires politiques que furent Fily Dabo Sissoko, Hamadoun Dicko et Kassoum Touré. Arrêtés, jugés, ces hommes furent déportés au nord où ils périssent dans des circonstances avilissantes, horribles, insoutenables. L’auteur décrit, avec une exactitude émouvante. ‘’Le djebel tout entier retentit du ricanement mortel des pistolets mitrailleurs qui fauchèrent et transpercèrent comme des passoires les trois hommes’’.
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La chute du ‘’Guide’’ engendra une scission au sein de l’armée nationale. Des tendances se dessinèrent qui ne furent pas à l’avantage de Dibi Silas Diarra ‘à l’époque gouverneur de la région de Mopti, capitaine Banzani dans l’œuvre) et ses hommes, des capitaines qui ne pouvaient supporter la domination des lieutenants, des officiers subalternes. Dibi et ses partisans entrèrent dans le ‘’vestibule de la mort’’ à Taoudénit, ‘’centre de rééducation’’ initié par Kissima Doukara et devenu fonctionnel sous le capitaine Yoro Diakité, alors chef du gouvernement provisoire. Les circonstances de la mort de ces premiers opposants au régime militaire sont également relatées en détail, toujours avec exactitude et émotion. C’est surtout la mort de Dibi Silas qui frappe le plus. Son meurtrier est connu et également ce qui a motivé son acte odieux.
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Taoudénit aura désormais la réputation d’être un lieu où la mort attend infailliblement les principaux détenus. Après Dibi, ce fut le tour de Yoro Diakité (capitaine Yayoroba), ‘’cet officier intelligent…l’ambitieux Premier ministre’’ qui, en dépit des pires sévices, fut constamment humilié, même dans l’agonie. ‘’Le capitaine Yayoroba allait de martyre en martyre’’.
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La machine de répression continua à s’abattre sur les contestataires (civils et militaires} jusqu’à atteindre le 28 février 1978 les durs de ‘’l’instance militaire suprême’’: Kissima Doukara -capitaine Bamba – et Tiécoro Bagayoko -colonel Zanzourou- respectivement ministre de la Défense, de l’Intérieur et de la Sécurité, Directeur général des services de Sécurité.
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Au niveau de l’arrestation de ces deux hommes, le livre est particulièrement riche en révélations ahurissantes qui sortent de l’ordinaire. Y sont relatés le début de l’orage entre Kissima et Moussa, le contact de Tiécoro par le même Kissima, le complot dans ses phases d’exécution, la ruse du président qui fit échouer le plan.
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Arrêtés, jugés, les comploteurs de février suivirent le chemin de ceux qu’ils avaient condamnés quelques années plus tôt. Leurs destins, c’était Taoudénit où règne ‘’un soleil de feu, fait de sel, de sable, de cailloux et de vents de sable’’. Taoudénit est un lieu ‘’isolé du reste du monde, sans le moindre village à moins de 500 km et situé à l’extrême nord du pays, à près de 800 km de Tombouctou la mystérieuse’’. Ils devaient y connaître une fin plus que tragique. ‘’La tête en bouillie, le corps brisé’’ tel a été leur sort final à Taoudénit.
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‘’Transferts définitifs’’’ est écrit dans un style agréable, émouvant. Document historique, il est écrit à la manière d’un roman où les propos sont directement rapportés, les faits et les preuves établis de façon vérifiable.
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M.M.C. un Malien l’OIF, qui a connu des sévices sous le régime militaire, confirme l’exactitude de ce récit accablant. ‘’Il nous faut consolider davantage l’état de droit’’, nous a-t-il confié.
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Assey AC.
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