« Le Pouvoir/Amour » selon Jeli Baba Sisoko de Amidu Magasa

0

Note de lecture
rn
rn
Paru dans les Editions Jamana, l’ouvrage d’Amidou Magasa (essai de littérature orale bambara) est dans la tradition littéraire entreprise par Massa Makan Diabaté et d’autres. C’est la tradition orale qui charme l’esprit et l’oreille.

rn

Amidu Magasa entreprend de dégager l’essence morale, sociologique, philosophique de merveilleux récits et contes de Jeli Baba Sisoko, Essence du pouvoir et de l’amour. Déjà, El Hadj Sadio Traoré avait attiré l’attention des gens sur la qualité littéraire de l’art de Baba Sisoko.

rn

«Baba Sissoko, conteur infatigable, une fois par semaine sur les ondes de Radio Mali, continue à nous charmer par ses magnifiques et intarissables récits agrémentés de sa musique prenante», dit-il dans l’introduction à son œuvre «À l’écoute des anciens du village». Jeli Baba Sissoko, pour instruire les hommes tout en les divertissant, avait trouvé un bon filon: les contes, les récits où se mêlent les histoires d’hommes et souvent de génies se trouvant dans l’arène sociale, pour le salut de l’homme, «Dieu n’a rien créé de plus grand que l’homme, tout existe pour lui».

rn

L’ouvrage commence par un exposé sur l’art de la parole traditionnelle exposé -philosophie sur le métier du conteur.

rn

Dans «Entretiens littéraires», Baba Sisoko parle de ses débuts à Bamako (sept ans à réjouir les gens en jouant du nkonin), jusqu’à son arrivée à la radio -diffusion.  Jeli Baba était devenu un homme public, qui s’est construit par l’expérience. Ses textes du lundi sont le plus souvent produits sur la demande des gens. Alors, ses récits ont trait à l’histoire, aux légendes du terroir, pour flatter l’orgueil des descendants des héros. Le pouvoir et l’amour ont toujours conditionné l’agir des gens, des princes, des rois. Et Baba Sisoko fait le récit pour moraliser «La morale du récit, c’est d’indiquer au public le chemin qu’il doit suivre ». Rarement, on voit un récit dénué de notions du pouvoir et de l’amour.

rn

Dans «l’essai de littérature orale bambara», des récits sont bien choisis pour camper l’homme du pouvoir et de l’amour, souvent indissociables. A travers des péripéties, le personnage se révèle dans son humanité accomplie ou défigurée.  Le récit «Musa» nous montre un personnage à la personnalité déconcertante, un être étrange. «Musa» rappelle quelque peu «le vagabond» de Tagore ou le fils prodigue de l’évangile. Comme le vagabond attiré par l’infini, ce fils du riche demande sa part d’héritage pour l’aventure. A la différence que Musa revient édifié, plus fortuné.

rn

Car, il a su mener le jeu de la vie et de la mort. L’amour pour une jeune fille au pouvoir maléfique lui promet d’accéder à un pouvoir sur la vie.

rn

«Aminata et Fuseni», «Lobo Atuma», «Kisima» sont les autres récits de Jeli Baba Sissoko, relatés par Amidu Magasa. Partout domine le thème du pouvoir et de l’amour.

rn

«Il n’y a rien d’aussi grand que l’amour», a dit Jeli Baba Sissoko. Dans «Aminata et Fuseni», l’amour grandit ou rapetisse. Grands et petits dans l’attirance restent prisonniers de son piège.

rn

Dans une sorte de post-face, l’auteur développe l’art de Jeli Baba Sisoko, «agent de la parole dans le Manden ».

rn

Apologiste de la littérature orale, comme l’Ougandais Okot P’Biket, Amidu Magasa veut rendre au public la richesse culturelle et artistique qui fonde son humanité authentique.

rn

Okot P’Biket disait justement : «il n’y a pas de création originale et valable si elle ne s’enracine dans la connaissance de soi et des siens ».

rn

                                                                                                                      Adama Coulibaly

rn

 

rn

 

Commentaires via Facebook :