C’était samedi dernier en début de soirée au camp « Soundiata Kéïta » de Kati, « QG » du CNRDRE dans une atmosphère presque délétère. Arrivée d’Abidjan aux environs de 18h30, les émissaires de la CEDEAO dont le Colonel de Gendarmerie Djibril Bassolé, envoyé spécial du médiateur, flanqué du Ministre Ivoirien Adama Bictogo et du Ministre Nigérian des Affaires Etrangères Nurudeen Muhamad, ont pris d’assaut le domicile du Président par intérim, Pr Dioncounda Traoré sis à Base aérienne pendant que leurs bagages étaient bien escortés vers leur hôtel. Presqu’après plus d’une heure d’échanges, ces émissaires débarqueront à Kati pour rencontrer le chef du CNRDRE. Ils s’entretiendront avec le Capitaine Amadou Haya Sanogo plus de deux heures durant sur la reconduction du Président par intérim puisque son mandat de quarante jours, s’achève demain mardi.
En effet, la délégation de la CEDEAO a fait son entrée dans le camp « Soundiata Kéïta » de Kati aux environs de 19h20.
Aussitôt, les émissaires de la CEDEAO ont été reçus par le staff du CNRDRE dirigé par le Capitaine Amadou Haya Sanogo. Après plus de deux heures d’entretien, les émissaires de la CEDEAO feront une déclaration à la presse par la voix de l’envoyé spécial du médiateur Blaise Compaoré en ces termes : « La CEDEAO et le CNRDRE sont tombés d’accords de respecter la décision des Chefs d’Etat ».
En clair, il s’agit de la nomination du Pr Dioncounda Traoré comme Président par intérim pour un mandat d’un an. A la question de savoir ce que pense la CEDEAO de l’organisation d’une Convention Nationale devant désigner un Président pour la Transition ?
Djibril Bassolé a été on ne peut plus clair : « le CNRDRE et nous, sommes tombés d’accords sur la décision des Chefs d’état de la CEDEAO. Nous allons rester à Bamako pour les autres réglages». Ce qui veut dire que cette initiative de convention nationale ne les concerne pas. Don’t acte ! Imperturbable, Djibril Bassolé, prouve la fermeté de l’organisation sous régionale à obliger la junte à rentrer dans les camps et laisser les « politiques » gérer la transition. « Mais la manière manque et la façon aussi », explique un homme en uniforme. Une façon de dire qu’ils sont dans la dynamique de rentrer dans les camps à condition que les choses soient mises à leur place et que les politiques jouent pleinement leur rôle. A vrai dire, c’est du jamais vu ce que la CEDEAO veut imposer au CNRDRE qu’elle ne supporte plus la présence sur le terrain, voir son influence sur le jeu politique. Que dire donc du coup d’état d’ATT et sa bande ?
Les émissaires de la CEDEAO persona non grata
Il faut dire que cette énième mission de la CEDEAO au camp de Kati s’est déroulée dans un climat tendu et était la mal venue pour la plupart des hommes de troupes qui ne souhaitent plus la voir là-bas encore car, sa démarche est assimilable tant pour les militaires que pour la majorité de maliens, un diktat inacceptable. Donc Djibril Bassolé et sa délégation sont devenus persona non grata aux yeux de la troupe qui n’arrive pas à comprendre les décisions de la CEDEAO jugées trop discriminatoires et injustes.
Une fois de plus, le CNRDRE vient de prouver qu’il respecte la CEDEAO conformément à leurs engagements du 06 avril dernier. Le Capitaine Amadou Haya Sanogo qui dit qu’ils « adhèrent au plan de la CEDAO puisque pour nous, le Mali est au-dessus de tout».
LE CNRDRE renvoie la classe politique à jouer son rôle
La balle est dans le camp des forces vives du pays car, la junte ne saurait intervenir dans le jeu politique. D’ailleurs dans son premier communiqué lu le 22 mars dernier à 4h50 du matin, cela a été clair. C’est une manière de renvoyer la classe politique à jouer son rôle. Cependant, si la classe politique et la société civile ne s’assument pas, il faut craindre le pire au regard de la tension qui est palpable et les langues commencent à se délier.
Bokari Dicko
