Transition au Mali : La junte cède pour éviter le naufrage du pays

5

Ceux qui s’apprêtaient à « sauter le champagne » pour la tenue de la convention nationale doivent encore attendre car jamais la junte militaire n’a fait autant preuve de bravoure et d’objectivité en acceptant que le Président intérimaire, Dioncounda Traoré, soit celui de la transition.

Capitaine Amadou Haya Sanogo

Qui sera le Président de la transition après les 40 jours d’intérim du Pr Dioncounda Traoré le 22 mai prochain ? La question a déjà eu sa réponse le samedi dernier, à l’issue d’une rencontre à Kati entre la délégation de la CEDEAO et le CNRDRE. Le message du chef de la diplomatie  burkinabè, Djibril Bassolet, est clair : « Aucune disposition de la Constitution malienne ou de l’Accord-cadre ne prévoit de changer le Président de la République par intérim avant l’élection d’un nouveau Chef de l’Etat au suffrage universel direct. Dioncounda Traoré restera donc au Palais de Koulouba ». Aujourd’hui, une chose est désormais sûre : la Présidence de la transition sera confiée à  Dioncounda Traoré, déjà Président de l’intérim, et cela se justifie par les dispositions de la Constitution. En effet,  pour organiser l’élection présidentielle, le délai de 40 jours ne peut en aucun cas être considéré comme la durée limite du mandat du Président de la République par intérim, surtout que dans les conditions actuelles d’occupation des deux tiers du territoire malien par des groupes armés, l’organisation de l’élection présidentielle au Mali s’avère matériellement impossible Cependant, la Médiation recommande au gouvernement malien  de saisir la Cour constitutionnelle pour qu’elle se prononce sur le délai constitutionnel de 40 jours pour l’élection présidentielle.
Avec cet accord, le CNRDRE doit « accorder ses violons » avec ceux de la CEDEAO pour sauver le Mali ou du moins ce qui en en reste. Mieux, la junte respectera et fera respecter les institutions républicaines du pays et évitera toute initiative qui s’éloignerait de la voie constitutionnelle ou qui aurait pour conséquence d’isoler le Mali et de paralyser les activités économiques, commerciales et diplomatiques. Cette décision de la CEDEAO sera-t-elle respectée par le Capitaine Sanogo ? On le saura avec le temps. Dans tous les cas, la résolution de la crise au Nord dépendra de la situation institutionnelle à Bamako.

Du coup, les Maliens jubilent

Cet accord entre la CEDEAO et  le CNRDRE pour le maintien du Président intérimaire, Dioncounda Traoré, à la tête de la transition a suscité une joie cependant mesurée tant au sein des opposants que de celui des partisans du putsch. « C’est plutôt une bonne nouvelle. Maintenant, il faut avoir une feuille de route très claire pour éviter des couacs »,  déclare un responsable du FDR (Front uni pour la défense de la République et de la démocratie) qui a toujours été opposé au putsch. Mais les discussions devraient se poursuivre entre le Président Compaoré et la junte en vue de définir les « mesures d’accompagnement ». Un leader du MP 22 (Mouvement populaire du 22 mars, un front favorable au putsch), Mahamane Maïga, affirme : « Il y a accord de principe sur le nom du Président de transition, mais il y a tout le reste toujours en discussions » avant d’ajouter : « Le processus n’est pas terminé, il faut en attendre l’issue pour être fixé ». Jusque-là, les auteurs du coup d’Etat du 22 mars sont restés incontournables, bien qu’ils aient officiellement rendu le pouvoir aux civils en vertu de l’Accord-cadre conclu avec la CEDEAO le 6 avril. Et ils entendaient faire partir Dioncounda Traoré dès le mardi prochain au terme du délai constitutionnel de 40 jours pourtant déclaré intenable dans l’Accord-cadre.

L’APMA s’insurge, mais…

Face à cette situation, les membres de l’association « Appel du Mali » (APMA) et d’autres structures de jeunesse favorables à la junte ont occupé, le samedi 19 mai, la place de l’Indépendance pour réclamer le départ du Président intérimaire. Aussi, le président de l’APMA, Adama Coulibaly, n’a pas mâché ses mots : « La jeunesse malienne a décidé de prendre ses responsabilités en occupant le Monument de l’indépendance, une place historique. Cette occupation continuera jusqu’ au départ de Dioncounda Traoré du pouvoir !». Dans leurs propositions, les membres de l’APMA et leurs alliés, notamment le « Pacte des hommes debout contre l’injustice » (PHDI), ne juraient que par la tenue d’une convention nationale. Selon eux, c’est lors de cette convention que le délai de la transition devrait être défini et « dirigé » par le président du CNRDRE, le Capitaine Amadou Haya Sanogo. Notons que ce sit-in intervenait en  « opposition à la décision » des Chefs d’Etat de la CEDEAO relative à la fixation du délai de la transition au Mali à un an pour le Président intérimaire. Dans sa déclaration, le président de l’APMA n’a pas fait de cadeau à la Communauté ouest’ africaine. Il déclare : « La CEDEAO, syndicat des Chefs d’Etats, a outrepassé ses prérogatives. La prise de décision concernant la gestion de la transition au Mali est une question de souveraineté ». Et de fulminer : « Nous ne sommes pas d’accord avec la décision de la CEDEAO fixant la durée de la transition à douze mois ! ». Mais comme on dit, la promesse des fleurs n’a pas tenu face à celle des fruits car de commun accord, la CEDEAO et le CNRDRE sont parvenus à trouver une solution : la conduite de la transition par le Président de l’intérim, Dioncounda Traoré.

Jean Pierre James

 

Commentaires via Facebook :

5 COMMENTAIRES

  1. Moi je ne sais pas de quel naufrage vous parlez encore! Si le pays subit un naufrage plus spectaculaire que celui en cours, ce sera l’extinction de toute vie sur toute l’etendue du territoire! QUE DIEU NOUS EN GARDE1

  2. Kati, poids leger, ne pouvait resister a la pression des poids lourds comme UE, ONU, USA etc. Ca c’est un principe elementaire de physique. Le capitaine de Kati n’avait pas le choix. Il vient de sauver sa peau car le monde tout entier etait en train de perdre patience. Maintenant, que le PM and le President fassent preuve de fermete and oeuvrent a la restauration de l’autorite de l’Etat au vrai sens du terme.

  3. MP-22 et APMA, dommage que vous soyez deçus car le Mali ne sera jamais ce que vous souhaitez qu’il soit. Le Mali se relevera de cette situation et connaitra des jours meilleurs. Dans la vie d’un individu comme celle d’un peuple il y aura toujours des hauts et des bas, mais il faut savoir se relever. Le CNRDRE à sa tête le capitaine Sanogo a compris qu’il fallait mettre l’intérêt supérieur du Mali au dessus tout, il s’est ressaisi à temps pour éviter à notre cher pays une situation chaotique aux conséquences incalculables, c’est ce qui n’a pas plu aux chasseurs d’intérêts personnels du MP 22 à sa tête Mariko l’éternel étudiant et APMA et consorts. Ceux qui parlent au nom des jeunes du Mali, vous avez été autorisé à parler à leur nom, je ne pense pas. Monsieur le Président de l’APMA, vous devez savoir que si on adhère à une organisation ou une communauté, l’honneur et la dignité voudraient que l’on respecte les textes signés, et non les rejeter au moment où ils vous gènent.

  4. comment se fait il qu en plus de l amnistie on accorde le statut d ancien president avec avantage encore a Sanogo, pour avoir rendu quel sevice. N oublions pas ceux pour quoi il est venu, aucun de ceux ci n a ete resolu. les maliens, ne soyons pas aveugles, prenons les choses avec analyses approfondie si non ce que nous disons aujourd hui que ATT a fait, les choses risques d etre plus pires encore. je trouve que toute la faute c est nous les maliens meme parceque tout se fait a notre image.
    reveillons nous si non aucun chef ne fera les choses a notre place.
    en bon entendeur salut

  5. quand le bateau touche le fond de l’eau ,il n’est guère possible de le naufrager plus 😳 😳 😳

Comments are closed.