Traité de coopération de défense : Ce qu’il faut en retenir

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Le Mali et la France viennent de signer un nouveau traité de coopération en matière de défense militaire. En attendant l’adoption de la loi de cette coopération au niveau des députés et sa promulgation par le Président de la République, l’on peut dire qu’une nouvelle page de l’histoire du Mali vient de s’ouvrir.

 
L’article 4 stipule que par le présent traité, les parties mettent en œuvre une coopération qui peut couvrir les domaines suivants: les échanges de vues et d’informations relatifs aux vulnérabilités, risques et menaces à la sécurité nationale et régionale ; l’organisation, l’équipement et l’entrainement des forces, l’organisation de transits, et à la mise à disposition de coopérants militaires techniques français, dans le cadre de la restructuration de l’outil de défense et de sécurité malien ; la formation des membres du personnel malien par leur accueil ou leur admission en qualité d’élève ou de stagiaire dans les écoles de formation militaires françaises ou soutenues par la France…

 
De ce que l’on sait, certains points sont déjà contestables. En effet, on peut se demander s’il est sain de confier la formation de l’armée malienne à l’ancienne force coloniale, toujours très présente dans le pays dont elle est le premier partenaire commercial. Il semblerait, d’après le peu d’informations rendues publiques, que la France allait devenir le principal fournisseur en matériel militaire. Ces achats de matériel, en marge des règles du marché, sont-ils propices au contribuable malien qui devra payer la note finale? En effet, dans son article 20 qui définit les règles d’importation du matériel, l’Etat d’accueil prend les mesures utiles pour faciliter l’entrée et la sortie de son territoire des matériels, ressources financières, approvisionnements et autres marchandises nécessaires à l’exécution des activités prévues à l’article 4 du présent traité. Qu’entend t-on par ressources financières et autres marchandises nécessaires dans le cadre de ce traité ? L’alinéa 2 stipule que les forces d’origine peuvent importer sous le régime de l’émission temporaire en exonération totale de droits et taxes, pour une période de douze mois prorogeables, le matériel destiné à leur usage exclusif. Comme quoi le Mali aura un déficit financier au niveau de sa caisse à cause de ses exonérations, surtout quand on sait que la présence française sur le sol malien dans le cadre de l’opération Serval et bientôt Barkhane permettra à ses derniers d’importer plus de matériels, pouvant quitter le territoire malien sans aucun contrôle.

 
Paul N’GUESSAN

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