Certains milieux du pouvoir ont tenté de nier l’existence d’une tentative de coup d’Etat avant de se rebiffer. Au détour d’un débat sémantique, ils font mine de banaliser ce crime constitutionnel qui allait être exécuté si la Sécurité d’Etat n’avait pas été vigilante. En lieu et place ils parlent de tentative de déstabilisation du pouvoir. Que cache-t-on alors du côté du pouvoir ? Cette attitude, naturellement, fait jaillir des soupçons de faire du lieutenant Ouattara et consorts des lampistes pour couvrir de grosses légumes.
Ce n’est donc pas une tentative de coup d’Etat, mais bien une tentative de déstabilisation du pouvoir, selon la thèse servie par certains milieux du pouvoir qui, navrés de pouvoir arrêter la mer par leurs bras avec des dénégations, ont fini par reconnaître le beau coup de filet réalisé par les limiers de la Sécurité d’Etat. Mais cela n’ôte en rien le caractère très sérieux de cette affaire pour laquelle tous ceux qui sont impliqués doivent être débusqués et châtiés. Un bon exemple pour prouver que le Mali doit désormais se mettre à l’abri de tout acte insurrectionnel tendant à rompre l’ordre constitutionnel.
En effet, on ne peut concevoir que dans notre pays, pour un oui ou un non, des corps armés se soulèvent et braquent leurs armes contre les institutions de la République. Surtout s’il s’agit de vouloir décharger un déluge de feu sur le domicile du Président de la République. Qu’on n’aille pas nous faire comprendre que c’était pour intimider IBK dans sa résidence de Sébénicoro que ce groupe de militaires recrutés par le lieutenant Mamadou Lamine Ouattara allaient attaquer ladite résidence avec des armes de guerre. Quoiqu’il en soit, il y a tentative d’empêcher le Président de la République d’exercer son pouvoir. Et dès lors qu’il y a tentative de mettre un coup d’arrêt à son exercice du pouvoir, quelle que soit la forme utilisée, il y a tentative de coup d’Etat. Nous sommes donc très loin de la querelle sémantique qu’on voudrait imposer pour noyer le poisson dans l’eau.
Il nous revient que le lieutenant Mamadou Lamine Ouattara, par ses nombreux déplacements à travers la ville de Bamako et ses causeries où parfois il devenait un peu trop loquace, avait fini par attirer l’attention. Ce qui sera confirmé par les filatures et écoutes téléphoniques. A l’heure où nous en sommes, il est considéré comme une courroie de transmission entre les commanditaires et les exécutants qu’il était chargé de recruter. Tâche dont il se serait bien acquittée pour avoir emballé une centaine d’éléments prêts à donner l’assaut sur la Résidence de Sébénicoro.
Mais quel est le gradé qui devait diriger l’opération si Ouattara n’était qu’un officier recruteur ? Selon nos informations, les éléments interpellés, même si certains d’entre eux sont passés à table en ce qui concerne leur implication personnelle, se gardent encore de jouer le rôle de balance. Mais les enquêtes se poursuivent.
Soulignons que le véhicule que conduisait le sous-officier Sylla lorsqu’il a été cueilli par la Sécurité, est au nom du député Oumar Mariko dont il était très proche. L’élu aurait expliqué que c’est un véhicule laissé à Sylla parce que ce dernier était son garde du corps pendant la transition. Il y a des moyens de vérifier cette information et de les confronter parce que la Sécurité d’Etat a procédé à des investigations sérieuses avant d’éventer cette tentative dont l’exécution était programmée, selon nos sources, le soir même de l’arrestation parce que les éléments de ce commando devaient se réunir quelque part à l’Aci 2000, pour faire une décente sur la résidence du Président de la République à Sébénicoro.
Rappelons que c’est le même Oumar Mariko dont la levée de l’immunité parlementaire a été demandée par la justice à propos d’une affaire. Mais depuis lors, il nargue la justice. Serait-il au-dessus des lois ?
De toute façon, cette tentative éventée doit être traitée par la justice avec beaucoup de célérité, tout en faisant preuve de sérénité et de sens de discernement. Tout le contraire de ce que l’on craint actuellement, à savoir que l’on se contente de Mamadou Lamine Ouattara et consorts comme lampistes pour ne pas creuser davantage au nom d’un faux souci de stabilité. Dans l’impunité il ne saurait y avoir de stabilité.
Baba Diarra
