Les autorités du Mali ont arrêté 49 militaires ivoiriens dimanche à l’aéroport de Bamako. Ceux-ci sont considérés comme « des mercenaires » arrivés « illégalement » sur le territoire, a annoncé lundi le porte-parole du gouvernement, précisant que le dossier a été “transmis aux autorités judiciaires compétentes. Mardi 12 juillet 2022, les autorités ivoiriennes se sont enfin exprimées officiellement sur le cas des 49 militaires ivoiriens arrêtés le 10 juillet à leur arrivée à l’aéroport de Bamako, accusés par les autorités maliennes d’être des mercenaires. Abidjan a livré sa version qui ne correspond pas à celle des Nations unies et du Mali.
Pour le gouvernement ivoirien, les 49 hommes sont des militaires de l’armée régulière ivoirienne. Ils sont arrivés au Mali « dans le cadre des opérations des Éléments nationaux de soutien » en vertu d’une convention signée en juillet 2019, il y a trois ans, entre la Côte d’Ivoire et l’organisation des Nations unies. Entre les autorités Maliennes et celles de la Côte d’Ivoire qui dit vrai ? Ne pourrait-on pas résoudre à l’amiable une si simple affaire entre deux pays frères ? Jusqu’où cet incident pourrait nous amener ?
Cet incident diplomatique pourrait être un prétexte pour le pouvoir malien de solder son compte avec le président Ouattara qui avait soutenu une ligne dure dans l’imposition des sanctions contre le Mali et a été moins flexible sur la levée des sanctions de la CEDEAO . S’agissant de la rocambolesque affaire des 49 militaires ivoiriens, beaucoup de versions sont dites. D’abord celle des autorités maliennes, qui pensent que ces 49 militaires ne sont ni plus ni moins que des mercenaires. Tandis que les autorités ivoiriennes défendent le contraire, à savoir que ces militaires sont bel et bien inscrits sur la liste de l’armée ivoirienne et qu’ils sont au Mali dans le cadre du NSE.
Une version qui corrobore celle des Nations unies qui, par la voix de plusieurs responsables différents, avaient déjà précisé que ces 49 hommes ne faisaient pas partie du contingent ivoirien de casques bleus ils ne sont pas membres de la Minusma mais qu’ils relevaient bien de ce mécanisme NSE, en vertu duquel un pays contributeur de troupes peut apporter un soutien complémentaire à un contingent déployé au sein de la Mission.
En effet, on notera quand même la déclaration hésitante d’un porte-parole des Nations unies à New York hier qui, s’il n’a pas démenti l’appartenance des 49 soldats ivoiriens à ce dispositif NSE, fréquent dans les opérations de maintien de la paix, n’a pas été en mesure de préciser ni leur rôle exact ni leur lien contractuel avec la société privée SAS, elle-même sous-traitante de la Minusma. Des déclarations contradictoires et confuses qui, vu le contexte, renforcent le doute. Abidjan demande en tout cas à Bamako de libérer « sans délai » les militaires ivoiriens « injustement arrêtés ». Des mercenaires pour Bamako.
S’il reste incontestablement des dysfonctionnements à identifier et des questionnements à lever, puisque les deux versions officielles se contredisent catégoriquement sur les ordres de mission ou les formalités accomplies en amont de l’arrivée des 49 soldats, il faut rappeler que les autorités ivoiriennes et maliennes sont en contact depuis dimanche
On peut aussi rappeler que la Côte d’Ivoire est l’un des pays qui, au sein de la Cédéao, a toujours défendu une ligne dure face aux militaires putschistes de Bamako, notamment sur la question des sanctions, qui ont finalement été levées le 3 juillet, et les relations entre les deux pays sont considérablement dégradées. Abidjan accueille d’ailleurs des personnalités recherchées par la justice malienne Karim Keïta, fils de l’ancien président IBK ainsi que des opposants politiques en exil.
On notera enfin le silence, pour le moment, de la Cédéao. Qui a sans aucun doute un rôle à jouer pour que cette crise ivoiro-malienne ne s’envenime pas davantage.
Assitan DIAKITE