SUSPENSION DES RECRUTEMENTS DANS L’ARMEE ET DANS LA SECURITE: ATT CEDE AU CHANTAGE DES REBELLES !

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Les insurgés du 23 mai maintiennent la pression plus forte sur les autorités nationales. Le prétexte tout trouvé est lié à la lenteur de la partie malienne dans l’application de l’Accord d’Alger. De ce fait, de nouvelles doléances surgissent de l’ombre de cet Accord qui fait aujourd’hui l’objet de toutes les surenchères propagandistes. Et pour combien de temps ?
 
A en croire des sources diplomatiques, une délégation des rebelles, conduite par Iyad Ag GHALLY lui-même, séjourne dans la capitale algérienne depuis la semaine dernière. L’objectif du chef des insurgés de Kidal dans cette nouvelle croisade diplomatique est, rapporte-t-on de sources concordantes, de démarcher les autorités algériennes afin de leur soumettre de nouvelles doléances liées à une certaine lenteur des autorités maliennes face à l’application de l’Accord d’Alger. Une atmosphère délétère, artificiellement entretenue par les rebelles de la colline de Tégharghar autour de l’Accord d’Alger, en vue de maintenir constamment la pression sur les pouvoirs publics maliens. Comment le gouvernement va-t-il réagir face à cette nouvelle agitation des rebelles qui aura certainement des répercussions sérieuses au plan sous régional ?
Manœuvres dilatoires
Dans certains milieux, on parle même de l’ultimatum des rebelles au gouvernement malien qui expire au cours de cette semaine et qui concerne directement l’application intégrale de l’Accord d’Alger, tel qu’il a été négocié et conclu, sous la médiation algérienne, entre le gouvernement du Mali et les insurgés du 23 mai dernier. Les rebelles sont les seuls à savoir pourquoi ils mettent subitement la pression sur les autorités nationales sur un simple détail de cet Accord qui a d’ailleurs besoin de la patience de tous les acteurs, y compris la communauté des Bailleurs de fonds, pour son application intégrale et immédiate. En fait, en réagissant comme ils l’ont fait, à deux ou trois semaines seulement de la mise en place du comité de suivi, autour du facilitateur algérien pour se plaindre de la lenteur, côté malien, dans l’application de l’Accord d’Alger, alors qu’eux-mêmes restent retranchés dans la colline de tégharghar, les rebelles sont convaincus de procéder par un dilatoire qui n’assure nullement la confiance dans le camp des autorités nationales.
Climat de crise
Aussi, pour mettre à contribution la partie algérienne, soucieuse du respect des engagements souscrits de part et d’autre, les rebelles ont-ils annoncé de nouvelles doléances dont la prise en compte paraît, pour eux, déterminante pour la stabilité de Kidal. Ces nouvelles revendications, qui ont été acheminées à la partie malienne, via le facilitateur algérien, concernent principalement le repli des renforts militaires dépêchés à Kidal après l’attaque des garnisons ; le retour des familles déplacées et l’arrêt du recrutement dans les corps habillés qui était en cours. Ces principales revendications sont venues alourdir un climat déjà tendu entre les autorités nationales et les insurgés de Kidal. Un climat toujours lourd de périls dont la mise en place du comité de suivi, il y a quelques semaines, n’a nullement contribué à calmer. Au contraire, en dépit de la mise en place de ce dispositif, les rebelles, toujours retranchés dans leur base de Tégharghar, n’ont pas voulu désarmer. Pire, les mêmes, puisque n’ayant aucune volonté d’aller à la paix, comme le laissent entendre les pouvoirs publics, ont tenté de restructurer leur mouvement dit Alliance démocratique du 23 mai pour le changement en nommant le chef rebelle, Iyad Ag GHALLY, au poste de secrétaire général et en dotant leur appareil militaro-politique de postes de commandements opérationnels dont l’objectif central est et demeure la promotion et l’autonomie de Kidal. Au grand dam des autorités nationales qui, elles, ne prêchent que la paix pour l’application de l’Accord d’Alger du 4 juillet dernier.
Arrêt ou suspension ?
Au rythme où les choses évoluent, il n’est pas exclu que les rebelles, dans leur stratégie de surenchère, obtiennent gain de cause d’autant que les autorités nationales, sous l’impulsion du président ATT lui-même, prennent très au sérieux la nouvelle menace des insurgés, lesquels ont déjà brandi l’arme secrète de la politique de la chaise vide. Autrement dit, les insurgés de Kidal ont réaffirmé au médiateur algérien leur volonté de retirer leurs représentants siégeant au sein du comité de suivi si jamais les nouvelles doléances exprimées ne sont pas satisfaites. Le gouvernement, sur ce terrain, ne souhaite pas être pris au dépourvu. Raison pour laquelle une oreille attentive a été accordée aux rebelles quant à la prise en compte de certaines de leurs revendications, nouvellement soumises à l’appréciation de la partie malienne. L’un des points cruciaux de cette nouvelle tournure est lié à l’arrêt ou à la suspension, c’est selon le cas, du recrutement dans les corps habillés, recrutement entamé, depuis belle lurette, et qui se trouve même à la phase terminale, pour certains cas. En fait, en ce qui concerne cette mesure de suspension, rien n’a été dit, pour l’instant, officiellement, mais tout porte à croire que les opérations de recrutement ont été suspendues. Ceci expliquant peut-être cela, dans le district de Bamako et dans les capitales régionales, où le recrutement dans les différents corps habillés battait son plein, on constate, depuis, une certaine léthargie qui ne dit pas son nom et qui conforte aujourd’hui les informations faisant état de la probabilité d’une prise en compte effective des revendications exprimées par les rebelles. D’où la grande inquiétude des jeunes, ayant fait acte de candidature pour le recrutement militaire et qui sont en bonne position du reste, et leurs parents qui ne comprennent pas aujourd’hui cette soudaine suspension des opérations. Comme quoi la crise de Kidal n’a pas encore fini de régenter la vie de la communauté nationale.

Par Sékouba SAMAKE 

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