Après le coup d’Etat (ou le changement) du 22 mars, deux voies s’offraient au Mali : la transition ou l’intérim. Les mots ont leur poids et très souvent leurs implications. Ce qui s’est passé le 22 mars nous en donne une bonne illustration.
Tout le monde sait à propos de l’événement survenu, mais les mots pour le désigner diffèrent. Beaucoup ont parlé de coup d’Etat ou de putsch, mais à ce jour, d’autres refusent d’employer autre chose que le mot ‘’changement’’. Et ils bataillent farouchement là-dessus. Il est vrai que coup d’Etat et changement n’enfantent pas les mêmes choses. Il en est de même pour la recherche des voies et moyens pour sortir de la ‘’crise’’ ; autre mot utilisé pour tenter d’être neutre.
Là aussi, une farouche empoignade a opposé ceux qui préconisaient une transition et d’autres qui ne voulaient entendre parler que d’un intérim. D’un côté, le Fdr, piloté par l’Adema et l’Untm (ils n’entendaient parler que d’intérim) et de l’autre côté tous les autres qui préconisaient la transition. Pour résumer le match, se référer à cette rencontre organisée par le Cmdid le 31 mars au Grand hôtel. Il avait convié les quatre pôles de regroupement des formations politiques et de la société civile afin de dégager les lignes fortes de convergences qui permettent de sortir de la crise (à savoir : le Mp 22, l’Asm, l’Adps et le Fdr).
Sékou Diakité s’emporte et menace
Le grand chef de la délégation du Fdr à cette importante rencontre était l’ancien ministre (Adema) Sékou Diakité. L’homme s’est singularisé avec intransigeance et fermeture d’esprit sur la question de la période post-coup et pré-retour à la normale. Les trois autres préconisaient la transition mais Diakité n’entendait parler que d’intérim assuré par le président (Adema) de l’Assemblée nationale. Diakité a affirmé avec la mine serrée et les narines vibrantes que soit l’assistance se pliait aux desideratas du Fdr soit il allait quitter la salle avec tout son monde. Et il a obtenu gain de cause.
Les mots sont donc importants, importants aussi leurs tenants et aboutissements (implications). Le Fdr s’est montré intraitable sur la question de l’intérim parce que ce moyen permettait le retour immédiat à l’ordre constitutionnel déchu : le retour à la constitution de 1992, la remise en selle d’ATT et la reconduction de toutes les institutions. Mais le Fdr savait qu’ATT ne pouvait plus revenir au pouvoir, que donc l’article 36 de la constitution allait désigner Dioncounda Traoré pour assurer l’intérim (et non la transition). Cette modalité est celle qui défend le mieux les intérêts des partis ligués au sein du Fdr, celle qui les rapprochent de l’exercice du pouvoir (dont ils ont une très grosse envie). Car si l’on avait opté pour la transition, on aurait choisi un autre endroit pour exercer le pouvoir pendant X temps (à déterminer par accord). Le temps de remettre les choses en place. C’est ainsi qu’ATT lui-même a assuré une transition de quinze mois en 1991. A titre d’exemple, on pouvait se mettre tous d’accords pour accorder au capitaine Boli (c’est comme ça qu’on l’appelle dans l’intimité) et ses compagnons une période transitoire de deux ans d’exercice du pouvoir (n’est-ce pas nous sommes dans l’exemple) afin de vider les gros dossiers du pays ; dossiers que les politiciens ne pourront pas liquider.
Ici au Mali, personne n’aime le pouvoir militaire et personne n’est plus d’accord avec le principe du coup d’Etat. Mais l’eau versé ne se ramasse pas : il faut donc avancer et dépasser le fait accompli. On pouvait en faire une bonne occasion pour vider les grosses plaies de l’Etat et les soigner durablement. L’intérêt du Mali résidait de ce côté. Mais celui de certains Maliens, de la Cedeao et de l’Union africaine (instrumentalisée par Sarkozy et Obama qui ont juré d’imposer un nouvel ordre mondial).
Nous avons opté pour la solution qui garantit les intérêts de certains nationaux et étrangers mais qui ne tardera pas à remettre le pays dans l’impasse. Quarante jours après sa prise de place d’intérimaire (qui lui assigne une seule mission : organiser les élections) Dioncounda sera hors ordre constitutionnel. Car il est impossible qu’il élise le président titulaire dans 40 jours. Alors, où serons-nous ? Et que ferons-nous ? Dioncounda va-t-il anti constitutionnellement continuer à gouverner ? Si oui au nom de quoi ?
Quarante jours après la prise de pouvoir de Dioncounda, on sera obligé d’organiser une transition. On va l’organiser quand ? Et qui va l’organiser ? Nous roulons vers l’inconnu.
Amadou Tall
Accueil Armée
RESPECTER LA CONSTITUTION ! RESPECTER LA CONSTITUTION ! RESPECTER LA CONSTITUTION !RESPECTER LA CONSTITUTION !RESPECTER LA CONSTITUTION !RESPECTER LA CONSTITUTION !RESPECTER LA CONSTITUTION ! il est la seule voie a suivre ou nous allons vers le chaos.
Faites appliquer et seulement appliquer les termes de la Constitution qui a tout prevu.
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