Sortie de la 44eme promotion de l’Ecole militaire interarmes : Le martyre immortalisé de deux jeunes officiers par le Président de la Transition

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Koulikoro, vendredi, 15 juillet 2022 : le chef de l’État, Colonel Assimi Goïta, préside la cérémonie de sortie de la 44ème promotion de l’EMIA. Un moment fort dans l’histoire de cette institution militaire à la bonne réputation établie au Mali, en Afrique et même dans le monde. Cette promotion compte au total 68 élèves officiers d’actives venant de neuf 0(9) pays africains : le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Gabon, la Guinée Conakry, la Mauritanie, le Niger, le Sénégal et le Tchad. Le Sous-lieutenant Alhousséïni MAÏGA du Mali a été le Major de cette promotion avec une moyenne de 17/20. Mais la cérémonie de baptême de cette 44ème promotion continuera de sonner dans l’histoire comme un hymne au sacrifice des militaires.

Baptisée  « Equipage du Super Tucano Tango Zulu O4 Charlie », le nom immortalise, désormais, deux jeunes officiers tombés en martyrs dans le crash de leur aéronef le 07 avril 2020 au camp de l’Armée de terre à Sévaré vers 11h30. Les deux copilotes, le Capitaine Moussa Maïga et le sous-lieutenant Mohamed Boubacar Traoré ont dignement perdu la vie au service de la patrie. Ils avaient respectivement 31 ans et 25 ans, le premier né le 24 janvier 1989 et le second a vu le jour le 27 octobre 1995. Colonel Joachim Famangan CISSOKO, Commandant de l’École militaire Interarmes de Koulikoro, révèle éloquemment, en présence, outre de Monsieur le Président de la transition, du Premier ministre, du Président du Conseil national de Transition (CNT), du ministre de la Défense et des Anciens Combattants, du Gouverneur de la Région de Koulikoro ainsi que des membres du Gouvernement, des diplomates accrédités auprès de la République du Mali ainsi que des amis et partenaires du pays, et singulièrement les familles des deux jeunes martyrs,  le sens profond du nom de baptême de la promotion :  « En choisissant comme parrains les membres de l’équipage du Super Tucano Tango Zulu 04 Charlie, le président de la Transition vient, encore une fois de plus, illustrer son engagement à galvaniser les troupes pour le sacrifice ultime ».

L’immortalisation de l’équipage du Super Tucano est un geste fort que les générations d’hier, mais surtout de responsables politiques et militaires d’aujourd’hui et de demain doivent méditer en permanence. Pour en comprendre la portée, il faut rappeler les circonstances dans lesquelles le crash fatal aux deux jeunes officiers est intervenu. C’était à l’époque de la grande kleptomanie. Le peuple, à travers sa représentation, l’Assemblée nationale, avait mis à la disposition du gouvernement, dans le cadre de la Loi d’Orientation et de Programmation Militaire, la faramineuse somme de 1,235 milliard de francs Cfa pour équiper conséquemment  l’Armée et améliorer les conditions de vie des militaires. Les précieux subsides seront malheureusement destinés à des fins autres, ouvrant une douloureuse période de détournements, de surfacturations éhontées, d’achats d’équipements défectueux, etc. Une foire de délinquants insatiables ! Dans la chaîne des prédateurs, il y avait bien sûr le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta et son fils Karim Keïta, propulsé  au poste de président de la Commission Défense de l’Assemblée au nom du sang, mais il y avait aussi des officiers supérieurs (capitaines, commandants, colonels, généraux) et des politiciens inconscients, ministres (comme Tiéman Hubert Coulibaly actuellement en exil chez Alassane Dramane Ouattara) et autres opérateurs économiques véreux, voire des complices tapis dans la religion. Le Super Tucano crashé le 07 avril 2020 à Sévaré est du lot des malheureux équipements achetés à cette période, il était singulièrement un aéronef acheté dans les débris du Brésil, au terme d’une opération frauduleuse qui a permis à des voraces d’empocher indûment plusieurs dizaines de millions de nos francs tirés de la Loi d’Orientation et de Programmation Militaire. On peut donc proprement parler d’assassinat du Capitaine Moussa Maïga et du sous-lieutenant Mohamed Boubacar Traoré par le régime prédateur et la hiérarchie militaire inconsciente de l’époque. Leur sang continuera de résonner comme un gong sur la question de tous les auteurs identifiés ou non, jusque dans leurs tombes.

Certes, même avec les technologies les plus avancées, les défaillances techniques peuvent survenir, au Mali comme ailleurs, dans la vie des avions, civils et comme militaire. Mais lorsque les autorités font délibérément le choix d’acquérir des équipements défectueux pour leur armée, il y a lieu de mettre le holà sur ces pratiques mafieuses. Ce n’était évidemment pas la première fois  pas la première fois que des avions  et des hélicoptères de combat appartenant aux forces aériennes maliennes soient victimes de problèmes techniques. Le 19 janvier  2018, en plein exercice pour les festivités du 57ème anniversaire de l’Armée nationale, un hélicoptère Z9 de l’Armée de terre avait chuté sur la Place d’armes de Kati, le plus grand camp militaire du pays. Les deux occupants s’en sont sortis, fort heureusement, avec beaucoup de chance, ce qui ne fut malheureusement pas le cas trois mois petits après avec le Super Tucano complètement déchiqueté et ses pilotes morts. L’hélico Z9 fait aussi parti des aéronefs achetés dans les conditions opaques avec les fonds de la LOPM.  En 2013,  un hélicoptère de combat  MI24 commandé à la société Guo Star  via le richissime homme d’affaires Baïba Kouma, avait pris  feu à Oromodi, dans la région de Mopti. Le lieutenant Elimane Mariko et toute son équipe y ont perdu la vie. Plus tard, les enquêtes révéleront que c’est la batterie qui a pris feu. Ces drames à répétition interpellent tout le monde, citoyens, gouvernants, commandement militaire.

Dormez en paix, dignes fils du Mali, Capitaine Moussa Maïga et sous-lieutenant Mohamed Boubacar Traoré ! La patrie reconnaissante vient de vous immortaliser.

Didi Demba Tandjigora

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