Le SNJ de retour : Le nouveau visage d’un service citoyen

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Amadou Koita
Amadou Koita

Le ministre de la jeunesse et de la construction citoyenne Amadou KoĂŻta a pu faire adopter par le conseil des ministres du 19 Septembre 2016 des projets de texte relatifs Ă  la crĂ©ation, Ă  l’organisation et aux modalitĂ©s de fonctionnement de la Direction du Service national des Jeunes.

Le service national des jeunes a Ă©tĂ© instituĂ© par une loi du 7 juillet 2016 aprĂšs qu’il ait Ă©tĂ© dĂ©fendu par Mahamane Baby, ministre de la jeunesse d’alors auprĂšs de l’hĂ©micycle avec pour mission de contribuer Ă  parfaire l’éducation, la formation physique, civique et professionnelle des jeunes en vue de leur participation effective et entiĂšre au dĂ©veloppement Ă©conomique, social et culturel du pays et de leur mobilisation pour les besoins de la dĂ©fense nationale.

Les présents projets de texte créent un établissement public à caractÚre administratif chargé de la promotion et de la gestion du service national des jeunes. La Direction du Service National des Jeunes est chargée à ce titre, du recensement et du recrutement des candidats.

Aussi, assurera-t-elle la formation des jeunes recrutĂ©s et l’organisation des activitĂ©s d’intĂ©rĂȘt communautaire. Elle Ɠuvrera Ă  l’investissement humain des jeunes sur les chantiers du dĂ©veloppement et de leur collaboration avec les forces de dĂ©fense et de sĂ©curitĂ© pour la mobilisation des rĂ©servistes.

La crĂ©ation de la Direction du Service national des Jeunes s’inscrit dans le cadre de la mise en Ɠuvre de la vision du PrĂ©sident de la RĂ©publique, Ibrahim Boubacar KEÏTA concernant, notamment, l’investissement dans la jeunesse Ă  travers la promotion de l’esprit de civisme et de socialisation des jeunes.

Qu’est-ce que le service national des jeunes (SNJ) ?

Le Service national des jeunes (SNJ) a Ă©tĂ© instaurĂ© en aoĂ»t 1983 et avait initialement pour but de parfaire l’éducation et la formation civique et professionnelle des appelĂ©s. Il s’agissait, en clair, au dĂ©part d’une formation militaire, Ă  proprement parler : apprendre aux jeunes le maniement des armes, les techniques de combat, les tactiques de la guerre. Le service qui Ă©tait placĂ© sous la tutelle du ministĂšre de la dĂ©fense Ă  ses dĂ©buts a Ă©tĂ© abandonnĂ© avec les Ă©vĂšnements de 1991. Cet abandon ne se justifiait pas par la non-atteinte des objectifs, mais pour des raisons politiques.  Le SNJ new-look plus que relevant est un dĂ©membrement du ministĂšre de la jeunesse et de la construction citoyenne.

Le Snj, nouvelle formule, dont la devise est « Apprendre-Servir–DĂ©fendre », a pour mission de contribuer Ă  parfaire l’éducation, la formation physique, civique et professionnelle des jeunes en vue de leur participation effective et entiĂšre au dĂ©veloppement Ă©conomique, social et culturel du pays et de leur mobilisation pour les besoins de la dĂ©fense nationale.

Les sortants du Snj ont Ă©tĂ© des rĂ©fĂ©rences en termes de probitĂ© et de dignitĂ©, et ils ont bien servi Ă  tous les niveaux. Toujours prĂȘts Ă  servir de la maniĂšre la plus digne les intĂ©rĂȘts de la nation, on se souvient, en effet, avoir assistĂ© Ă  une mobilisation de troupes ou Ă  un engagement de leur part. RegroupĂ©s au sein d’une association, mais ces anciens du SNJ considĂ©rĂ©s Ă  juste titre comme des rĂ©servistes ont Ă©tĂ© trĂšs discrets au moment oĂč on les attendait, au point que l’on doute aujourd’hui de la pertinence de leur formation.

Des dispositions prises pour les non-reversĂ©s dans l’administration publique

Par ailleurs, la formation civique sera assez accentuĂ©e par rapport Ă  celle physique. Dans le monde que nous vivons aujourd’hui, apprendre le maniement des armes et des combats aux jeunes n’est pas sans consĂ©quences dans l’avenir. L’histoire nous apprend aujourd’hui qu’au sein des gangs et autres groupes armĂ©s terroristes, (GAT) pullulent d’anciens militaires virĂ©s de l’effectif pour manquements graves aux rĂšglements.

Aux dires du Ministre Amadou KoĂŻta, des dispositions sont prises pour avoir des alternatives Ă  tout Ă©ventuel dĂ©rapage de toute recrue car le dĂ©partement a un plan d’accompagnement et d’installation des jeunes qui ne seront pas reversĂ©s dans la fonction publique. Ces Ă©claircissements faisaient suite aux allĂ©gations tendant Ă  dĂ©crĂ©dibiliser l’aprĂšs-formation des jeunes qui seront pris dans ce premier contingent.

« Alors que faire de ces jeunes une fois leur formation terminĂ©e ? Les employer dans les services d’Etat ou les envoyer dans la nature ? », Ă©taient des inquiĂ©tudes de certains concitoyens.

Pour d’autres, « la premiĂšre option suppose que l’Etat reste le plus grand pourvoyeur d’emplois». Ce qui n’est pas le cas.

« Leur insertion socioprofessionnelle risque de poser bien des problĂšmes au regard des prioritĂ©s rĂ©currentes et des contraintes budgĂ©taires », pour d’autres.

Un troisiĂšme postulat croit que nombre d’entre les jeunes recrus risquent de se retrouver dans la nature. Et l’impĂ©ratif de la survie les incitera probablement Ă  grossir les rangs des groupes marginaux. Ce qui est sĂ»r est que les innovations annoncĂ©es dans le communiquĂ© constitueront des palliatifs aux contingences ici Ă©voquĂ©es.

Dans la nouvelle version du Service National des Jeunes les jeunes seront admis au Snj pour une durĂ©e de dix-huit (18) mois : six mois de Formation commune de base (FCB), dix mois de formation professionnelle et deux mois de reprise en main dans les casernes, les centres d’instruction, les camps de jeunesse…

Ils doivent, pour ce faire, remplir les conditions ci-aprĂšs : ĂȘtre de nationalitĂ© malienne, ĂȘtre ĂągĂ© de 18 ans au moins et de 35 ans au plus, jouir de tous ses droits civiques et ĂȘtre de bonne moralitĂ©.

Une bonification Ă  un concours de recrutement par arrĂȘtĂ© du ministre compĂ©tent

 Si le Snj est personnel et obligatoire pour tous les jeunes, les jeunes bĂ©nĂ©ficient nĂ©anmoins, pendant leur sĂ©jour dans cette structure, d’un pĂ©cule et d’une Prime globale d’alimentation (PGA) conformĂ©ment aux dispositions rĂ©gissant les recrues de l’ArmĂ©e.

En ce qui concerne spĂ©cifiquement les jeunes recrutĂ©s de la fonction publique de l’Etat et des collectivitĂ©s territoriales, ainsi que des autres statuts, ils bĂ©nĂ©ficient de la totalitĂ© de leur salaire pendant le prĂȘt de service, tout en conservant Ă©galement l’intĂ©gralitĂ© de leurs droits Ă  l’avancement.

Toutefois, les jeunes recrutĂ©s de la fonction publique de l’Etat et des collectivitĂ©s territoriales ainsi que des autres statuts participent financiĂšrement au coĂ»t de la Formation commune de base (FCB), le montant de leur participation Ă©tant fixĂ© par voie rĂ©glementaire.

Pour ce qui est des diplĂŽmĂ©s sans emploi et des non-diplĂŽmĂ©s urbains et ruraux, ceux-ci « bĂ©nĂ©ficient du SMIG octroyĂ© par l’Etat pendant leur formation par apprentissage».

Les jeunes diplĂŽmĂ©s sans emploi ayant effectuĂ© le Snj, candidats Ă  un concours de recrutement, bĂ©nĂ©ficient, eux, d’une bonification en cas d’égalitĂ© de points fixĂ©e par arrĂȘtĂ© du ministre compĂ©tent.

En contrepartie, sous forme d’obligations, les jeunes en service national sont tenus Ă  ‘’participer pleinement aux actions de formation entreprises Ă  leur endroit’’ et de ‘’respecter les mesures d’organisation du Snj, notamment, la discipline, les horaires, les consignes d’hygiĂšne et de sĂ©curité’’.

Les jeunes sont Ă©galement astreints ‘’aux chantiers nationaux ainsi qu’aux activitĂ©s sportives et culturelles’’ et ceux parmi eux qui sont libĂ©rĂ©s demeurent des ‘’rĂ©servistes’’ dont les conditions de mobilisation et le statut sont dĂ©terminĂ©s par un dĂ©cret pris en Conseil des ministres.

En revanche, c’est un arrĂȘtĂ© du ministre en charge de la Jeunesse qui prĂ©cise les mesures d’organisation du Snj, dont la promotion et la gestion sont assurĂ©es par un organe constituĂ© sous la forme d’un Etablissement public Ă  caractĂšre administratif (EPA). L’organe de gestion en question, dĂ©finit les conditions et les modalitĂ©s d’exĂ©cution du Snj instituĂ© par la prĂ©sente loi qui abroge celle n°83-027/AN-RM du 15 aoĂ»t 1983.

 

L’approbation gĂ©nĂ©rale

«Le Snj Ɠuvre Ă  promouvoir le respect, l’attachement et le dĂ©veloppement des jeunes Ă  leur pays et Ă  leur collectivitĂ© d’appartenance, aprĂšs une formation Ă  la fois physique, civique et professionnelle leur permettant d’ĂȘtre actifs dans la vie et d’assurer la dĂ©fense nationale du pays », avait justifiĂ© le ministre de l’Emploi, de la Formation professionnelle, de la Jeunesse et de la Construction citoyenne d’antan, Mahamane Baby.

« Son rĂ©tablissement s’inscrit d’ailleurs en droite ligne de la vision du prĂ©sident de la RĂ©publique, Ibrahim Boubacar KĂ©ĂŻta, largement exprimĂ©e dans son projet de sociĂ©tĂ© par l’investissement dans la jeunesse Ă  travers la promotion de l’esprit de civisme et de socialisation de la jeunesse », a ajoutĂ© le ministre KoĂŻta, qui a prĂ©cisĂ© le nombre pour le contingent annuellement appelĂ© sous ce drapeau : 2 000 jeunes.

« Ceux qui n’auront pas la chance d’ĂȘtre recrutĂ©s dans la fonction publique seront matĂ©riellement accompagnĂ©s pour pouvoir s’installer Ă  leur propre compte, pour leur Ă©viter l’oisivetĂ©, le chĂŽmage et les activitĂ©s illicites ou rĂ©prĂ©hensibles», a promis le ministre KoĂŻta.

Les dĂ©putĂ©s ont Ă©galement exprimĂ© leur satisfaction aprĂšs le vote de cette loi, notamment le prĂ©sident de la Commission Jeunesse, l’honorable Moussa DIARRA, qui a justifiĂ© le rĂ©tablissement du Snj comme un moyen de lutter contre le manque de repĂšres, l’incivisme gĂ©nĂ©ralisĂ©, la faiblesse de la fibre patriotique, le peu d’engouement ou d’engagement pour la cause communautaire et l’investissement humain…

Le service national des jeunes, nouvelle formule, serait une rĂ©elle satisfaction des Maliens lorsqu’on sait que beaucoup de nos jeunes qui sont de rĂ©els talents dans divers domaines s’égarent par faute d’encadrement adĂ©quat et de suivi. Cela est aussi dĂ» Ă  des questions de moyens des parents Ă  donner un tangible accompagnement Ă  ces enfants.

Somme toute, beaucoup de cadres qui sont des rĂ©fĂ©rences de nos jours seraient des produits du SNJ ancienne version et la prĂ©sente serait une Ă©pine de moins dans le pied des Maliens pour l’ensemble des inquiĂ©tudes que la question de la jeunesse a toujours soulevĂ©es. Il s’agit de la drogue, du banditisme, de la dĂ©pravation des mƓurs


Sinaly M Daou

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2 COMMENTAIRES

  1. Bienvenue Ă  un service citoyen qui aura davantage Ă  former des cadres de bonnes moeurs et d’une intĂ©gritĂ© morale sans reproche.

  2. M. Daou, je pense qu’il faut revoir votre note: la pertinence de la formation, allez demander au GĂ©nĂ©ral Moussa TraorĂ©. Quand les Ă©vĂšnements de 2012 ont commencĂ©, il y a eu un appel Ă  tous les anciens du SNJ dans la cour du SNJ. Cela a Ă©tĂ© pour certains de se revoir depuis la dĂ©mobilisation de fĂ©vrier 1986. Il a Ă©tĂ© dit qu’aprĂšs contact avec les autoritĂ©s, nous sommes plus utiles Ă  nos actuels. Allez vous renseigner au secrĂ©tariat de l’AMA SNJ Ă  Djicoroni. Bonne journĂ©e.

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