Signature enfin de l’Accord de défense Mali-France : Où résidaient les blocages ?

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Annoncé pour être signé le 20 janvier 2014, fête de l’Armée malienne, l’Accord de défense entre notre pays et la France, a été finalement paraphé la semaine dernière. Bien-fondé, dit-on, de cet accord : circonscrire non seulement les véléités jihadistes auxquelles nous sommes confrontées dans notre septentrion, mais aussi et surtout faire face à la criminalité en bandes organisées dans le Sahel. Cette décision du gouvernement malien ne fait pas l’unanimité dans les milieux politiques et de la société. Mais, à regarder de très près, ce n’est pas cette «opposition» à cet Accord qui aurait retardé l’échéance de sa signature. Notre analyse.

 

Signature entre les deux ministres de la Défense l'Accord de défense entre le Mali et la France
Signature entre les deux ministres de la Défense l’Accord de défense entre le Mali et la France

L’Accord de Défense entre le Mali et la France, annoncé donc pour le 20 janvier dernier, avait dû être reporté. Et pour cause, certains hommes politiques s’en étaient insurgés à travers une fronde. De ce fait, le Gouvernement a voulu laisser la tempête et leur rage passer, avant de passer à l’offensive. Aujourd’hui, cet Accord est signé, après que dans les Etats-majors militaires des deux pays, plusieurs tractations aient été faites pour peaufiner les stratégies pouvant permettre sa signature et sa bonne mise en œuvre. Mais, cette fronde de certains politiques et d’une partie de la société n’était que la partie visible de l’iceberg ayant retardé la signature de cet Accord de défense entre la France et notre pays.

 

 

En fait, pour mieux comprendre le grand retard accusé dans la signature dudit Accord de défense, il est important de remonter depuis la brillante élection démocratique du président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta (IBK). Élu à la Magistrature suprême malgré la grave crise socio-politico militaire qui régnait dans le pays, IBK était aperçu comme «le sauveur, le prophète, le messie attendu» pour redonner à notre pays sa notoriété d’antan. Surtout que lors de la campagne présidentielle, l’homme avait convaincu plus d’un : il travaillera pour le Mali d’abord ; pour l’honneur du Mali ; pour le bonheur des Maliens. Il est alors applaudi tant au plan national qu’international, notamment par la France qui entendait là avoir «une bonne marionnette» pour parvenir à ses fins inavouées : soutenir, nous révèle-t-on, le Mnla pour contraindre le pouvoir central de Bamako aux négociations et avoir «sa part de gâteau» à travers la région de Kidal qui revêt pour cette France une importance géostratégique. Les Maliens, sentant le mauvais vent français venir, acculent IBK qui finit par indexer la France par rapport à la gestion de Kidal et du Mnla lors d’un Sommet des chefs d’Etats africains et François Hollande tenu à Paris.

 

 

Depuis lors, la France voit en IBK «un président trop ambitieux, trop suffisant, suspecté de ne pas jouer son jeu». Et alors qu’elle s’attendait à la signature le 20 janvier dernier, fête de l’Armée malienne, d’un Accord de défense qu’elle a tant convoité depuis belle lurette, c’est la déception. Elle exerce alors des pressions tous azimuts. Dans la foulée, surgissent l’affaire Michel Tomi, puis celle dite de l’achat de l’avion présidentiel et de l’armement, avec son corolaire de suspension de l’aide au Mali de la part du Fmi et de l’Ue.

 

 

Entre temps, le nouveau Premier ministre Moussa Mara décide de mettre le pied dans le plat en se rendant, contre vents et marrées, même au prix de sa vie, à Kidal qui fait partie intégrante du Mali, Un et Indivisible. Le bilan est lourd : prise du gouvernorat, mort d’hommes et des prisonniers faits par les groupes armés. Décidée à ramener Kidal dans le giron malien, l’armée républicaine intervient, mais c’est sa débâcle et sa déroute totale qui s’en sont suivies. Le peuple malien est indigné, très indigné. Dès lors, on assiste çà et là à des marches de soutien au gouvernement Mara ; à des marches de protestation contre la France, la Minusma et Serval. Des sit-in se multiplient devant l’Ambassade de France au Mali pour exiger le départ de l’Ambassadeur du sol malien et un boycott des produits français au Mali est décrété par certaines Associations très en courroux.

 

 

Au lieu de mettre la balle à terre en procédant au désarment et au cantonnement des rebelles armés du Mnla et de leurs acolytes jihadistes et pseudo-islamistes, la Communauté internationale, particulièrement la France, contraint les nouvelles autorités maliennes aux négociations. Toujours en mettant l’accélérateur sur la nécessité de signature d’un Accord de défense. Très affaiblies depuis la déroute militaire des Forces armées maliennes (Fama), elles sont alors contraintes à négocier à Alger (Algérie) avec des terroristes qui occupent une portion de leur territoire et à signer l’Accord de défense avec la France. Un accord de défense que les pères de l’indépendance du Mali ont courageusement rejeté ; que tous les présidents maliens, même ceux que la France a réussi à placer au sommet de l’Etat malien, n’ont jamais voulu signer. Un Accord de défense peut-être pour offrir à la France la base de Tessalit dont elle rêve depuis qu’il a été demandé le 20 janvier 1961 au dernier soldat français d’y plier bagages. Paradoxal, mais que peut ce Mali d’aujourd’hui ruiné dans tous ses compartiments : politique, économique, sécuritaire, affectif, social, psychologique, moral…

 

 

L’Accord de défense entre le Mali et la France était-il opportun ?

Peut-être oui. Car, il faut être objectif, à l’allure où vont les choses actuellement, le Mali, à lui seul, ne peut faire face aux menaces de partition qui le guettent et surtout au terrorisme qui fait petit à petit du Nord de notre pays son nid. Aucun pays du Sahel, ayons tout de même le courage de le reconnaître, pris isolément, ne peut combattre ce phénomène. C’est d’ailleurs ce qui explique la mise en place de l’Opération régionale «Barkhane» contre le terrorisme au Sahel, en remplacement de l’Opération Serval.

 

 

Précisons qu’avec cette nouvelle Opération régionale «Barkhane», on assistera à la montée en puissance des armées africaines dans le dispositif militaire, parallèlement à la baisse progressive des effectifs français. À retenir également que la naissance de l’Opération «Barkhane» intervient après la prorogation du mandat  de la Minusma (Mission de maintien de la paix des Nations unies), d’environ 8 000 hommes, par le Conseil de sécurité de l’Onu  jusqu’au 30 juin 2015.

 

Bruno LOMA

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2 COMMENTAIRES

  1. c’est vrai que le mali n’avait pas de choix , le traité a ete imposé , neamoins , les populations de Gao et kidal doivent etre privilegies dans ces accords en terme de circultaions entre les populations de ceux regions et la france , car nous serions les premiers a subir les consequences de la presence de ce goddas , et nous voulons ça , maintenant ……?

  2. vreman vreman , je ne pa dopinon an ancor vous ave deja espliqe tuo , e tout sevre , san la France pa de pai o mali je ve le vre coperasion avec la Franci o mali

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