Siaka Diarra, président de l’UFD : « Il faut que les Maliens soutiennent les institutions de la transition »

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Au lendemain du coup d’état ayant conduit au renversement du régime du président ATT, des regroupements politiques qui, pour soutenir ou s’opposer à  la junte, ont poussé dans notre pays comme des champignons : COPAM, MP22, FDR, FMR  et la liste est loin d’être exhaustive. Nous avons approché le président du  Front pour le Mali et la République(FMR) et non moins président de l’UFD, en la personne de Siaka Diarra qui nous parle ici des actes posés par son regroupement, sa vision du Mali, ses relations avec le gouvernement,  l’atteinte à la liberté de la presse à travers l’agression des journalistes, des propositions  de sortie de crise etc.

 Au lendemain du putsch, vous avez formé un regroupement dénommé Front pour le Mali et la République. Quelles sont été les principales actions ou contributions allant dans le sens de la résolution de la crise socio- politique et institutionnelle que traverse notre pays ?

Siaka Diarra : Permettez- moi d’abord de vous dire que le Front pour le Mali et la République a été créé le 16 avril suite à l’avènement de cette situation que nous avons tous connue le 22 mars. Ce Front est constitué de 12 partis politiques et de 23 associations. C’est bien sûr un parti politique qui dirige ce front  à  travers ma modeste personne.  Le front a  été initié par nous les démocrates suite à des  constats. Au lendemain du putsch, nous avons constaté des prises  de position  souvent dures. Suite à des prises de position dures d’une certaine classe politique, de certains mouvements, des partis politiques que nous sommes avons estimé qu’il faut transcender les positions politiciennes et partisanes et qu’il faut faire face au pays, à la nation qui est menacée. Quand les 2/3 d’un pays sont occupés, ce pays doit vraiment chercher à trouver la solution plutôt qu’à chercher autre chose. C’est pourquoi, nous avons créé ce Front, et de sa création à maintenant  nous avons posé beaucoup d’actes. D’abord, nous avons fait le lancement officiel à la télé nationale pour notifier notre position qui consiste à aller vers l’essentiel à savoir l’unité nationale pour sauver le pays,  la sécurité alimentaire et la libération du Nord du Mali. Donc c’est dans cette optique que ces partis ont décidé d’appuyer les gens qui ont été victimes de cette situation au Nord ; nos parents qui sont dans des conditions précaires. Nous avons récolté des vivres, des habits et mêmes des kits scolaires pour des enfants, des dons remis au Collectif des ressortissants du Nord lors d’une  cérémonie.

Au-delà de ces actes, nous avons exprimé sur certaines radios privées et  dans les journaux,   tout notre soutien  au processus de retour à l’ordre institutionnel et nous avions salué à l’époque  la la désignation d’un président  et la nomination d’un premier ministre. Nous avons estimé qu’il faut soutenir ces institutions de la République et de cette date à maintenant, nous les soutenons car il y va de l’intérêt du pays qui n’a pas besoin d’un désordre. Au nom des 12 partis politiques et des 23 associations qui m’ont fait confiance, je réitère  notre position : nous soutenons le président de la République en place, nous soutenons le Premier ministre et son gouvernement et nous estimons qu’il faut les soutenir, qu’il faut les aider, qu’il faut les appuyer  afin qu’on puisse aller à l’essentiel : la libération du Nord du Mali. Ces populations ont beaucoup souffert et ce qui vient de se passer à Tombouctou ( la destruction des patrimoines culturels, des mausolées) est vraiment une humiliation, c’est quelque chose qui choque, c’est incroyable et ça dépasse l’entendement. Donc, il est temps qu’on soutienne le gouvernement en place, le président de la République, les institutions de la République. Nous sommes républicains  et nous estimons qu’il faut vraiment sauver le Mali, sauver la République.

 Vous avez rencontré récemment le Premier ministre Cheick Modibo Diarra, sur quoi ont porté les discussions ?

Siaka Diarra : Tout comme les autres regroupements politiques, le FMR a eu à rencontrer le Premier ministre  et tout ce qu’on a dit était d’ordre d’intérêt national, notamment le problème du nord, l’insécurité  qui y sévit, la crise  politico-institutionnelle que traverse notre pays. Les échanges  ont été des plus fructueux, constructifs. Au cours de notre entretien, nous n’avons pas manqué de réitérer  au Premier ministre et à son gouvernement  tout notre soutien et nous invitons  tous les Maliens à les appuyer, à les soutenir  pour qu’on puisse sortir de cette situation qui n’honore aucun Malien.

Depuis le coup d’Etat, les gens ont vu aux hommes politiques des fossoyeurs de l’Etat. Alors  peut-on avoir un régime démocratique sans partis politiques ?

Siaka Diarra : Bon, cette question a été regulièrement posée, mais en tant que démocrate, je vois comment faire fonctionner un pays sans politique. Il ne faut pas mélanger les choses, il y a politicien et politicien, il y a citoyen et citoyen  et on  ne peut pas mettre  tout le monde dans le même sac, sinon le pays n’avancera pas. Il y a des citoyens qui sont intègres et qui ont eu à le demontrer, en aucun moment on ne peut leur reprocher quoi que ce soit. Ces gens sont là. Nous sommes entre citoyens maliens et on se connait suffisamment ; ceux qui ont eu à poser des actes contraires à toute déontologie économique sont connus aussi. Donc, je ne pense pas qu’on puisse dire aujourd’hui  que tous les politiciens sont mauvais, je me porte à faux contre cette pensée  et il faut que les gens puissent faire la part des choses. C’est pourquoi,  très souvent, lors des élections on demande aux gens d’être vigilants, parce que quand vous choisissez des gens, il faut qu’ils soient des personnes qui aiment leur pays, qui soient à la hauteur de la mission à mener.

Actuellement, nous allons vers la formation d’un gouvernement d’union nationale. Quelle est la position du FMR ? En tant que président du front, avez- vous été déjà contacté ?

Siaka Diarra : Gouvernement d’union nationale, gouvernement d’ouverture, moi je pense qu’à l’heure actuelle, le pays a sûrement besoin de ça. Nous pensons plutôt à un gouvernement d’ouverture, parce que ceux qui sont là ont déjà commencé à faire du bon travail. A trois mois seulement, ils ont eu à poser des actes notoires dont entre autres, l’électricité, la sécurité alimentaire, l’organisation des examens de fin d’année. Dans ces domaines, le gouvernement a consenti de gros efforts  pour soulager les populations et surtout sauver l’année scolaire qui, au lendemain du coup d’état, était sérieusement hypothéquée. Toutes choses qui sont à saluer. Moi, je ne vois pas une remise en cause du gouvernement en place, je vois plutôt une ouverture, parce qu’il y a des gens aussi qui, à travers leurs charisme, leur compétences et leurs expériences,  peuvent appuyer, aider  le pays à sortir de la crise. Donc je vois plutôt un gouvernement d’ouverture.

En tant que président d’un regroupement, nous n’avons pas été contactés par le chef du gouvernement, les contacts que nous avons eus avec lui se situent dans le cadre des rencontres traditionnelles avec les autres regroupements politiques.

Question : les journalistes sont de plus en plus victimes d’agressions, quelle est votre réaction par rapport à cette atteinte à la liberté de presse ?

Siaka Diarra : Mon avis est très clair : une democratie sans presse n’existe pas ; la presse joue un rôle fondamental, un rôle de premier plan. En tant que citoyen, je suis très choqué quand j’au vu le doyen Saouti Haïdara à la télé après son agression. Ça m’a fait vraiment très mal. Nous condamnons avec la dernière énergie ces atteintes à la liberté de la presse qui ne font pas avancer un pays. Il faut laisser les gens s’exprimer librement.

Pour terminer, quel appel avez-vous à l’ensemble des Maliens pour faire face à la crise au Nord du pays ?

Siaka Diarra : Aux Maliens, je dis qu’il faut laisser de coté les égos, les positions personnelles et partisanes. Quand la case brûle, ce n’est pas le moment de  se tirailler pour telle ou telle place dans la famille ; chaque membre doit apporter son seau d’eau pour éteindre le feu. Il est grand temps que les Maliens sachent cela, qu’on se donne la main pour aller à l’essentiel à savoir l’unité nationale. Il faut que les Maliens se parlent et  abandonnent les positions figées, afin que la paix, qui est incontournable, revienne. Notre pays est un pays d’histoire milinaire, de culture riche et notre génération est tenu de tout faire pour sauvegarder notre riche patrimoine.

Propos recueillis par Moussa Diarra

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