Retour à l’ordre constitutionnel : -La fin de certaines illusions

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Prise entre les menaces d’embargo diplomatique et financier de la Cédéao et l’avancée des rebelles au nord dont la quasi-totalité est désormais occupée, la junte militaire qui a pris le pouvoir le 22 mars à Bamako, chassant le président Amadou Toumani Touré, a lâché hier du lest en annonçant le retour à l’ordre constitutionnel avec le rétablissement de toutes les institutions et de la constitution ainsi que la remise du pouvoir au civil. Un revirement qui met fin aux illusions de certains acteurs politiques et de la société qui ont pensé avec le changement de régime, leur heure arrivée.
Profitant du chaos ambiant, des séparatistes touaregs ont attaqué le weekend dernier plusieurs localités du nord à bord de pick-ups armés de mitrailleuses. Les insurgés appartenant au Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) se sont emparés facilement des villes de Kidal, Tombouctou et  Gao, 90 000 habitants, possède la plus grande garnison du nord du pays.

Après l’évacuation par l’armée de Kidal, mais aussi d’Ansogo et Bourem, c’est désormais l’essentiel du nord-est du pays qui est vite tombé dans les mains des rebelles touareg. Aidés par des éléments islamistes d’Al Qaïda au Maghreb (Aqmi), ils mènent depuis janvier une vaste offensive pour « libérer » les territoires de l’Azawad, berceau des Touareg. Ces avancées rebelles sont un coup d’autant plus rude pour la junte qu’elle avait justement invoqué l’échec du régime en place à mater la rébellion pour renverser le président Amadou Tamani Touré.

Vers le retour à l’ordre constitutionnel et la fin de certaines illusions
L’autre gros souci, pour le capitaine putschiste Amadou Sanogo, venait de nos voisins. Le Niger et la Côte d’Ivoire, en particulier, n’apprécient pas du tout le coup d’Etat. Ils craignent un effet de contagion. Les quinze pays du Cédéao (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) ont d’abord menacé les mutins d’un embargo diplomatique et financier, si l’ordre constitutionnel n’était pas rétabli d’ici lundi.
Ils ont franchi un nouveau pas hier en mettant en alerte une force d’intervention de 2 000 hommes. Et en demandant, par la voix du président ivoirien Alassane Ouatara, l’appui de la communauté internationale. Mais les missions de cette force d’intervention, comme ses modalités de déploiement, restent floues : s’agirait-il de mettre la junte au pas ou de stopper l’avancée de la rébellion dans le Nord ?

Sous la pression, une délégation de la junte a fait patte de velours, samedi dernier à Ougadougou, lors de la réunion de médiation placée sous la houlette du président burkinabé. Ils ont promis de proposer « très rapidement » des mesures pour rétablir un pouvoir civil à Bamako et revenir à un « ordre constitutionnel normal » réclamé par les chefs d’Etat ouest-africains.
Hier la nouvelle est tombée à travers un communiqué laconique. Le chef de la junte a décidé le rétablissement de toutes les institutions et de la constitution ainsi que la remise du pouvoir aux civils. Reste maintenant la mise en application de toutes ces promesses qui sonnent le glas de certaines illusions, notamment de certaines personnalités qui avaient cru leur heure arrivée avec le coup d’Etat.
La fin des illusions de certains politiciens
Depuis le coup d’Etat militaire perpétré contre le président de la République Amadou Toumani Touré le 22 mars dernier, certains politiciens ont accouru à Kati pour aller faire allégeance, aiguisant leur appétit pour le pouvoir qu’ils ont pendant longtemps convoité, sans y parvenir. Oumar Mariko, Me Mountaga Tall, Younouss Hamèye Dicko, Blaise Sangaré (qui a toujours rêvé d’être ministre de la République), Housséyni Amion Guindo et  Ben Fana Traoré ex-fan d’AT ont pensé leur heure arrivée. Avec la décision de la junte de passer la main à un régime civil, c’est toutes leurs illusions qui viennent de s’envoler. Pauvres d’eux.
Abdoulaye Diakité

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