Règne de la terreur, arrestations arbitraires à Bamako : Les avocats dénoncent “l’enlèvement” de l’homme d’affaires Hamadoun N’Daou dit Afourou

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Depuis le coup d’Etat du 22 mars 2012, c’est une chape de plomb qui semble s’abattre sur les populations de Bamako. Des militaires, armés souvent jusqu’aux dents, sous le commandement d’on ne sait quelle autorité, terrorisent les paisibles populations en procédant, à longueur de semaines, à des heures indues, sans aucun mandat les y autorisant, à des arrestations intempestives. Tel est le cas de l’homme d’affaires Hamadoun N’Daou dit Afourou, enlevé à son domicile, le samedi 9 juin 2012 aux environs de 21 heures et  détenu jusqu’à ce jour dans un lieu secret, sous la houlette de la Sécurité d’Etat. Ses avocats viennent d’adresser une vive protestation au ministre de la Justice. ” Il faut que ça s’arrête ! “, martèlent Mes Magatte Séye, Moussa Maïga, Mohamed A. Bathily et Balla Séye.

Le ministre de la Justice, Malick Coulibaly

Dans une lettre de protestation qu’ils ont adressée le 13 juin dernier au ministre de la Justice, Garde des Sceaux, Malick Coulibaly, dont nous avons pu nous procurer une copie, les avocats constitués par le transitaire et homme d’affaires Hamadoun N’Daou dit Afourou ne passent pas par quatre chemins pour cracher leur colère dans cette affaire. Il s’agit de l’affaire Ministère public contre Hamadoun N’Daou dit Afourou que l’on dit proche du l’ancien président Amadou Toumani Touré.

Selon les avocats, le samedi 9 juin 2012, aux environs de 21 heures, M. Hamadoun N’Daou dit Afourou a été interpelé à son domicile à Faladié par des militaires puis conduit à la Sécurité d’Etat. Cette arrestation s’apparente, nous a expliqué un pénaliste chevronné, à un enlèvement pur et simple ; du fait non seulement de l’heure indue à laquelle elle a été opérée mais aussi du fait que ce sont des militaires dépourvus de mandat à cet effet qui y ont procédé.

Et le porte-parole des conseils (avocats) constitués par la famille de l’homme d’affaires d’indiquer au ministre de la Justice : “Les causes de son arrestation me sont à ce jour inconnues. Cependant, j’ai adressé une lettre de constitution à Monsieur le Directeur général de la Sécurité d’Etat et aux Procureurs des communes III et IV du District de Bamako. La même lettre vous a été adressée pour information. Malgré tout, il reste impossible de voir mon client qui est complètement coupé de sa famille et de toutes ses connaissances. Je ne sais pas dans quelles conditions il est détenu ni sur quelle base “. Ainsi, un citoyen, chef de famille jouissant du droit constitutionnel de la présomption d’innocence est, de cette façon cavalière, arraché à l’affection des siens sans que ceux-ci aient le minimum d’information le concernant.

Me Magatte Séye d’expliquer avoir pris toutes les initiatives sans parvenir à entrer en contact avec son client. “J’ai quand même pris l’initiative de me présenter le mardi 12 juin 2012 à 16h30 mn à la Sécurité d’Etat et ai demandé à avoir un entretien avec mon client. Après m’avoir fait patienter, il m’a été annoncé que pour avoir un entretien avec mon client, il fallait d’abord obtenir un rendez-vous avec le Directeur général de la Sécurité d’Etat et que ce dernier était absent du bureau !”, explique Me Séye.

Il a alors appelé le ministre de la Justice, Garde des Sceaux, à constater ce règne de l’arbitraire qui se poursuit depuis plus de deux mois. “Monsieur le ministre, il s’agit là d’une violation flagrante des dispositions de l’article 9 de notre loi fondamentale, la Constitution du 25 février 1992 et une entrave intolérable au bon fonctionnement des institutions judiciaires. De plus en plus, les libertés fondamentales des citoyens se trouvent violées au vu et au su de tous, sans que les autorités compétentes ne réagissent“, a-t-il dénoncé avant de lancer un appel au militant des droits de l’homme qu’est le ministre Malick Coulibaly. Faut-il rappeler que dans une récente interpellation, Me Magatte Séye avait déjà sonné l’alerte auprès du ministre de la Justice par rapport aux mauvaises conditions de détention des militaires détenus à Kati dans l’affaire des bérets rouges?

Ce brillant avocat, que plusieurs observateurs qualifient de “Me Vergès malien “revient donc à la charge : “Je fais encore une fois appel à votre autorité de chef du département de la justice pour faire immédiatement cesser ces pratiques d’un autre temps. A ce que je sache, la sécurité d’Etat n’est pas un service habilité à mener des enquêtes préliminaires, ni à garder au secret des citoyens maliens.

Je vous en conjure, Monsieur le Ministre, ne laissez pas tout le chemin parcouru pendant vingt ans de démocratie se perdre dans les ronces, veillez à ce que les Maliens, tous les Maliens bénéficient non seulement de la présomption d’innocence mais aussi d’un traitement correct et équitable devant la loi. Recadrez s’il vous plaît toutes ces “autorités” qui s’érigent en police judiciaire pour ne pas dire en justiciers, il en va de notre sécurité à tous “, a-t-il conclu.

Comme on le voit, cette protestation relance le débat sur la chape de plomb que les militaires ont fait tomber sur le pays. La terreur est perceptible à chacun de leur passage. Veulent-ils s’ériger en véritables bourreaux du peuple au moment où ils ont plus que besoin de la solidarité et de la mobilisation populaires pour aller libérer les régions du nord occupées?

Comment comprendre qu’il y ait à Bamako et à Kati des “pôles d’autorités” mis en branle à loisir  pour aller enlever tel ou tel citoyen et  l’amener où l’on veut sans aucun titre juridique dans ce sens ? Comment comprendre que la semaine passée, sans l’autorisation des autorités gouvernementales, des militaires armés jusqu’aux dents, soient allés intimider les journalistes d’Africable à propos de la diffusion d’une interview ? Quelques jours plus tard, le Gouvernement sort un communiqué condamnant l’acte et annonçant une enquête pour identifier les auteurs de cette violation de la liberté de la presse.

Les hommes de droit profitent de cette affaire Hamadoun N’Daou dit Afourou pour appeler les populations et différents corps de l’Etat à s’organiser pour résister à de tels actes d’intimidations et d’arrestations arbitraires en exigeant des mandats ou des convocations en bonne et due forme, à ameuter tous les habitants des quartiers à chaque visite suspecte des militaires dans les concessions. La question se pose aussi de savoir au nom de quoi des “autorités” comme la Sécurité d’Etat se constituent pour être complices de ces enlèvements qui ne feront que retarder la «fréquentabilité» du Mali aux yeux des pays occidentaux, aux yeux des partenaires. Ces pratiques jurent avec l’Etat de droit auquel nous aspirons tous. Pour une vie paisible  en société.

Bruno D SEGBEDJI

djitosegbedji@yahoo.fr

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9 COMMENTAIRES

  1. Mon sieurs vous savez pourquoi la communauté international et les démocrates reproche c’est que nous agissons dans le cadre d’un état de droit ils faut arrêter les arrestation arbitraires en dehors de tous cadre judiciaire sa ne rassure pas tous le monde cherche justice pour récupérer les biens de l’état mais se n’est pas les militaires qui doivent le faire il y a des institutions en place et des dossiers nombreux en attente nous dénonçons les arrestations arbitraires elle doivent cesser l’urgence est au nord c’est sa leurs travail en cela déduis 3 mois maintenant que les lignes non pas bouger aucun bandit n’est inquiété surtout arrêter ils vous nargue tous les jours sans même que vous ne souflé un mot incroyable mais vrais 🙄 😆

  2. Il faut vraiment arrêter avec ces arrestations sans motif. Il ne faut pas que le CNRDRE tombe ci bas. IL est temps qu’ils arrêtent.

  3. C gouvernement est incompetent et incapable devant ces gamins. Donc il doit laisser la place aux gens qui peuvent diriger le pays meme devant les armes de ces apatrides traites sinon finalement la population prendra en main ses decisions pour arreter ces actes de violation de droit.

  4. Les putshistes du CNRDR+E tiennent a trouver une raison a leur forfait. Apres le “manque de materiels et de logistiques ” qui n’a pas tenu longtemps, c’est maintenant la chasse aux sorcieres pour retrouver les tresors caches de ATT et de ses acolytes.
    Tous ceux qui ont cotoyes ATT y passeront.Des les premieres heures du coup, on a distille des infos sur des possibles dossiers de corruption a la presidence. Puis on s’est rabattu sur Modibo Sidibe pour retrouver les milliards de l’Operation riz. Maintenant, c’est au tour “d’un proche” de l’ancien President qui aura fort a faire tant que le CNRDR+E n’a pas trouve de dossiers compromettants sur l’ancien pouvoir.
    Depuis bientot deux a trois semaines, on distille des info sur une affaire de celebration des 5 milliards de Mabo Toure.
    IL FAUDRAIT QUE LE cnrdr+e JUSTIFIE LE COUP D’ETAT POUR REDORER SON BLASON. ET TANT QU’ILS N’ONT PAS TROUVE QUELQUE CHOSE A REPROCHER A L’ANCIEN PRESIDENT QUE BIEN DE GENS COMMENCENT DEJA A REGRETTER, VU LE DESASTRE ECONOMIQUE QUI SE POINTE, LES POURSUITES, ARRESTATIONS NE S’ARRETERONT PAS.

  5. Non kissima bah, le ministre ne demissionnera pas. Il faut avoir l honnêteté de reconnaitre que La JUSTICE avait deserté notre pays.Les gouvernements successifs sous Alpha Oumar Konare, puis sous ATT l ont sans doute gérée dans trop de tumultes et de désordres. Malick Coulibaly apparait aujourd hui comme l infirmier bienveillant, l aide soignant de la convalescence qui va répandre la baume sur la plaie béante, et jamais cautréisée qu était la justice malienne. Malick Coulibaly a de bonnes intentions, il a le soutien de la majorité des Maliens, donnons lui alors les moyens de restituer à la justice ses lettres de noblesse.

    • Malick bénéficie certes jusqu’à preuve du contraire de la confiance des maliens Habib, mais, dans la jungle malienne (Etat de non droit) instaurée dépuis le 22 mars 2012 et dirigé d’une main invisible/visible par l’aigri social, le féroce et sanguinaire sanogo et sa bande de voyous, quelle est la marge de manoeuvre du jeune Malick. Malgré tout, nous sommes à ces côtés pour que force reste à la loi et que vivent les maliens dans pays libre et prospère.

  6. Nous ne vivons plus dans un etat de deroitt et le titre de lo article resume ce que nous vivons au Mali du Nord au Suud (Le regne de la terreur)

  7. lieutenant amadou konare je te parle en temps tonton il faut dire a sanogo sa ne seras arrien d alle arrete afourou daou pour quoi. d abord .att ne doit pas sortir a bamako .ont peux pas. eclaires toutes chose a la fois avec le temps merci par konare tiekoura paris. vraiment afourou il est vieux il faut aux moin respecte les personnes age sa fait parti de notres cultures.

  8. Le Ministre a eu une belle occasion de démissionner. Tout le monde sait que c’est le CNRDRE qui l’a nommé en tant qu'”ARSENAL JURIDIQUE” et il ne peut aller à l’en contre de la volonté de son mentor. Au lieu de nous parler d’amélioration des conditions de détention qu’il dénonce la forme et le contenu de ces arrestations arbitraires qui st en violation flagrante de toutes les conventions. Ds tous les cas l’histoire le rattrapera.Wait and s…..

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