La fête de l’armée nationale du Mali prévue le 20 janvier, marque traditionnellement le départ du « dernier soldat français » du territoire malien le 20 janvier 1961. Cinquante-neuf ans après, la présence de l’armée française est réaffirmée et renforcée à la suite du sommet de Pau du 13 janvier 2020. Lisez ‘article de Boubacar S Traoré svp
La réussite de l’engagement de la France et de ses partenaires du G5 Sahel contre Groupes Armées Terroristes (GAT) dans le Sahel, dépend de l’évolution de la situation malienne.
Le pays constitue l’épicentre de la crise. Son vaste territoire peu contrôlé sert de base arrière à de nombreux groupes djihadistes, parmi lesquels se trouvent le Groupes de Soutien à l’Islam et aux Musulmans créé en 2017 et l’Etat Islamique au Grand Sahara créé peu de temps après.
Le pays a connu une grave crise institutionnelle en 2012, cela a particulièrement affecté son armée. L’affrontement entre les « bérets verts » et « les bérets rouges » suite au coup d’Etat conduit par le Capitaine Amadou Aya Sanogo (béret vert et devenu Général de corps d’armée) contre le Président Amadou Toumani Touré (béret rouge et Général d’armée à la retraite), a fragilisé l’armée malienne, qui ne possédait déjà plus aucun ressort opérationnel.
La fête de l’armée nationale du Mali prévue le 20 janvier, marque traditionnellement le départ du « dernier soldat français » du territoire malien le 20 janvier 1961. Cinquante-neuf ans après, la présence de l’armée française est réaffirmée et renforcée à la suite du sommet de Pau du 13 janvier 2020. En effet, la réunion de Pau fut l’occasion de faire un bilan d’étape de l’engagement français au Mali et dans le sahel, à travers l’Opération Barkhane déclenchée en août 2014, pour endiguer la menace terroriste.
L’armée malienne face à un avenir incertain
Les anciens officiers de l’armée malienne aiment à se rappeler du bon souvenir de la toute puissante armée nationale des années 70-80. Une armée qui fut créé en 1961 avec moins de 1500 militaires et qui a très rapidement gagné en puissance, grâce notamment à une bonne coopération avec l’URSS et ses Etats satellites. D’ailleurs, l’ambassade de l’URSS fut ouverte à Bamako, le 21 janvier 1961, soit le lendemain du départ officiel de l’armée française.
L’armée malienne ressemble actuellement à une armée débordée, sans stratégie et n’ayant pas de gouvernance stable (6 ministres de la défense en 6 ans). C’est une armée abonnée aux scandales et aux détournements. Le recrutement y est aléatoire et l’incompétence de certains officiers y est inquiétante.
Malgré les meilleures écoles de formation militaire (L’école de maintien de la paix Alioune Blondin Beye, l’école d’état-major, l’école d’administration militaire, l’Ecole militaire inter armes, sans oublier les écoles de sous-officiers), l’armée malienne n’arrive pas à se redresser, ou même à présenter des signes encourageants.
Les statistiques internes ne sont pas maitrisées et malgré le déploiement d’officiers français et européens au sein des états-majors, la planification reste laborieuse.
Le pays n’arrive pas à mener les véritables réformes, le vote de la loi d’orientation et de programmation militaire, suivi de l’adoption de la loi portant sur le statut général des militaires n’ont produit aucun effet. D’ailleurs le ministre malien de la défense a indiqué qu’aucune de ces mesures ne pouvait être mise en œuvre faute de moyens financiers. Pourtant le déficit budgétaire de l’Etat fut systématiquement justifié par l’effort en direction de la reconstruction de l’armée.
Redresser l’armée ou assister à l’effondrement du Mali
De nombreux Etats ne se pressent pas pour venir en soutien à la France au Mali, car ils n’ont pas une véritable lisibilité de la situation, en plus, ces Etats ne font pas confiance aux autorités maliennes.
L’hypothèse d’un effondrement du Mali est de plus en plus évoquée dans les rencontres de haut niveau et beaucoup estiment que la France y perd son temps. Bref, le véritable problème du Mali est sa gouvernance actuelle qui n’arrive pas à présenter une posture favorisant une volonté redressement de la situation.
Le sommet de Pau est la dernière carte française, au Mali, il a été décidé de renforcer considérablement les capacités des Forces Armées Maliennes (FAMa). Il est prévu de mettre 400 militaires maliens avec les éléments de l’opération Barkhane pour effectuer des interventions dans le Liptako Gourma (zone des trois frontières). Il est également prévu que les FAMa prennent rapidement position dans la ville de Kidal (fief de la rébellion séparatiste touareg). L’armée y avait été chassée en 2014.
Les efforts de la France devront être soutenus par une offre politique nationale crédible et opérante.
Si rien ne change dans la gouvernance actuelle malienne, alors, il ne faudra pas s’attendre à un quelconque miracle, il y aura un désengagement des quelques partenaires présents avant celui du principal acteur étranger qu’est la France.
Le départ des français ne veut pas systématiquement dire l’arrivée de la Russie qui fait l’objet de sollicitation de la part du Groupe des Patriotes du Mali (GPM) créé en 2013 et qui revendique plusieurs milliers de personnes.
En effet, les russes ne prendront pas le risque de s’engager au sol dans un conflit sahélien aux contours flous. Il serait difficile pour elle de justifier la probable mort de soldats dans cette zone.
L’avenir de l’opération Barkhane dépend de la montée en puissance de l’armée malienne à travers une gouvernance de qualité.
Le Mali est pour l’instant loin de cette condition. Il faut espérer que le sommet de Pau puisse créer un électrochoc en faveur d’un nouveau départ privilégiant la confiance et la crédibilité.
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