Pros et anti-putsch s’affrontent : Le sang a coulé hier à la Bourse du travail

0

Le Front uni pour la sauvegarde de la démocratie et de la République, opposé au coup de force des militaires, en meeting hier à la Bourse du travail, a été violemment attaqué par des loubards et badauds. Les assaillants qu’on catalogue au compte de la Convergence patriotique pour la défense du Mali, favorable au coup d’Etat, ont fait irruption, armés de pierres et de bâtons. Ils se sont mis à molester les frontistes dans l’enceinte de la Bourse du travail. Il y a eu plusieurs blessés, transportés à l’hôpital. Des motos et un véhicule ont été incendiés. Il y aurait même eu mort d’homme.

Tout a commencé ce jeudi matin quand les partisans du Front uni pour la sauvegarde de la démocratie et de la République se sont retrouvés à la Bourse du travail pour un meeting. Il s’agissait de déléguer des responsables du Front qui allaient porter son plan d’action aux nouvelles autorités du pays.
Déjà vers 9 h, la cour de la Bourse du travail était bondée de monde. On notait la présence de plusieurs personnalités du pays comme le candidat de l’URD à la présidentielle, Soumaïla Cissé. Vers 9 h 30, les délégués ont été désignés : Ibrahima Ndiaye et Me Kassoum Tapo de l’Adéma, Tiébilé Dramé et Me Amidou Diabaté du Parena et Siaka Diakité de l’UNTM. Pendant que les mandataires du Front étaient partis à la rencontre du capitaine Sanogo (rencontre qui n’a même plus eu lieu), leurs mandants sont restés sur les lieux dans l’attente de la réponse. Ils se disaient prêts à tout si leur plan d’action venait à être rejeté par les putschistes.
Il faut rappeler que ce plan d’action stipule les voies et moyens par lesquels les militaires peuvent regagner leurs casernes pour permettre le retour à l’ordre constitutionnel dans le pays. C’est dans cette attente de leurs émissaires que les militants du Front ont été attaqués à coup de jet de pierres d’abord par des gamins venus de vers Bolibana. Nous étions à 10 h 33 quand cette attaque fut faite.
Après une panique généralisée, les frontistes ont organisé la riposte. Les gamins ont été pourchassés. Mais ceux-ci n’étaient que l’avant-garde d’un véritable assaut que préparaient les loubards et badauds. Après le repli des enfants, ceux-ci ont fait irruption sur la scène pour mener la contre-offensive. Ils ont poursuivi les frontistes jusque dans l’enceinte de la Bourse du travail, munis de pierres et de bâtons. Ce fut la débandade. Loubards et badauds lapidaient et bastonnaient toute personne rencontrée. C’est ainsi qu’ils ont fait plusieurs blessés graves et aurait même tué un quinquagénaire.
Selon une consœur, qui était présente dans les locaux de l’UNTM au moment de la violence, « le pauvre a été battu jusqu’à ce qu’il se soit effondré, il a rendu l’âme sous les coups des assaillants ». Plusieurs motos, garées dans la cour de la Bourse du travail, ont été incendiées de même qu’un véhicule et plusieurs autres dégâts matériels. Les bureaux de l’UNTM ont été saccagés. Les blessés ont été transportés à l’hôpital Gabriel Touré.
C’est après les incidents que des forces de l’ordre sont arrivées sur les lieux pour calmer la situation, mais le mal était déjà fait. Elles sont reparties, laissant derrière elles la désolation. Au moment où nous mettions sous presse, nous avons pu joindre le secrétaire général de l’UNTM, Siaka Diakité, également président du Front. Il a dit avoir appris qu’il y a eu plusieurs blessés, mais pas mort d’homme.
Selon le patron de l’UNTM, qui était en réunion avec ses camarades, « il s’agit de trouver maintenant d’autres moyens de lutte pour donner la réponse appropriée à ceux qui tentent de remettre en cause notre processus démocratique ». Beaucoup de frontistes que nous avons interrogés pointent un doigt accusateur sur les pros putsch regroupés dans la Convergence patriotique pour la défense du Mali. Une coalition d’organisations dans laquelle on retrouve le Mouvement populaire du 22 mars (MP-22), accusé d’avoir bastonné le lundi dernier Me Amidou Diabaté du Parena sur les mêmes lieux.
C’est dire que la situation ne fait que se dégénérer entre pro et anti-putsch. Au profit de qui ?
Abdoulaye Diakité

Commentaires via Facebook :