A la veille du coup d’Etat militaire, les candidats à la présidentielle de 2012 s’étaient multipliés et les déclarations de candidatures continuaient. Va-t-on aujourd’hui assister à une rebelote, puisque les circonstances ont beaucoup évolué et qu’il n’est plus question de parler de la carte d’Att ou de son dauphin ? Au contraire, la classe politique a certainement pris la bonne mesure de l’opinion qui clame à tous vents le changement : un changement dans la gestion des affaires du pays, l’équipement de l’armée et la lutte contre la corruption et le clientélisme.
En effet, le régime ATT est pourfendu de tous les qualificatifs liés à la mauvaise gouvernance, à l’échec sécuritaire et la corruption. Du coup, tous ceux qui se réclamaient de l’aura de l’ancien président de la République, en l’occurrence les militants du Pdes, perdent leur boussole politique. Même ceux qui ont travaillé dans le cadre du programme de développement économique et social d’ATT auront sûrement des explications à donner pour justifier leur positionnement par rapport à la nouvelle situation sociopolitique du pays. Cette rebelote est-elle vraiment possible si l’échiquier politique est encore le même avec les partis dits grands, moyens et petits, ceux qui sont bien implantés, qui ont beaucoup de députés et conseillers ? Tout dépendra de la manière dont sera conduit l’intérim assuré par le président de l’Assemblée nationale, mais surtout de l’ossature de la transition. En fait, il est indéniable pour les observateurs, qu’après avoir constaté cette volonté de changement de l’opinion, il serait déroutant de voir une nouvelle équipe qui ne serait que la pâle copie de l’ancienne. Ce qui veut dire que la classe politique et la société civile ont un rôle plus que décisif à jouer dans les négociations devant conduire au choix des hommes qui doivent notamment assurer la continuité de l’Etat. Le peuple les attend donc au tournant et la junte reste toujours aux aguets. En fait, aujourd’hui, c’est surtout l’urgence de voir comment la question du Nord sera résolue qui explique toutes les incertitudes. L’importance des échecs militaire, politique et diplomatique, concernant la gestion du Nord du Mali, révèle toute la délicatesse de la mission qui sera confiée aux nouveaux gouvernants. Le défi est donc immense et nul ne devrait aujourd’hui se présenter comme candidat pour siéger dans ces nouveaux organes s’il n’est réellement imprégné d’une fibre patriotique doublée d’une éthique et d’une compétence avérées. En somme, le Mali attend avec la plus grande impatience les nouvelles équipes censées redresser le gouvernail d’un bateau qui tangue et lui redonner tous ses motifs de fierté. C’est dire qu’aujourd’hui, hommes politiques, société civile et militaires doivent agir juste et très vite.
Baba Dembélé