Pendant qu’une partie de la jeunesse du pays baigne dans le chômage, des enfants d’officiers sont recrutés sans difficultés dans les différents corps de l’armée. La pratique a la vie dure, elle a encore prévalu dans le choix des premiers pilotes maliens formés sur place.
Il y a un peu plus d’un mois la télévision nationale et une partie de la presse écrite relataient la sortie de la première promotion de pilotes de l’air. Mais depuis quelques jours les langues commencent à se délier et l’on parle avec insistance d’un favoritisme qui a caractérisé cette formation. D’abord le choix des candidats retenus ne fait pas l’unanimité au sein de l’armée de l’air. En lieu et place d’un véritable concours, c’est par complaisance et au mépris de toutes les règles en la matière que des enfants d’officiers de l’armée de l’air ont été sélectionnés.
Selon toute vraisemblance, le chef d’état-major de l’armée de l’air, le colonel-major Mamadou Togola et ses amis n’ont pas eu de difficultés pour choisir les aspirants à ce qu’on appelle la première formation locale de pilotes maliens. Parmi les heureux candidats retenus, figurent deux fils d’un officier et des rejetons de deux gouverneurs de région. Malheur à celui qui ose défier cette décision, précise notre source. Qui poursuit : une bonne partie du reste des postulants est aussi protégée par des officiers de l’armée de l’air.
Dans ces conditions, s’interrogent nos sources, quelle crédibilité peut-on donner à une telle formation ? À l’évidence, la réponse est contenue dans la question. D’ailleurs selon un autre officier que nous avons rencontré, la formation des tout premiers pilotes maliens formés localement est tirée par les cheveux. Le mécontentement est en tout cas très grand dans les rangs de la corporation, au sujet de ces pilotes qui se font appeler les intouchables en raison de leur protection.
Depuis un certain moment, font remarquer nos sources, les recrutements dans les différents corps de l’armée sont critiqués à cause d’une certaine légère qui les caractérise. «Seuls des naïfs pouvaient s’imaginer que cette formation y échapperait ; la part belle faite aux enfants d’officiers en est la parfaite illustration», affirme avec impuissance notre interlocuteur.
Mahamane Cissé