L’homme fort a annoncé hier mardi avoir démis de leurs fonctions le président Bah N’Daw et le Premier ministre Moctar Ouane, arrêtés la veille et accusés de « sabotage » de la transition.
De Bah N’Daw, Moctar Ouane et du colonel Assimi Goïta, qui décide ?. Tout porte à croire que suivant les rapports non écrits, les deux devaient s’abstenir de marcher sur ses plates-bandes : la défense et la sécurité. Ce pacte non écrit l’accordait en réalité une grande influence dans les choix des hommes devant occuper les charges de ministres de la Défense et de la Sécurité. Bah N’Daw et Moctar Ouane, qui sont passés outre, l’ont appris à leurs dépens.
Goïta qui n’est point rallié à leur façon de faire signifiait ainsi qu’il est et restait l’homme fort, qu’il a l’autorité suffisante pour imposer son point de vue aux deux. Le résultat a été une coupure entre eux et le conflit.Le tombeur du régime d’Ibrahim Boubacar Keïta a reproché au président de former un nouveau gouvernement sans le consulter bien qu’il soit chargé de la défense et de la sécurité. « Une telle démarche témoigne d’une volonté manifeste du président de la transition et du Premier ministre d’aller vers une violation de la charte de transition (…) ou d’une intention avérée de sabotage de la transition ».
Assimi Goïta a assuré hier s’être vu « dans l’obligation d’agir » et de « placer hors de leurs prérogatives le président et le Premier ministre ainsi que toutes les personnes impliquées dans la situation ».
« Sains et saufs »
« Le processus de transition suivra son cours normal et les élections prévues se tiendront courant 2022 » a déclaré le colonel Assimi Goïta dans une déclaration lue à la télévision publique par un collaborateur en uniforme.
Le colonel Goïta avait conduit le 18 août 2020 le putsch contre le président élu Ibrahim Boubacar Keïta après des mois de contestation populaire. La junte avait ensuite installé des autorités de transition, dont Bah N’Daw, militaire à la retraite, et Moctar Ouane, diplomate. Ils s’étaient engagés, sous pressions internationales, à rendre le pouvoir à des civils élus au bout de 18 mois, et non pas trois ans comme ils l’estimaient nécessaire. Ils conservaient cependant la main sur les leviers du pouvoir, avec le colonel Goïta dans le rôle taillé sur mesure de vice-président en charge de la sécurité.
Lundi, les militaires ont mis la main sur le président, le Premier ministre, le nouveau ministre de la Défense et de hauts collaborateurs, quelques heures à peine après la présentation d’un nouveau gouvernement à la suite de la démission du précédent, confronté à une contestation grandissante. Ils les ont fait conduire de force au camp de Kati, haut lieu de l’appareil de Défense à quelques kilomètres de Bamako, où l’ancien président Keïta avait dû annoncer sa démission. Ils sont “sains et saufs. Ils ont passé la nuit dans de bonnes conditions. Le président a vu son médecin”, a indiqué un haut responsable militaire s’exprimant sous le couvert de l’anonymat en raison de la volatilité de la situation.
Fani