Les négociations unilatérales CEDEAO envahisseurs (MNLA- Ançar Dine-AQMI) donnent l’image surréaliste de la ronde des négociants désabusés. Et pour cause. D’abord la partition malodorante, maladroite, à la limite exaspérante de la CEDEAO à vouloir coûte que coûte parvenir à un règlement négocié de l’occupation armée des 2/3 du territoire d’un pays souverain. En mettant en avant l’option du dialogue, la médiation a ouvert dès au départ la boîte de pandore.
Les ennemis du Mali n’en demandaient pas mieux, eux qui récemment ont tenté de se dissoudre en une entité pour d’avantage asseoir, une hégémonie de vainqueurs, violeurs, voleurs et assassins d’enfants et femmes. Ainsi par la volonté délibérée de la CEDEAO, les égorgeurs d’Aguel’hoc éprouvent un malin plaisir à arpenter les salons, les couloirs du palais, ou à tout le moins les symboles de la souveraineté du pays des hommes intègres.
Par ailleurs la caractéristique fondamentale de la méthode de la médiation est basée sur le distinguo entre ” rebelles ” et terroristes- Djihadistes- narcotrafiquants. Il apparait clairement que cette procédure de négociation adoptée par Ouaga est une méprise grave de la situation telle que vue par les maliens. C’est ainsi qu’en recevant une soi-disant délégation du point focal des preneurs d’otages Iyad Ag Galli, le Ministre des affaires étrangères du Faso Djibril Bassolé a déclaré que la négociation souhaite qu’Ançar dine se démarque totalement des Djihadistes terroristes et rejoigne ” MNLA ” dans le pool de négociation avec la CEDEAO.
De l’analyse des maliens, une telle dichotomie est inacceptable et même hors de question dans tout règlement de la récupération du septentrion. En fait une telle approche telle que décidée par la CEDEAO consisterait in fine à accorder à des apatrides sans foi ni loi des avantages (large autonomie dixit MNLA ” absolution de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité…).
Parallèlement à cette parodie de négociation, la communauté internationale qui n’est, en réalité, intéressée que par la lutte sous toutes ses formes contre le terrorisme international incarné par Al Qaida mettra le septentrion à feu pour en finir une bonne fois pour toute avec AQMI-MUJAO-Bokou-haram et tous les autres groupements qui pullulent dans le secteur saharien.
Voilà le sens, véritablement, de l’obstination de la CEDEAO à vouloir imposer au peuple malien un règlement négocié de la question de l’occupation du nord malien. Pour les observateurs avisés et pour le peuple malien, la CEDEAO s’est trompée lourdement dans la mesure où les Maliens souffrent le martyre d’une part et d’autre part se préparent dans le même temps à écraser tous les crabes sans distinction aucune.
En outre, le ”MNLA” vient de faire un pied-de-nez à la médiation avec la proclamation officielle fortement médiatisée de la création de son territoire sur les limites intangibles des frontières du Mali indépendant. Le paradoxe dans cette affaire, c’est que le peuple malien est absolument occulté ; en tout cas pour le moment de la valse des déplacements chez le Médiateur de la CEDEAO comme si c’est un peuple puéril, incapable de réfléchir et de décider par lui-même.
La CEDEAO doit rapidement se ressaisir et sortir de cette foire du bluff qu’elle a orchestrée au risque de se décrédibiliser totalement aux yeux des peuples qui la composent dans la mesure où pour Iyad Ag Galli dans ce XXI ème siècle, il est impensable d’empêcher un peuple de choisir sa religion, autrement dit quelle que soit l’issue des tête à têtes avec la médiation, la charia reste et restera la constitution du Mali du nord au sud.
A Ouaga de redevenir la capitale de la realpolitik en privilégiant l’option militaire.
BT
L’article nest pas encore paru dans l’I.A. ou faut-il lire 18/6/2012 au lieu de 28/6/2012
Chronique diplomatique Cedeao : Aucun Etat membre ne peut donner une leçon de démocratie au Mali
L’Intelligent d’Abidjan-28/6/2012
Aucun des 15 Etats de l’Afrique de l’Ouest, membre de la Cedeao ne peut donner une leçon de démocratie à l’Etat malien. Ce serait faire un affront aux Maliens qui en 1946, à l’époque du Soudan français, ont vu naître le RDA, présidé par l’Ivoirien Félix Houphouët-Boigny. Inutile de dire que c’est au Soudan français, aujourd’hui le Mali, que la social-démocratie a vu le jour pour l’Afrique. Et, c’est à Bamako, en 1946 que l’Ivoirien Félix Houphouët-Boigny a pris son envol politique. Le Mali indépendant et le premier président Modibo Keïta n’ont pas fait de simulation, ni avec la France, puissance coloniale, ni avec Félix Houphouët-Boigny, président du RDA, ami personnel pour l’Afrique du Français le général De Gaulle. Le Mali n’a de leçon de bonne conduite à recevoir d’aucun Etat de la Cedeao. Modibo Keïta avait refusé, l’installation d’une base militaire française à Bamako. Dans l’histoire de l’indépendance politique de l’Afrique de l’Ouest, le Mali a pleinement joué son rôle. Il en est de même dans l’histoire de l’Afrique de l’Ouest, en général, depuis l’époque des grands empires de la boucle du Niger jusqu’à l’histoire contemporaine : Ba Bemba, Askia Mohamed, Soundiata Keïta, Soumangourou Kanté étaient des illustres maliens, opposés farouchement à l’injustice. Dans cette optique, l’hymne national malien est la mise en musique de cette identité patriotique. A l’analyse, l’histoire du Soudan français, et au-delà celle du Mali ne ressemble à celle d’aucun Etat de l’Afrique de l’Ouest. Le Mali est le symbole du Rassemblement démocratique africain, d’Abidjan à N’djamena, de Niamey à Ouaga. C’est pourquoi, aucun des 15 Etats de la Cedeao ne peut donner une leçon de sagesse au Mali, ‘’Centre d’unité’’ de tous les africains de l’Afrique de l’Ouest et centrale qui se sont battus pour l’indépendance de leurs pays. Aucun Etat de la Cedeao ne peut donner une leçon de sagesse au Mali, qui regorge de hauts cadres ayant démontré leurs compétences dans ses institutions africaines et internationales ; comme Soumaïla Cissé, ancien président de la commission de l’Uemoa, Alpha Oumar Konaré ancien président du Mali et de la commission de l’Union Africaine sans oublier Cheick Modibo Diarra, cadre technique à la Nasa. Aucun Etat de la Cedeao ne peut donner une leçon de démocratie au Mali. Car ce qu’on reproche aujourd’hui à l’Etat malien, rares sont les Etats de la Cedeao qui ne connaissent pas une rébellion, un coup d’Etat militaire ou un tripatouillage constitutionnel. Compromis que certains chefs d’Etat de la Cedeao ont utilisé pour se faire plébisciter par leurs populations. Aucun Etat de la Cedeao ne peut donner une leçon de démocratie au Mali. C’est pourquoi, je pense qu’il faut laisser les Maliens afficher leurs objectifs politiques, constitutionnels, diplomatiques. Et si cela est nécessaire, c’est aux Maliens eux-mêmes de demander une assistance à l’Union africaine, l’Onu ou à la Cedeao. Le règlement de la crise malienne est à ce prix, loin des débats de manipulations des consignes de Paris ou de Washington. Je ne suis pas d’accord avec les 15 Etats de la Cedeao qui considèrent toujours le gouvernement de Cheick Modibo Diarra, constitué dans le cadre de l’accord de Ouaga, comme un gouvernement de ‘’déviation’’ constitutionnelle. Parce que les militaires acceptent des postes ministériels. Mais l’armée malienne est une institution républicaine et elle a un droit de regard sur la gestion des autres institutions du Mali. Autant pour moi, aucun Etat de la Cedeao ne peut donner une leçon de sagesse au Mali, Etat indépendant. A mon avis et en toute logique, ce qui est possible au Nigeria, Sénégal, Bénin n’est pas forcément judicieux au Mali, en Côte d’Ivoire ou au Liberia. Je rappelle, que ceux qui ont créé la Cedeao de Félix Houphouët-Boigny, Senghor, en passant par Sékou Touré, Seyni Koutché, connaissaient parfaitement la sociologie des 15 Etats membres de la Cedeao, particulièrement leurs capacités historiques et traditions morales. Dans ce cas précis, il faut encore respecter l’Etat du Mali, qui a une histoire originale et civilisationnelle, rapportée par l’explorateur français René Caillé. Les historiens et universitaires africains le savent, le Mali est un symbole de la culture universelle, avec la ville de Tombouctou, comme patrimoine de l’humanité. Que les Etats de la Cedeao s’imprègnent de ces réalités historiques et traditionnelles pour régler la crise malienne, loin des grands arrangements politiques et des petites vérités diplomatiques. Résultat : L’Etat du Mali connaît son histoire de démocratisation depuis 1946 et chaque Malien connaît la sociologie, la morale et la tradition de son pays. Aucun pays membre de la Cedeao ne peut donner une leçon de sagesse et de démocratie aux Maliens.
Par Ben Ismaël _ Source : Ivorian.Net
Merci monsieur, d’avoir pris un peu de ton temps pour éclairer la lanterne de certains esprits rétors, tordus par la démagogie et la corruption intellectuelle et financière.
Votre analyse est d’une objectivité formidable. Cependant, force est de reconnaitre que la place que vous reservez aux sieurs Soumaila Cissé et Alpha Oumar Konaré n’est pas du tout méritée.
Modibo Kéita et avant lui nos illustres ancêtres comme Soundiata, Soumangourou, Askia Mohamed et autres ont bati ou ont contribué à batir des empires ultra puissants. Nos trois grands empires originels nous le rappellent constamment, à savoir : le GHANA, le MANDINGUE, et le SONGHOI.
Un empire,un royaume ou une republique ne peuvent être considérés comme forts que lorsqu’ils parviennent à mettre sur pied une ARMEE PUISSANTE.
Mais qu’ont fait Alpha Oumar Konaré et sa clique ADEMATESQUE ?
Au lendemain des évênements de mars 1991, Ces hommes-là ont mis en place un programme de destruction systématique de l’armée Malienne.
– Aucune nouvelle arme n’a été achetée.
– Aucune pièce détachée pour la révision de l’existant.
– Au contraire sur ordre du pseudo-colonel Siriman Kéita, sur recommandation de Alpha,nos munitions et nos mines anti-personnelles ont été détruites derrière Djidjeni,
– Le professeur ALI NOUHOUM DIALLO s’est même laissé aller jusqu’à affirmer qu’il n’y aura plus jamais de guerre et que tout se reglera désormais par la voie du dialogue.(comme s’il avait un pacte avec Dieu lui-même)
Si nous en sommes là aujourd’hui, nous le devons pour beaucoup à la gestion calamiteuse faite des questions militaires pa ALPHA OUMAR KONARE. Et Soumaila Cissé fut son ministre pendant presque tout son mandat. Ce dernier est autant coupable que lui.
Encore une fois votre analyse a largement contribuée à informer beaucoup de gens sur tout un pan de l’histoire.
Soyez-en remercié.
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