Le nouveau ministre de la défense et des anciens combattants, Tiénan Coulibaly, très sérieux et connu pour son pragmatisme veut bouleverser l’ordre établi dans le recrutement dans l’armée malienne. Il veut mettre fin à une pratique malhonnête en cours depuis des années dans le processus de recrutement de nos soldats. Il s’agit des recommandés.
A chaque recrutement, ce sont des listes parallèles qui font légions. Ces listes sont soutenues par des ministres, des députés, des officiers supérieurs et autres. Cette situation a de sérieuses conséquences sur la qualité des nouvelles recrues. C’est pourquoi à l’issue de tous les processus de recrutement, l’armée malienne se retrouve avec des soldats pas motivés, pas prêts pour la défense de l’intégrité du territoire national. C’est à cette pratique indigne que le nouveau ministre veut s’attaquer. Attendons de le voir à l’œuvre !
Les ministres, les députés, les officiers supérieurs, bref tous ceux qui profitent de leur position politique, administrative, économique et sociale pour influencer le choix des recrues sont avertis. Avec Tiénan Coulibaly, connu pour son sérieux et son intégrité, les choses vont fondamentalement changer. Mais aura-t-il les coudées franches. ? Les mois à venir nous en dirons !
La classe politique : le malheur des maliens !
Est-ce que le ministre de la défense, qui a dénoncé les mauvaises pratiques lors des recrutements, peut encore avoir besoin des mêmes députés pour l’aider? C’est là toute la question. Ils sont là, ils n’ont pas changé, ce sont les mêmes qui envoient les listes pour influencer le processus de recrutement. La faute incombe principalement aux officiers supérieurs. Ces techniciens qui connaissent très bien les conséquences d’un recrutement qui n’est pas fait conformément aux exigences d’une armée sérieuse.
Pourquoi ne se sont-ils jamais opposés à ces mauvaises pratiques, s’ils savent que cela peut jouer sur la qualité des hommes et de la formation et nuire à l’armée ? Ainsi, l’on comprend aisément pourquoi nos soldats détalent à chaque accrochage avec l’ennemi. Dans la pratique, chaque officier informe son fils ou son protégé, en lui demandant de prendre ses jambes au cou, pour éviter de se faire tuer pour zéro pour le Mali. Ceux dont les parents ne sont pas officiers vont au charbon, parce que ne disposant d’aucune information pour prendre des précautions. Il faudra à l’avenir situer les personnalités, qu’elles soient civiles ou militaires qui sont à la base de ces pratiques. Aucun favoritisme ne doit permettre à quelqu’un ne remplissant pas les conditions, de figurer sur la liste de nos braves soldats. Au-delà des dénonciations faites par le ministre, quelles sont les nouvelles mesures qu’il compte prendre afin de rétablir la dignité de notre armée? Comment compte-t-il équiper l’armée pour qu’elle soit dans les conditions idoines de remplir efficacement sa mission? Voilà ce qui importe pour les citoyens maliens. Après ces dénonciations bien qu’importantes à savoir, le ministre a besoin des coudées franches pour mettre en branle sa nouvelle vision de l’armée malienne. Tiénan Coulibaly en connaisseur de la situation politique du pays, devra également, à la différence de ses prédécesseurs, s’affranchir de l’autorité du rejeton national qui s’est substitué aux ministres de la défense successifs en sa simple qualité de président de la Commission Défense… qui n’a rien à voir avec le fonctionnement de l’armée. Il a trop compris les compétences de cette commission. C’est tout de même un premier pas, si pour la première fois, un ministre dit tout haut, ce que pensent les autres tout bas. Que les députés, les officiers supérieurs et les ministres comprennent que le Mali change et qu’il faut changer avec. Plus de coup de fil, plus de lettres de recommandation de parents ou de neveux pour le recrutement dans l’armée. Tous les candidats seront désormais logés à la même enseigne.
Au-delà du recrutement, notre armée souffre d’autres problèmes. Il s’agit du manque d’équipements et de matériels. A cela s’ajoute la mauvaise gouvernance. C’est un secret de Polichinelle, l’armée malienne est gangrénée par la corruption. Le ministre doit y veiller. Il devra exiger un audit à propos des ressources financières destinées à l’équipement de l’armée depuis ces quatre dernières années. Des traces doivent exister même après ces changements perpétuels de ministres. Ensuite, il doit mettre les conclusions de l’audit à la disposition du public. Il ne faut pas qu’après il nous parle de secret défense. Il n’y a rien de secret dans le vol des deniers publics. Les citoyens maliens veulent tout savoir, notamment l’immixtion par défaut, de certains députés, ministres et autres, dans les affaires de l’armée. On veut la vérité.
Oumar Traoré