œil du combattant: La vie des journalistes maliens en danger : il est donc temps qu’ils s’unissent

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Il est temps de prêter une attention particulière envers les journalistes sérieux, sincères et dévoués à faire jaillir la vérité pour éclairer la lanterne des Maliens endormis par des  mensonges depuis l’avènement des militaires suite à leur fameux putsch du 22 mars dernier, endormis par la manipulation et une mauvaise foi inimaginable. Nous parlons aussi des journalistes talentueux qui, se sont distingué par leur travail et méritent donc soutien et encouragements. Il y en a sans doute d’autres…

Des Maliens regardent des Une de journaux à Bamako © AFP

Depuis un certain temps, les hommes de médias sont devenus la cible, sinon la proie de militaires qui veulent coûte que coûte les intimider, à défaut les faire taire. Pourtant, on est enclin à leur donner et pour cause : au lieu de s’unir pour défendre la liberté de presse acquise au prix du sang et de la souffrance, les journalistes maliens sont plutôt divisés, chacun faisant cavalier seul et pensant plus à son intérêt personnel que collectif. Ayant remarqué cette faille au sein de la Presse depuis le coup de force de mars dernier, les militaires putschistes ont fini par comprendre que s’en prendre aux journalistes sera chose  facile car ils sont désunis. C’est ainsi que nos confrères Birama Fall, Abdramane Kéita, Habib Baby et Saouti  Haïdara (la liste n’est pas exhaustive) seront victimes des militaires en complicité avec d’autres journalistes car dès les premières heures du coup d’Etat, certains d’entre eux ont déménagé à Kati et sont ainsi devenus des indics pour ces militaires. Nous fondons notre analyse sur le fait que chacune des  d’associations de journalistes fait ce qui lui plaît. Et on met la Maison de la Presse au devant de leurs activités, alors que sous d’autres cieux, cette Maison, qui est une institution, se mêle rarement de la défense des droits des journalistes. Cette  tâche revient plutôt au patronat, aux associations de journalistes et à l’observatoire de l’éthique et de la déontologie de la Presse. Mais el n’est pas le cas sous nos cieux où les journalistes ont tout confondu, sans rien maîtrisant le plus souvent ou ne voulant tout simplement pas aller vers le  professionnalisme  car chacun défend son intérêt.  Pourquoi ?

Les cas d’Abdramane Keïta et Saouti Haïdara doivent faire réfléchir c    ar leur seul « crime » a été d’avoir toujours refusé de cautionner les mensonges d’Etat. Par ailleurs, la liberté d’expression ne doit pas être un vain mot pour le peuple malien qui a sué sang et eau pour cela.  En effet, la Presse a joué un rôle capital dans l’alternance politique et démocratique en mars 1991, date à laquelle les Maliens ont chassé du pouvoir celui qui, pendant 26 ans, a régné sur le pays comme un roi.  Forts de cette liberté d’expression, les médias ont été très tôt critiques envers Alpha Oumar Konaré, le premier Président démocratiquement élu, mais ils ne sont pas parvenus  à débarrasser ce dernier de son capital sympathie. C’est un peu comme les Guignols de l’Info en France : à force de se moquer de Jacques Chirac, ils lui avaient forgé une véritable personnalité charismatique dans laquelle le Président français n’a eu qu’à se glisser.

Le bouillant Capitaine Sanogo, mais respecté par une partie  des médias et de la classe politique, a commencé à lancer des  fleurs à la Presse avant de faire des promesses démesurées. Par petites touches, il a repoussé les limites de l’acceptable et s’est taillé ainsi un terrain de jeu dont il est le seul acteur. Il a bâti « son » empire en dépit de la surveillance des médias et de l’opposition. Pourquoi? Parce que d’une certaine manière, ces deux types d’acteurs sont entrés dans le jeu de la provocation. L’opposition s’est cantonnée à réagir et non à surprendre le pouvoir. En dénonçant à tout va avec forces moqueries le chef de la junte, les journaux ont banalisé sa pratique du pouvoir.

Dans les rédactions maliennes, on se marre et on s’indigne, mais on finit par en rire

Très récemment, c’est la gravité qui a pris le pas. Il y a l’incertitude qui plane sur l’avenir du pays. Il y a la violence militaire qui n’en finit plus de choquer et d’émoustiller, notamment cette violence qui se déchaîne sur les journalistes. Avec cette trouille qu’on lit dans les yeux de l’armée, des éléments souvent jeunes et inexpérimentés, comme si on leur avait martelé que la terreur était de l’autre côté, du côté de ces pauvres journalistes qui n’ont que leur plume pour se faire entendre. Comme si la solution était la répression, comme si la violence serait bien pire encore si on laissait les journalistes faire leur travail comme il se doit. Le Capitaine Sanogo joue la carte de l’intransigeance et envoie un message bien clair au peuple, aux journalistes, à l’opposition : « Ne vous mettez pas en travers de ma route ! ». Ce n’est pas que les journalistes se sont laissé berner ou qu’ils n’ont pas été attentifs. En fait, ils ont été trop optimistes. En effet, après 50 ans d’indépendance et de stabilité politique, qui aurait pu penser que la première victime des dérives autocratiques des régimes précédents pourrait vouloir mettre à mal le contrat social malien? Tous ces tours joués par Sanogo ne visent-ils finalement pas à détourner l’attention et obliger les « chiens de garde» de la démocratie à courir plusieurs lièvres à la fois, avec l’impossibilité d’entendre les bruits de botte du coup de force en marche?             L’histoire de la presse malienne est riche en combats, en courage, en résistance…A présent, il lui faut commencer à écrire une autre page (celle du véritable contre-pouvoir ) et  obliger les futurs tenants du pouvoir à changer ou à rester les mêmes, à rendre des comptes. Les journalistes seront-ils à la hauteur?

Le Fouineur 

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3 COMMENTAIRES

  1. Il est temps que les vrais journalistes assainissent son milieu,eviter la diffamation ,penser à la situation actuelle du pays en y mettant pas de l’huile sur le feu,faire preuve de patriotisme en sachant raison gardé pour mieux conserver cette liberté de presse si chèrement acquis

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