Le juge d’instruction Yaya Karembé a placé sous contrôle judiciaire, vendredi 14 mars 2014, Ibrahim Dahirou Dembélé.
L’ancien chef d’état-major général des armées du Mali est ainsi interdit de sortir et de rentrer en contact avec les autres inculpés, détenus ou non détenus. Ibrahim Dahirou Dembélé ne devrait plus porter d’arme en ville comme chez lui à la maison et a obligation de se présenter au cabinet du juge d’instruction tous les lundis à partir de 10 heures.
Cette mesure judiciaire peut en effet faire taire beaucoup de suspicions dans cette affaire où jusqu’au vendredi dernier, l’ancien chef d’état-major général des armées du Mali n’avait encore été inquiété. Selon l’entourage du juge d’instruction Yaya Karembé, la non-inculpation du général Dahirou serait purement stratégique d’autant que tout le monde doit peut être passionné sauf le juge. Selon toujours son entourage, le juge d’instruction détiendrait les preuves que c’est le général Dahirou Dembélé qui a signé les décisions d’envoi de militaires au front notamment au sein de l’opération Badenko. Or, il se trouve que dans ces fameuses listes figuraient des bérets rouges disparus à la suite du contre-coup d’Etat du 30 avril 2012.
Il nous est revenu qu’au cours de son audition, le général Ibrahima Dahirou Dembélé aurait donné beaucoup d’informations susceptibles de favoriser l’identification des auteurs des fameuses listes. Il aurait en outre expliqué au juge d’instruction, selon notre source, que c’est Oumar Mariko, secrétaire général du parti Sadi, qui a fait circuler des rumeurs sur sa fuite. Alors que celui-ci lui avait auparavant demandé de fuir afin d’échapper à une inculpation, chemin faisant, à la prison. Oumar Mariko aurait en outre demandé au général Dahirou d’agir en conséquence pour éviter la prison directe. Selon nos informations, «Dahirou lui aurait dit de lui foutre la paix», tout en lui signifiant de rester à sa place d’homme politique.
Daniel Tessougué camoufle un PV important
Par ailleurs, a-t-on appris, le procès-verbal dressé par la gendarmerie nationale suite à la mutinerie du 30 septembre 2013 a été remis vendredi 14 mars 2014 au juge d’instruction Yaya Karembé. Ce PV était jusqu’à présent au niveau du parquet général. Visiblement, seul le procureur général de la République, Daniel Tessougué, était au courant de l’existence de ce précieux document. En tout cas, ce document apparaît après que le juge Karembé eut poursuivi ses investigations en exhumant plusieurs corps de militaires disparus. Il revient, selon nos informations, au 2ème cabinet d’instruction de mener des enquêtes sur cette affaire qui semble avoir une connexion avec celle du 30 avril 2012.
Aussitôt après sa réception, le juge Karembé a fait une demande de mise à disposition de 48 militaires cités dans la mutinerie du 30 septembre 2013. Le même document consigne les réponses du colonel Diamou Keïta à une série de questions, à lui envoyées, par le juge Karembé. À cet effet, Diamou Keïta, ancien directeur général de la gendarmerie, avait reçu une réquisition à personne qualifiée. Il a ainsi fait savoir qu’une commission d’enquête composée de gendarmes en poste à Kati avait été mise en place. Juste après le 30 septembre 2013. Cette commission travaillait sous l’autorité directe du procureur général de la Cour d’appel.
Ce qui a été confirmé par Blonkoro Samaké lors de son audition. Selon ce dernier, c’est cette commission qui a enquêté sur les deux affaires. Il avait même donné les références du procès-verbal établi par cette commission. Curieusement, ce PV ne figurait dans aucun document. Alors qu’il pouvait fournir des indices importants dans le cadre de la découverte des différents corps de militaires exhumés par le juge Yaya Karembé. Ce qui est encore troublant, c’est que les éléments de la gendarmerie, qui travaillent actuellement avec le juge Yaya Karembé, étaient tous au courant de l’existence de ce procès-verbal. Mais personne d’entre eux ne lui en avait parlé. Même le procureur général de la République, qui était pourtant avec Karembé sur le site du puits de Malibougou.
Avec ces deux dossiers en main, le juge d’instruction Yaya Karembé a encore du travail. Et vraisemblablement, plusieurs militaires, même les 32 qui viennent d’être libérés récemment, seraient concernés par la mutinerie du 30 septembre 2014.
Kassim TRAORE