C’est dans la nuit du samedi à dimanche, que le corps d’un militaire avec ses galons de colonel a été découvert dans un puits profond de 50 mètres. C’est un caporal actuellement aux arrêts, ancien homme de main du Général Sanogo, qui aurait indiqué aux enquêteurs le puits, en précisant “que c’est là que le Colonel Youssouf Traoré a été enterré.” La maison où le corps a été retrouvé appartiendrait à un important membre de l’ex-junte militaire“.
L’ouverture des enquêtes a conduit à l’interpellation et à la mise sous mandat de dépôt de l’ex-chef de la junte, le Capitaine Amadou Haya Sanogo pour enlèvement, séquestration et disparition forcée. Très vite, ce mobile a changé, pour devenir celui de complicité d’assassinat avec la découverte du charnier de Diago, un village situé non loin de la caserne de Kati (QG de la junte), où 21 coprs ont été retrouvés dans une fosse commune. Ils étaient tous habillés de tenue militaire.
Au mois de février dernier, plusieurs officiers de haut rang ont été interpellés et placés sous mandat de dépôt dans le cadre de cette même affaire. Il s’agit notamment du Ministre de la Défense et des Anciens Combattants sous la Transition, le Général Yamoussa Camara, du Directeur général des Services du Renseignement, la Sécurité d’État, le Général Sidi Alhassane Touré, et du Capitaine Tahirou Mariko, aide de camp de Amadou Haya Sanogo.
Deux semaines après l’interpellation et la mise sous mandat de dépôt de ces trois officiers, soit le dimanche 23 février 2014, deux autres fosses communes ont été découvertes à Bemasso, à quelques kilomètres de Kati, contenant en tout 5 corps de militaires et des têtes de caïmans.
UNE ÉVOLUTION VERS LA MUTINERIE DU 30 SEPTEMBRE 2013
Une dizaine de jours après l’investiture du Président Ibrahim Boubacar Kéïta, une mutinerie avait éclaté à la caserne de Kati. A la suite de cette mutinerie, plusieurs corps de militaires membres de l’ex-junte ont été retrouvés en divers endroits de Kati et alentours.
Ces découvertes macabres confirmaient la guerre de tranchée qui s’était désormais installée entre divers clans de l’ex-junte. D’un côté l’on retrouvait le clan conduit par le Colonel Youssouf Traoré et le Capitaine Amadou Konaré et de l’autre, le clan affilié au désormais général Amadou Haya Sanogo. Les mutins, les hommes du clan Colonel Youssouf Traoré- Capitaine Amadou Konaré, exigeaient des promotions en grade, de meilleures conditions de traitement et se déclaraient lesés par le clan Amadou Haya Sanogo.
La mutinerie du 30 septembre 2013 a vu des règlements de comptes sanglants entre ces deux clans.
Après deux jours d’affrontements “fratricides”, la mutinerie fut stoppée par les forces loyalistes au Gouvernement. Le Capitaine Amadou Konaré et plusieurs mutins furent mis aux arrêts, puis placés sous mandat de dépôt. Mais depuis, le Colonel Youssouf Traoré était porté disparu… jusqu’ici avant-hier, samedi, dans la soirée.
Selon nos informations, le corps en décomposition du Colonel Youssouf Traoré a finalement été retrouvé dans un puits à Kati. Ce puits serait situé dans une concession appartenant à un membre important de l’ex-junte.
Nos sources rapportent que “les enquêteurs ont retrouvé dans un puits de Kati, dans la nuit de samedi à dimanche, le corps d’un militaire, ainsi que ses galons de colonel. Le corps était en décomposition”. “Le corps a été retrouvé dans un puits profond de 50 mètres. Ce sont des militaires arrêtés dans le cadre des enquêtes qui ont indiqué l’endroit aux enquêteurs”, a dit ce proche du juge Karembé, présent lors de la découverte.
C’est un Caporal actuellement aux arrêts, ancien homme de main du Général Sanogo, “qui a indiqué aux enquêteurs le puits, en précisant que c’est là que le Colonel Youssouf Traoré a été enterré. Mais il faut des analyses pour confirmer qu’il s’agit bien de son corps”, a précisé la même source proche du juge Karembé.
“La maison où le corps a été retrouvé appartient à un important membre de l’ex-junte militaire” des putschistes de mars 2012, affirme toujours la même source.
Bien avant la mutinerie du 30 septembre 2013, une certaine animosité avait apparu au grand jour entre le Colonel Youssouf Traoré et le Général Amadou Haya Sanogo. Le premier, qui était Colonel déjà au moment du putsch du 22 mars 2012, contestait le grade de Général du second, qui n’était que Capitaine un an plus tôt, c’est-à-dire le jour du coup d’État.
Baba SANGARÉ
Communiqué de presse du gouvernement
Le Gouvernement du Mali informe l’opinion publique nationale et internationale que dans la nuit du samedi 1er mars 2013, le Juge d’Instruction du 2ème Cabinet du Tribunal de Première Instance de la Commune III du District de Bamako, a fait procéder avec l’aide de la Police scientifique du Service d’Investigation Judiciaire de la Gendarmerie Nationale, en présence du Procureur de Kati et des responsables de la Police et de la Gendarmerie nationales, à l’exhumation d’un corps enfoui dans un puits dans l’enceinte d’une concession sise au quartier Malibougou de Kati qui appartiendrait à un haut responsable de l’ex-Cnrdre. Le puits avait été obstrué à l’aide de cailloux après l’ensevelissement du corps.
L’exhumation a été ordonnée dans le cadre du dossier Ministère public contre “x”, Issa Tangara, Amadou Haya Sanogo et autres pour enlèvement de personnes et complicité consécutif aux évènements du 30 avril 2012 survenus à Bamako.
Elle intervient après la découverte du charnier situé dans la Commune rurale de Diago, dans la nuit du 03 au 04 décembre 2013; de celle du cimetière de Hamdallaye, le 16 décembre 2014 et de celle faite derrière le Daral de Kati sur la route de Bemasso le 24 février 2014 où cinq (5) corps avaient également été exhumés.
L’information judiciaire se poursuit en vue d’identifier ces corps et de situer les responsabilités.
L’opinion sera informée en temps utile des développements ultérieurs de ce dossier.
Bamako, le 02 mars 2014