Mutinerie à Kati : les galons du malheur

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Le QG de la Junte a Kati (photo: AP Archves)
Le QG de la Junte a Kati (photo: AP Archves)

Un deal à Bamako entre les présidents Dioncounda Traoré le sortant, et Ibrahim Boubacar Kéita (IBK) l’entrant ? En tout cas, les troubles survenus récemment au camp militaire de Kati, laissent croire que les promotions à « la va vite », dont l’ascension du jeune capitaine Haya Sanogo au rang de général quatre étoiles, produisent des effets. Cela n’est pas de bon augure.

 

 

Le calme serait revenu dans le célèbre camp des para-commandos, situé à environ 15 km de la capitale malienne. Lundi dernier, le climat était tendu dans la ville-garnison où, de jeunes soldats avaient décidé de mener une fronde pour réclamer des galons. Tout comme leur ancien chef qui a renversé le général Amadou Toumani Touré (ATT), ces hommes du rang, réclamaient à leur tour une promotion. Après avoir agressé des proches du général Sanogo, ils menaçaient de prendre d’assaut la résidence de ce dernier. Une affaire entre militaires, auteurs et sympathisants du coup d’Etat du 22 mars 2012, que le ministère malien de la Défense, entend régler rapidement.

 

 

Les mêmes rebelles estiment qu’il est encore trop tôt pour que Bamako exerce toute sa souveraineté sur la région de Kidal

 

 

Ces troubles interviennent dans un contexte de crise entre forces rebelles et armée malienne. Outre les récents attentats des « djihadistes », on note que dimanche dernier, l’armée malienne et des combattants du MNLA se sont affrontés pendant près de 45 minutes dans le centre-ville de Kidal. Les forces internationales, qui ne sont pas intervenues lors des échanges de tirs, ont renforcé le dispositif de sécurité autour de la mairie de la ville, lieu de travail et de résidence du gouverneur de la région. Ces locaux officiels sont toujours occupés par les combattants touaregs du MNLA. Les mêmes rebelles estiment qu’il est encore trop tôt pour que Bamako exerce toute sa souveraineté sur la région de Kidal. Surtout que les négociations sont actuellement suspendues.

 

 
Le Mali est-il vraiment à l’abri d’une autre invasion « djihadiste » ? Pas si sûr ! Les derniers faits tendent à rappeler un scénario bien connu : l’armée malienne, en proie à des dissensions internes, avait fini par céder du terrain face à des envahisseurs inattendus. De son côté, la classe politique, comme tétanisée, prenait un malin plaisir à verser dans le dilatoire. Elle avait, elle aussi, fini par abdiquer face à une communauté internationale qui avait compris les exigences de l’heure. Aujourd’hui, le pays qu’on croyait se remettre sur ses pieds, montre un tout autre visage : la marmite est en pleine ébullition. A tel point que le nouveau chef de l’Etat, qui était en déplacement en France, se trouve contraint d’interrompre sa prise de contact avec le parrain français, les amis et autres Partenaires techniques et financiers (PTF), accourus au chevet du malade malien.

 

 

Le président François Hollande est toujours aussi disposé à voler au secours de ses amis maliens. Mais, il leur faudra aussi se montrer ouverts envers les hommes du désert, devenus encore plus méfiants et exigeants, depuis l’arrivée au pouvoir d’IBK. C’est que le successeur de Dioncounda Traoré, a hérité d’une situation plus que pourrie. En effet, comment gérer l’armée et ses contradictions internes ?

 

 

Promu général, chargé de reformer l’armée nationale avec avantages et prérogatives, l’ex-capitaine Sanogo doit faire des jaloux dans le camp d’en face, où siègent ses adversaires, mais aussi parmi les siens. Qu’on se souvienne des tiraillements entre bérets verts et bérets rouges ! Outre des dégâts importants, des expéditions punitives sur fond de rivalités mesquines sèment en général le désarroi dans la classe politique, et au sein des populations désormais sur le qui-vive.

 

 

Mais la tension en dents de scie dans les casernes, a aussi d’autres explications. Il est en effet acquis, que les largesses dont a bénéficié le nouveau général Sanogo, font des mécontents dans la troupe. L’un de nos confrères avait été sérieusement rudoyé, pour avoir rendu publiques les critiques d’un soldat gagné par le dépit. Envoyé au front pour lutter contre les « djihadistes », il avait déploré le manque de moyens, alors que ses supérieurs se la coulaient douce.

 

 

Ces injustices flagrantes inquiètent, et l’on peut se demander si par peur d’être renversé plus tard, ou empêché de gouverner, IBK n’aurait pas accepté des compromis avec l’armée ou le camp Sanogo. Lors du récent scrutin présidentiel, il était devenu manifeste que le candidat IBK bénéficiait du soutien de l’armée. Or, il disposait aussi de celui de nombreuses associations islamistes. A peine installé dans son fauteuil, aurait-il commencé à décevoir ? Ou ferait-il les frais de compromissions orchestrées durant la passation de services ?

 

 

Les derniers événements montrent que le Mali n’a pas seulement mal à sa gouvernance politique et économique. Il a surtout mal à son armée.

 

 

La situation actuelle est loin d’être réjouissante pour le nouveau pouvoir malien. Au moment où, croyant à une accalmie durable, les bailleurs de fonds se préparent à investir de nouveau au Mali, assurément cela tombe très mal.

 

 

Selon toute vraisemblance, l’ex-président par intérim, Dioncounda Traoré, n’a pas bien fait de promouvoir le capitaine Sanogo. Quel marchandage a-t-il donc pu conduire les deux hommes d’Etat à prendre de telles initiatives ? Les derniers événements montrent que le Mali n’a pas seulement mal à sa gouvernance politique et économique. Il a surtout mal à son armée. Et IBK, mêlé ou pas, de près ou de loin à la promotion du capitaine-général Sanogo, paie en ce moment la première addition d’une compromission avec l’armée. Ou du moins, avec des militaires auxquels, à tort ou à raison, une partie de l’opinion attribue l’avènement d’un civil au pouvoir, soit 45 ans après l’éviction par l’armée en 1968, du père de l’indépendance du Mali, feu le président Modibo Kéita.

 

 
Si tant est qu’une collusion existe entre IBK et Sanogo, que le premier doit sa victoire à l’armée, ne lui sera-t-il pas difficile d’avoir la confiance du Nord-Mali ? Autrement dit, le retour de la tension entre forces rebelles du Nord et armée malienne, ne trouverait-il pas sa source dans cette coalition d’intérêts insolites ? Certes, le nouveau chef de l’Etat malien a beaucoup d’impératifs, entre autres, la réorganisation de l’appareil d’Etat, le redéploiement du personnel, la redynamisation des services publics, la rentrée scolaire et universitaire, la réforme de l’armée, etc.

 

 

Mais, faut-il pour autant oublier que le challenger battu, Soumaïla Cissé, vient du Nord, et qu’il y aura toujours péril en la demeure, tant que les populations du Nord se sentiront délaissées ? Il faut vite réformer l’armée, et faire en sorte de ne pas démotiver les soldats. Mais, la question de l’armée ne doit pas prendre le dessus sur l’absence d’autonomie et les problèmes de développement, qui ont longtemps aidé à fragiliser le Nord. Plus que tout, le devoir patriotique doit l’emporter sur l’ego, et les ambitions égoïstes. S’il n’a eu ni le titre ni les avantages d’un ancien chef d’Etat, le général Sanogo passe sans doute pour un libérateur aux yeux de certains de ses compatriotes. Probable même, qu’il n’a rien perdu de sa superbe.

 

 

Mais, les mutineries de Kati montrent jusqu’à quel point les galons acquis sont à l’origine du malheur qui frappe l’armée, et pourrait condamner le pays tout entier. La page est tournée, et le jeune officier et ses compagnons, qu’on a fait l’erreur de n’avoir pas envoyés à la retraite, gagneraient à se faire oublier. Le Mali nouveau a besoin non pas d’intrigues, de bruits de bottes, de coups de fusils et d’attentats. Il a besoin que dans la paix et la fraternité vite retrouvées, ses citoyens se consacrent aux tâches de développement, en harmonie avec les autres peuples, singulièrement les voisins.

 

 

Source: Le Pays.bf

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11 COMMENTAIRES

  1. Mes amis militaires de Kati respectons nous, prescisement le general de salon et et des garces de macquis et ces anciens disciples. La bravoure d’un militaire Malien a l’heure ou nous sommes se montre au nord et non a Kati.

  2. C’est triste de le dire mais IBK est condamné à échouer. Sa compromission avec les putchistes de mars 2012 en font un homme lié. Il en a joué pour être Président, on voit mal comment il fera pour s’en défaire malgré des discours “fermes”. Il hérite d’un pays divisé, une armée divisée (bérets verts contre bérets rouges). Et la division au sein du corps des bérets verts vient s’ajouter à l’équation déjà insoluble. Où va rentrer le général Sanogo qui aura à ses trousses l’ensemble des bérets rouges (malgré le pseudo pardon) et une partie de ses anciens compagnons de bérets verts qui le voient en traitre? L’autre erreur monumentale aura été de remettre en scelle Moussa Traoré. Le Mali n’est pas sorti de l’auberge!

  3. Puisque IBK a toujours défendu les putschistes, puisque à peine arrivé au pouvoir il s’est empressé non pas de les traduire en justice comme il aurait fallu, mais de les RECOMPENSER ( 😯 😯 !!!), comme il a même été jusqu’à en inclure dans son propre gouvernement !
    En faisant ça, IBK a commis une erreur GROSSIERE, une véritable erreur de débutant : Il a choisi d’une part de s’accoquiner avec de la racaille et des vauriens, de les caresser dans le sens du poil en dépit de leurs forfaits connus de tous, en pensant naïvement « se les mettre dans la poche » d’une part pour être élu, et d’autre part pour être « tranquille après » !…
    ATT en son temps a commis la même imbécilité en faisant ami-ami avec les touaregs de retour de Lybie ; Il a naïvement pensé « se les mettre dans la poche » et « être tranquille après » en leur déroulant le tapis rouge et en ne les désarmant pas ( !!!…)
    Mais l’un et l’autre avaient juste oublié qu’un VAURIEN reste toujours un VAURIEN, et les Touaregs se sont empressés de tourner leur fusils vers l’armée Malienne, et les « grands amis » portés aux nues par IBK lui-même, se sont empressés de mettre le b.ordel dans un pays qui n’en a surtout pas besoin !!!
    Voilà maintenant de quoi rassurer les bailleurs de fonds sur le Mali, et de quoi rassurer tous ceux qui ont cru en IBK : 3 semaines à peine d’un « nouveau » pouvoir, et des tirs de kalash dans le camp principal de l’armée Malienne !… Une tentative de hold up par des militaires armés aux douanes de kati !… Et un putschiste ministre de la sécurité !…
    Puisque IBK ne cesse de nous démontrer sa force et sa fermeté en parole, il n’a aujourd’hui d’autre choix que de nous les démontrer par des actes IMMEDIATS !!! C’est lui et lui seul qui a porté aux nues ces voyous, c’est lui et lui seul (par Dionkiss interposé) qui en a mis un à la tête de nos armées, c’est lui et lui seul qui en a mis 3 dans son gouvernement, c’est donc a lui et à lui seul de réparer (et d’assumer ses propres gaffes ! Tu nous as remis à nouveau le Mali dans le western et le chaos en à peine 3 semaines, montre-nous comment tu sors le Mali de cette ornière ! ON TE REGARDE !
    Si ces mutins ne sont pas IMMEDIATEMENT ARRETES ET RADIES DE L’ARMEE MALIENNE, on saura définitivement ce que tu vaux.

  4. le camp de la honte a encore fait parler de lui
    quelle inconscience de la part de ces militaires du camp de Kati, sinon qu’ils sont lâches et inconscient parc qu’ils n’ont aucune considération pour les autres!!! quelle merde
    IBK, IBK prends tes responsabilités, radie ces tocards inutiles et encombrants sinon tu aura des problèmes, leur rythme de vie n’est supportable par les Maliens, ils pris gout aux femmes, a l’argent, aux salles climatisées alors que les vrais soldats sont entrain de défendre la BMS de Kidal! n’est ce pas eux qui méritent les promotions!!!
    quelle merde
    que DIEU protège le MALI

  5. Il faut respecter les gens qui lit vos articles.
    vous dit des importe quoi! le camps para n’est pas a 15km du capital.

  6. Tous ces mutins de soldatesques doivent être radiés de notre armée nationale!Le Mali n’a pas besoin d’une telle revolte au moment où les autres pays sont venus nous aider!Il faut sanctionner ces soulèvements avec la plus grande rigueur sinon il y en aura d’autres qui tenteront encore l’aventure!Même au front, les hommes de rang ne sont pas logés au même enseigne que les hauts gradés tout le monde le sait bien.Sans discipline il ne peut pas y avoir d’armée republicaine! 😈 👿

    • Le malheur chez nous c’est que tout le monde est stratège. Quand le soldat refuse de reconnaître l’autorité de son chef, quand des jeunes avec des diplômes truqués ou sous-tendu de favoritisme se pavanent et traitent les anciens expérimentés d’ignares. Quand les jeunes de moins de 40 ans réclament le grade de général. Ces faits dénotent que nos diplômés de l’école de guerre n’ont rien appris.

  7. Nous disons donc que plus de la majorité des militaires des armées africaines ne sont point des vrais soldats prêts à mourir pour leurs pays

    Nous disons et rappelons regarder comment ils ont détalé en RDC Centrafrique Côte d’Ivoire Libye Mali Somalie etc tels des lapins en parlant de replis stratégique sans contre offensive stratégique

    Nous disons que le soulèvement des soldats plutôt des « soudards maliens » pour 1question de grade est « bizarre » et coïncide bizarrement avec la reprise des attaques au Nord comme s’ils veulent empêcher leur départ pour le front de guerre

  8. Nous disons et rappelons que les armées des lettrés mutants politiques africains sont constituées en majorité des membres de la famille de la tribut du clan politique qui y sont uniquement pour la « bouffaille » des deniers publics raison pour laquelle ils les octroient des grades « pépinières » d’officiers

    Nous disons donc que plus de la majorité des militaires des armées africaines ne sont point des vrais soldats prêts à mourir pour leurs pays

    Nous disons et rappelons regarder comment ils ont détalé en RDC Centrafrique Côte d’Ivoire Libye Mali Somalie etc tels des lapins en parlant de replis stratégique sans contre offensive stratégique

    Nous disons et rappelons que Sanogo n’est qu’à l’image des généraux et officiers pépinières des lettrés mutants politiques africains qui détalent tels des lapins en se retrouvant très loin dans 1autre pays de peur de recevoir 1balle assassine de l’ennemi aux 1er coups de feu tels les généraux Mobutu Sese Seko qui détala en s’envolant coome 1corbeau dans les airs pour se retrouver au Maroc où il mourut François Bozizé détala comme rallye man en passant par le Cameroun pour se retrouver en France Amani Toumani Touré qui détala de la colline de Koulouba tel 1champion du monde des 100 pour se retrouver au Sénégal

    Nous disons donc Sanogo doit avoir détalé comme 1dougadibi pour se retrouver de l’autre côté de la frontière

    Nous disons que le soulèvement des soldats plutôt des « soudards maliens » pour 1question de grade est « bizarre » et coïncide bizarrement avec la reprise des attaques au Nord comme s’ils veulent empêcher leur départ pour le front de guerre

  9. BK un homme de poigne, un homme de discours. Les maliens veulent vraiment sentir ta rigueur dans les actes et non dans les bla bla comme la recréation est terminée . Si une recréation est terminée c’est bien la tienne. Apres ton plan machiavélique réussi il faut maintenant montrer les résultats pour ces vieillards qui ont brave la pluie et le poids de l’âge pour aller voter pour toi avec seulement 50% de participation alors que la Guinée vient de faire aisément 80% de taux de participation. On peut appeler cela mobilisation massive…
    Dans tous les cas on ve veut entendre de ministres caillasses ou de mutinerie a Kati…. rappelles toi c’est de la que la fronde qui a emporte le vieux commando est parti et on ne peut te souhaiter moins…. Et on attend impatiemment de voir ce que le ciel qui a deverse ses tonnes d’eau dévastatrice nous réserve pendant ton ère .

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