Suite à sa déclaration à l’emporte-pièce au sujet de son tweet, appelant à mettre fin au régime d’IBK, l’ancien général Moussa Sinko Coulibaly a été convoqué, le jeudi dernier, au Camp I de la gendarmerie national. Ayant gaillardement soutenu de renverser le régime pour, dit-il, « abréger la souffrance des Maliens », à la suite du massacre de Boulkessi, on s’attendait que le très désormais ancien général, parachuté dans l’arène politique, assume ses faits et gestes et donne un sens à cette sortie publique, pour le moins, iconoclaste. Hélas ! L’ex-général s’est tout simplement dérobé, allant jusqu’à se dédire.
Abandonnant le navire en pleine tempête en haute eau (c’est l’image désastreuse que les Maliens gardent, dans leur grande majorité, de sa démission de l’armée en cette période de guerre) au profit de la politique, Moussa Sinko tire désormais sur tout ce qui bouge, du côté du régime en place. Au point d’inviter les Maliens à renverser un régime démocratique pour, dit-il, soulager la souffrance des Maliens. Voici les derniers faits de guerre d’un ancien général de l’armée. Et sur un tweet dont il s’est servi pour le faire.
Il lui a valu, comme en toute conformité à la légalité républicaine, d’être convoqué au Camp I de la Gendarmerie pour répondre des faits lui concernant. Jusqu’ici, rien d’étonnant dans un contexte démocratique, où les faits et gestes doivent être assumés, au regard de la loi, par ceux qui les posent. Sauf que l’ex-général, qui n’est connu d’aucun haut fait de bravoure et d’engagement patriotique dans sa carrière militaire, et qui était beaucoup attendu sur ses convictions politiques, s’est tout simplement défaussé devant les enquêteurs de la gendarmerie en se refusant à reconnaître ses propres écrits.
Ce geste non assumé de l’ex-général n’étonne pas un grand monde. En fait, dès sa sortie de ses longues heures d’audition, et que les coulisses des enquêtes ont livré leur secret, implacable pour le général démissionnaire qui n’a pas reconnu ses propres propos, plusieurs anonymes, sur les réseaux sociaux, ont expliqué qu’ils ne sont pas surpris par cette fuite en avant de ce pseudo-politicien. En effet, depuis les scores minables récoltés lors de la dernière présidentielle, l’homme s’est simplement cramponné à une sorte de fumée écran qui ne lui laisse pas appréhender la réalité des choses.
Mesurant sur lui les conséquences juridiques de ses propres propos, avec ce tweet ravageur, «il est impérieux de mettre fin à ce régime incompétent pour abréger la souffrance du peuple », pouvant être qualifiés « d’atteinte à la sûreté de l’Etat et incitation au soulèvement », l’ex-général n’a pas trouvé mieux que de se rebiffer, selon nos sources, devant les enquêteurs.
Pourquoi n’a-t-il pas assumé son propre tweet ? Si, comme l’ont révélé les coulisses des auditions, le général démissionnaire s’est barricadé derrière les astuces sémantiques pour ne pas supporter le poids juridique de ses mots, c’est qu’il ne se sent pas suffisamment apte à faire un quelconque sacrifice pour ses propres convictions politiques. Cela s’appelle de la fuite en avant qui n’honore pas le parcours d’un général de l’armée.
Et pour beaucoup de nos compatriotes, qui se sont déjà prononcés sur cette énième sortie ratée du général démissionnaire, c’est trop demander à un homme comme lui de se sacrifier pour ses propres convictions politiques. Lui qui a choisi de quitter l’armée, en tant que général, au moment où le pays est en guerre. Un général, même démissionnaire, c’est connu de tous, ne finit pas son interpellation, à la gendarmerie, sur des propos postés au grand public, par des essais grammaticaux sur le sens des mots utilités. Certes, le français, pour tous ceux qui l’ont appris, est une langue d’une grande subtilité.
Mais de là à ne pas assumer ses propres propos. Cela n’est pas digne d’un général de l’armée.
Comme il est rentré chez lui sain et sauf après des longues heures d’audition, à nier l’évidence, l’opinion publique, dans sa grande majorité, estime que c’est de lui faire un grand honneur de lui retenir dans les liens de l’accusation. De ce fait, d’après des observateurs avertis de la scène politique, il est désormais face à lui-même, ce général démissionnaire, à la recherche d’une virginité politique, même usurpée, après s’être rebiffé sur ses propos qui ne souffrent d’emblée d’aucune équivoque quant aux intentions affichées.
Ah, le courage en politique ! Que c’est dur en l’absence de convictions…
Oumar KONATE