Mort de cinq élèves officiers à l’Emia : Une tragédie « attendue » par les Maliens

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Les sanctions ne se sont pas fait attendre après la mort le 3 octobre 2011, lors d’un bizutage, de cinq élèves officiers d’Active de l’Ecole militaire interarmes (Emia) au Mali. Responsables et encadreurs de l’école ont été limogés et 24 élèves officiers de la 3e année, jugés responsables, radiés et mis à la disposition de la justice. Parmi eux il y aurait 21 Maliens, un Burkinabè, un Sénégalais, un Togolais. Toutefois, pour nombre de Maliens, cette tragédie « n’est que la rançon de la complaisance et de l’injustice » qui réservent ces écoles d’élite aux « seuls fils à papa ». C’est par pudeur qu’on ne se réjouit pas du drame.

Un communiqué de la direction de l’Information et des relations publiques des armées du Mali daté du 9 octobre annonce qu’une enquête a conclu que ce sont des sévices corporels infligés à l’occasion du traditionnel exercice de « Bahutage » qui sont à l’origine du décès des cinq élèves officiers (quatre Maliens et une Sénégalaise). Les responsabilités ont été situées, et les têtes ont commencé à tomber : le commandant du Centre d’instruction, le commandant de l’Ecole militaire interarmes et l’ensemble du personnel d’encadrement de l’école ont été relevés de leurs fonctions.

Les instructeurs permanents de l’école présents lors du drame écopent de 60 jours « d’arrêt de forteresse avec traduction devant un conseil d’enquête ». Les élèves officiers d’active de la 3ème année, coupables de sévices corporelles ayant entrainé la mort des cadets, ont été radiés et mis à la disposition des juridictions compétentes. Parmi eux, 21 Maliens, un Burkinabè, un Sénégalais, un Togolais. Les cinq élèves officiers d’active ont perdu la vie le 3 octobre dernier au cours d’un exercice, le « bahutage », une tradition dans l’armée malienne durant laquelle les ainés (élèves officiers de 3e année) infligent des exercices allant quelques fois jusqu’aux châtiments corporels aux cadets (élèves de 2e année).

 Pour nombre de nos compatriotes, ces sanctions certes exemplaires tombent comme le médecin après la mort car au sein de l’établissement s’est installée depuis plusieurs années l’injustice, la complaisance et le laisser-aller.  Selon Boubacar Diarra, fonctionnaire à la retraite à Koulikoro, « l’EMIA a cessé d’être une école militaire depuis qu’on a décidé de réserver aux seuls enfants des officiers et des nantis du pays. Sachant qu’on ne peut rien leur faire, ils se sont sentis tout permis ». Un passe-droit confirmé par les résultats des enquêtes qui ont conclu que la direction de l’école et les officiers ont cédé à la demande des élèves de 3ème année de « tout laisser entre leurs mains,  sans se douter que derrière cette sollicitation se cacherait le désir de vengeance d’un amoureux éconduit »  Justement, «  les incidents autour des femmes est monnaie courante à l’EMIA » confirme Karim Traoré, un militaire en retraite qui ajoute que « ces enfants gâtés pensent que tout leur est permis. Dès qu’on tente de les punir, on vous tape sur les doigts. Ce sont eux qui font la loi et font jusqu’à agresser de pauvres civils autour de l’école ». Des allégations confirmées par les populations de Katibougou qui soutiennent que « des élèves officiers possèdent par force des filles et personne ne peut lever le petit doigt car on sait que c’est l’enfant d’un tel, le neveu d’un tel autre ou encore le beau-frère d’un chef militaire. Ce qui est arrivé devait arriver tôt ou tard. Et les responsables ne sont que les chefs des commandements militaires », accuse Amara Djiguiné, expatrié revenu s’installer à Koulikoro. Pour Amadou Traoré, ressortissant aussi dé Koulikoro, « aujourd’hui, 85% des pensionnaires de l’EMIA sont des fils d’officiers qui sont la plupart en échec scolaire ou qui ont des problèmes avec l’alcool et la drogue. La violence ne peut être que leur seul moyen d’expression ». Ce qui est déjà connu, les 5 victimes sont des enfants d’officiers. Un fait tout à fait normal s’ils se comportaient ainsi. Malheureusement, ce n’est pas le cas et nos forces de sécurités continueront à être « les dépotoirs des enfants ratés » qui vont continuer à ternir l’image de notre pays jadis réputé par la qualité de sa formation militaire.

Enquête réalisée par Oumar Camara.

 

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