On l’appelait la grande muette. Mais, ces derniers temps, l’armée s’est mise a beaucoup parlé et a laissé souvent parlé en son nom. Sa montée en puissance dans un contexte de guerre asymétrique, chantée à plusieurs reprises et à toutes les occasions, est aujourd’hui mise à rude épreuve par les groupes terroristes qui multiplient les attaques contre militaires et civils. Faut-il désormais parler peu et agir en silence ?
La guerre politique fondée sur le besoin de convaincre du maintien des militaires au pouvoir ; et les questions de défense des droits de l’homme, ont poussé assez souvent les militaires maliens à briser l’omerta. Ce qu’on savait, c’était que l’armée ne communique ou ne « bavarde » pas. C’est pourquoi, elle était appelée la « grande muette ».
Mais, dans un monde de plus en plus dominé par la technologie et où la communication occupe une place stratégique, il est impensable de continuer de croire qu’une armée ne doit pas « communiquer ». Communiquer, oui ! Mais quoi communiquer ?
La guerre contre le terrorisme au Mali qui est devenue l’affaire de toutes les grandes puissances mondiales, alliées comme rivales, a placé l’armée malienne au centre des intérêts. A cela, il faut ajouter la prise du pouvoir par les militaires et leur lutte pour s’y maintenir. Comment ne pas communiquer dans ces circonstances pour tenter de convaincre l’opinion ! C’est ce que fait les militaires au pouvoir au Mali.
Après le coup d’Etat de 2020, il fallait démontrer que le problème qui a amené ce coup de force condamné par la constitution, était la défaillance du grand commandement. Une armée en déliquescence parce que le commandement a failli. C’est cela qu’il fallait prouver. Un leitmotiv déjà servi en 2012, lorsque les militaires ont renversé le président ATT accusé de laxisme face au terrorisme rampant à nos frontières.
Activistes des réseaux sociaux, journalistes acquis à la cause de la junte au pouvoir ainsi que les partis politiques et associations de la société civile, ont commencé à dire que l’armée malienne monte en puissance depuis la chute du régime IBK. Un examen de conscience qui a poussé certains à justifier cette montée en puissance par la défaillance du commandement sous le régime IBK. Mais les morts diront le contraire. Larmée avait déjà amorcé sa montée en puissance depuis sous le régime défunt.
Mais au-delà, il fallait aussi convaincre l’opinion nationale et internationale de la nécessité pour le Mali de s’émanciper de certaines forces militaires opérant sur le sol malien sous le commandement de la France. La propagande autour de cette libération du Mali du joug de l’ancienne puissance coloniale, a fait son effet. Aujourd’hui, les militaires français sont en train de plier bagages et la France n’est plus le partenaire privilégié du Mali en matière de défense.
Pendant ce temps, que faisaient les groupes terroristes ? Etaient ils en observation ? Cherchaient-ils à voir comment cette armée malienne qui monte en puissance allait s’organiser sur le terrain ? Voir dans quels sens, allaient les décisions politiques ? Aujourd’hui, les attaques répétitives montrent bien que ces groupes armés terroristes ne sont plus en observation et qu’ils sont passés à l’offensive.
L’armée malienne monte en puissance ; ça c’est indéniable. Ces forces armées maliennes font de grandes prouesses sur le terrain. On peut même dire, qu’elles ont réussi à déstabiliser les groupes terroristes dans leur mode opératoire.
Mais, la propagande sur les réseaux sociaux doit cesser. Une guerre ne se mène pas et ne se gagne pas sur les réseaux sociaux. La montée en puissance de l’armée et la solidarité envers cette armée, doivent être faite en toute discrétion. Les résultats se verront sur le terrain. A cet effet, le commandement doit éviter de communiquer le matériel de guerre acquis et demander à leurs activistes des réseaux sociaux ne pas faire de propagande autour du nombre de victimes.
Youma