Après tant de remous et de chaos suite au coup d’Etat du 22 mars 2012, le Mali retrouve sa normalité constitutionnelle grâce à la signature le 06 avril 2012 à Bamako, de l’accord cadre entre la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) et le Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’Etat (CNRDRE) qui dirigeait le pays. L’effet immédiat de cet accord sera la mise en œuvre du processus de transition.
Cette parenthèse nouvelle qui s’ouvre au Mali et qui suscite encore de nombreuses interrogations dans notre pays comme partout ailleurs sera marquée, ce jeudi 12 avril 2012, par l’investiture du président de la République par intérim, en l’occurrence Dioncounda Traoré président de l’Assemblée nationale du Mali. La cérémonie se déroule en ce moment même au Centre international de conférence de Bamako (CICB) situé non loin du fleuve Djoliba. Ce cours d’eau mythique a toujours été témoin de l’histoire contemporaine du Mali, d’Afrique et du monde puisqu’il a vu se tenir pas mal d’événements majeurs à l’image de cette investiture de Dioncounda Traoré.
Le nouveau gouvernement de consensus qui sera mis en place aura la lourde tâche de gérer les affaires courantes. Mais, ses deux principales priorités sont : la crise au nord et l’organisation d’une élection présidentielle libre, transparente et démocratique. Ce sera en cohabitation avec Dioncounda Traoré, président de la transition, conformément à l’article 36 de la Constitution du 25 février 1992.
Rappelons que le dénouement est arrivé deux semaines seulement après le coup d’Etat. Il a été matérialisé par la signature d’un accord cadre, le 06 avril dernier à Bamako, entre le président du Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’Etat (CNRDRE) Amadou Haya Sanogo et Djibril Bassolé ministre Burkinabè des affaires étrangères représentant du médiateur de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO). Le Mali retrouve donc sa normalité constitutionnelle.
Un des points marquants de ce document est la mise en œuvre de l’article 36 de la Constitution de février 1992. Celui-ci stipule qu’en cas d’empêchement temporaire du président de la république d’exercer sa fonction, l’intérim est assuré par le Premier ministre. Mais lorsqu’il s’agit d’une vacance de pouvoir quelle que soit la cause, le président de l’Assemblée nationale, après constatation de la Cour constitutionnelle est désigné président par intérim. Dans ce cas, une élection présidentielle sera organisée dans un délai de 21 jours au moins et 40 jours au plus.
L’accord cadre prévoit aussi en son article 7 des mesures pour une transition apaisée dans la cohésion sociale et l’unité nationale. En effet, l’Assemblée Nationale doit adopter une loi d’armistice pour les membres du CNRDRE et leurs associés. Il y aura d’autres lois sur l’indemnisation des victimes de la guerre et de l’insurrection du 22 mars, sur la prorogation des mandats des députés, sur l’orientation et la programmation pour des besoins d’équipement et d’organisation de l’armée. Enfin, l’assemblée adoptera une loi portant création d’un Comité militaire de suivi de la reforme des forces de défense et de sécurité.
Pour sa part, en plus de la levée de l’embargo du 02 février 2012, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) s’est engagée à mettre en place un fonds humanitaire. Dans le cadre de la mise en œuvre de cet accord, sous l’égide bien sûr de la CEDEAO, tous les regards sont désormais fixés sur Dioncounda Traoré. Ainsi, le samedi 07 avril 2012, en provenance du Burkina Faso, Doncounda a été accueilli à l’aéroport international de Bamako Sénou avec tous les honneurs dus à un président de la République.
Place au sursaut national
Dans la foule, il y avait des représentants de la CEDEAO, des responsables du CNRDRE, des cadres politiques, des militants de l’Adema (son parti) ses sympathisants et de nombreux journalistes de la presse nationale et internationale. Dans l’après midi, Dioncounda Traoré a fait une déclaration appelant tous les Maliens à s’unir pour trouver une porte de sortie de crise. Le président par intérim s’est dit optimiste vu le courage et le dévouement de tout un chacun pour le Mali. Le 09 avril il s’est entretenu avec le président du CNRDRE, le capitaine Amadou Haya Sanogo, sur la poursuite du processus. Au menu, le cheminement de la démission officielle de l’ancien président ATT obtenue la veille.
La cour constitutionnelle saisie pour cette occasion a constaté la vacance du pouvoir le mardi 10 avril 2012 pour désigner, par conséquent Dioncounda Traoré, président de la République par intérim selon la Constitution. Mr Traoré va épauler le futur nouveau Premier ministre qui aura le plein pouvoir pour régler le problème du nord et organiser des élections libres, transparentes et démocratiques. Son gouvernement sera composé de personnalités consensuelles pour réaliser les différents points que comporte la feuille de route élaborée par les signataires de l’accord cadre et les parties prenantes de la transition.
Si beaucoup de gens saluent la volonté du CNRDRE d’avoir accepté le retour des civils au pouvoir, force est de reconnaître que, Djibril Bassolé et Dioncouda Traoré ont beaucoup facilité les démarches. Ils sont les grands artisans du retour à la normalité au Mali. Malgré l’incident du 29 mars à l’aéroport de Bamako Sénou qui a consisté à occuper le tarmac pour empêcher l’avion de la délégation de la CEDEAO d’atterrir, le courage de Djibril Bassolé n’a pas faibli pour la recherche de solutions à la crise malienne. Il a continué ses négociations avec sagesse et patience. Finalement, son courage a payé pour le bonheur du Mali et de l’Afrique toute entière.
Issa Santara
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