En militarisant les forces de la police et de la protection civile, le gouvernement de Transition va devoir faire face à des charges financières importantes, tout portant un coup de frein au syndicalisme dans ce secteur de la sécurité.
Par un récent vote massif, la loi portant militarisation du corps de la police et de la protection civile est entrée dans le droit positif national. Et ce texte prévoit que les policiers et les agents de la protection civile bénéficieront désormais du statut particulier des militaires. Ceci, dans le souci donner plus de moyens à l’outil de défense nationale dans la perspective de la lutte contre le terrorisme.
Par cette réforme, que le gouvernement tente d’inscrire dans le cadre des réformes majeures du secteur de la sécurité, le Mali va se retrouver avec un effectif plus étoffé de forces mobilisables contre le terrorisme. Cela entraîne des coûts supplémentaires de prise en charge, d’équipements sans compter les primes diverses liées à cette nouvelle mesure.
Si du côté du département de la sécurité et de la protection civile, l’on se réjouit de l’adoption de ce texte, au niveau des finances publiques, l’on signale des grincements de dents pour faire face à son incidence sur le budget. Car, les commissariats de police vont devoir se restructurer et renforcement de leurs équipements en divers moyens techniques et humains. Sans oublier que la couverture en commissariats et poste de contrôle policier et d’agents de la protection civile doivent être améliorés.
En outre, les mesures particulières liées au statut des militaires génèrent de nouvelles charges à l’Etat. A titre d’exemple, les avantages en termes de primes alimentaires, d’indemnités de risque et d’allocation aux familles de ces nouveaux agents militarisés sont estimés à plusieurs milliards de nos francs. Toutes ces incidences ne freinent pas les ardeurs contestataires des organisations du monde du travail, qui voient en cette loi un moyen pour freiner le droit syndical des agents concernés.
En effet, les policiers et les agents de la protection civile, qui avaient dans un passé récent, exprimé un certaine nombre de doléances à travers des organisations syndicales crient à l’injustice. Certains menacent même de contester, par une procédure judiciaire, la constitutionnalité de cette nouvelle loi. C’est en se fondant sur la valeur constitutionnelle du droit de grève. Argument battu en brèche la semaine écoulée par certaines recommandations de la conférence sociale du monde du travail. Mais cela n’empêche pas qu’au sein du département de la sécurité et de la protection civile, de nombreux cadres et agents sont sceptiques quant à l’applicabilité de la loi portant militarisation de leur profession, sans dit-on prendre en compte leurs questions de carrières.
Boubou SIDIBE/maliweb.net