Militarisation à outrance du pouvoir et hausse de l’insécurité : Le dessein des colonels serait-il ailleurs ?

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C’est une coalition de colonels en majorité qui a perpétré un coup d’état  militaire le 18 août dernier contre le Président Ibrahim Boubacar KEITA et son régime, contraints à la démission.  Et depuis, c’est une junte qui tient les rênes  de l’Etat. L’un des griefs majeurs pour justifier cette atteinte à la démocratie était la lutte contre l’insécurité au centre du pays et l’envahissement jihadiste. Mais six mois après, quel est l’état des lieux ?

Affirmer que le masque est tombé ne serait qu’une lapalissade. Du discours solennel tenu par Ismaël Wagué dans sa tenue d’apparat à la place de l’indépendance devant une cohorte de manifestants au tableau qu’il est donné aujourd’hui de voir, il y a un désert. Six mois de recul suffisent pour comprendre que tout était faux. Ces derniers temps, des vidéos circulent sur les réseaux sociaux, avec en fond sonore, des cris de détresse de paysans qui assistent impuissant à la mise à feu de leurs récoltes par des jihadistes. Quand d’autres informations ajoutent que des jihadistes procèdent à l’abattage du riz dans les champs pour ensuite l’embarquer. Sur les mêmes réseaux que se partagent populations lambda et autorités, des photos de quelques engins, semble-t-il, retirés par des soldats maliens à des jihadistes dans la périphérie de Farabougou, village martyr sont publiées. Que faut-il croire ? Ces colonels qui, sans convaincre sur le plan militaire s’essayent à la politique ? Pour quels résultats alors ? Sur les mêmes canaux, l’armée avait démontré qu’elle a cessé d’être une muette en formant des hommes en kaki au maniement des réseaux sociaux. Y a-t-il une relation entre cette formation qui a pour finalité de masquer la vérité et cette désespérance des paysans sur le terrain ? Le cri de cœur de ces paysans est celui de tous les Maliens. IBK n’aurait jamais pu avoir d’excuses si le feu était mis au grenier du pays sous son règne et sous ses yeux. L’armée aura du mal à convaincre les Maliens qu’elle a pris le pouvoir pour lutter contre l’insécurité et s’accommoder en même temps d’une telle situation. Que veut-elle en vérité ? Les putschistes avec à leur tête  le Colonel Assimi GOITA, président du Comité National pour le Salut du Peuple(CNSP) avaient montré leur vrai visage. Très peu avaient compris le message. En décidant d’exercer les fonctions de chef d’Etat, leur ambition était pourtant explicite. Fuir le front pour le bureau et faire la politique. Pas plus.  La nomination d’un colonel retraité à ce poste, Bah Daw est une  quasi-défaite qui est compensée par la création au forceps d’un poste de vice-président qui jure avec la loi fondamentale. Pas seulement que cela. Des colonels et assimilés sont nommés aux hautes sphères de l’Etat  qui se voient militarisées, à commencer par les institutions. Il en de même de plusieurs postes hautement stratégiques qui sont pourvus par des militaires chèrement entretenus par le budget national. Des corps comme celui des préfets qui accueillait occasionnellement des hommes en tenue, leur est formellement ouvert désormais suite à un décret qui modifie le décret en vigueur jusqu’ici. Du coup, il faut rechercher la vraie motivation des soldats à occuper les postes de commandement ailleurs. La lutte contre l’insécurité passe au second plan au regard de la situation sur le terrain. Dans le centre du pays, aux jihadistes et autres acteurs de l’insécurité, s’ajoutent les chasseurs qui deviennent d’autres adversaires, sans compter Ambassagou, la milice dogon. Au nord, les obus et EEI continuent de faire des morts parmi les FAMA et les forces étrangères. Et pour tout dire, pendant que la rue réclame le départ de la France, accusée à tort ou à raison de mettre l’huile sur le feu, la hiérarchie militaire tient un discours contraire. A-t-elle le cœur à l’ouvrage ?

                                                                                      

  Koladji DIALLO

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