Mars 1991 – Mars 2012. Il y a 21 ans, le général Moussa Traoré, face à la crise profonde qui sévissait dans le pays, promettait d’abattre l’enfer sur le Mali. Et sa macabre promesse, il l’a tenue.
Ainsi, après l’assassinat, (10 ans plus tôt) du charismatique leader estudiantin Abdoul Karim Camara dit Cabral (avant lui, de l’ancien-président de la République Modibo Kéïta et bien d’autres), GMT, devrait renouer avec son exercice favori : tuer et réprimer pour tenter de sauvegarder son pouvoir aux abois.
En effet, de 1981 à 1997, l’UDPM a organisé 4 Congrès sans jamais trouver une seule solution aux différentes crises qui secouaient la nation et faisait fi de la corruption, du népotisme et de l’injustice qui rongeaient le pays.
D’ailleurs, Moussa Traoré passait lui-même aux aveux en Mars 1987 dans une interview accordée à “Jeune Afrique” : “Le parti n’existe pas ! Seuls des malhonnêtes m’entourent, tous mes compagnons sont corrompus”.
Et pourtant, de ces compagnons, il ne s’en débarrassera jamais. Et pour cause !
Au cours de la décennie 1980, le Mali, était amené à appliquer le programme d’ajustement structurel qui a entraîné l’accroissement des clivages sociaux en favorisant l’émergence d’une frange d’exclus du système économique.
Pauvres esprits que ceux-là qui feignent d’oublier (et tentent de faire oublier) que c’est sous et par Moussa Traoré que notre pays s’est trouvé sous ajustement structurel !
En effet, la paupérisation des couches sociales connut ainsi un véritable coup d’accélération : compressions, réduction de l’enveloppe des bourses universitaires, chute du pouvoir d’achat et surtout une accumulation des salaires des travailleurs qui n’étaient payés qu’une ou deux fois par trimestre.
Pendant ce temps le pouvoir n’a cessé de se fasciser. C’est le début des provocations, des intimidations, des interdictions de manifestations programmées par les associations CNID ADEMA. On gaze et on matraque à deux mains, les responsables des associations démocratiques dont le seul crime aura été de vouloir incarner les aspirations du peuple, au changement par voie démocratique.
Et puis, l’on s’attaque aux élèves et étudiants. Couvre-feu, état d’urgence, état de siège, étaient vécus quotidiennement par le peuple.
Et pourtant, le peuple malien ne demandait que le dialogue, la confrontation des idées sur l’avenir du pays, la liberté d’expression, d’opinion et la possibilité pour chacun de militer dans le parti politique de son choix. GMT et ses valets y ont opposé un refus catégorique car leur pouvoir ne reposait que sur la force, l’intimidation, la terreur et la persécution.
Mais la patience du peuple avait atteint ses limites et les Maliens avaient décidé de prendre en main la conduite de leur destinée, malgré l’exorbitant prix à payer.
Le reste est connu. GMT avait promis d’abattre l’enfer sur le Mali et il l’a fait.
Une étape de notre histoire écrite dans le sang des fils du pays, le sang des martyrs.
Ils ont osé tirer sur les jeunes jusque dans les hôpitaux et cimetières.
Ils ont froidement brûlé des manifestants dans l’enceinte du “Sahel Vert, le transformant en four crématoire à l’instar des “nazis”. GMT a fait ce qu’il avait toujours promis et auquel aucun malien n’avait jamais voulu croire.
Sourd à toutes les sollicitations, le pouvoir de GMT, qui pouvait éviter au pays le cycle des violences, des règlements de compte, les risques de guerre civile, avait choisi, par orgueil et par mépris, l’affrontement, parce que, sûr de sa force, de ses armes.
L’Armée était convertie en une institution de répression contre le peuple, au service d’un clan, le clan Moussa Traoré et famille.
La détermination du peuple malien malgré les morts et les blessés a marqué le 26 Mars 1991, la fin du régime GMT, le plus sanguinaire que le Mali ait jamais connu.
Et cela ne sera, ne pourra jamais être oublié. Pardonné, peut-être. Mais à condition que certains ne retournent pas trop le couteau dans nos plaies.
Boubacar Sankaré