Maouloud endeuillé et invectives envers Sadio Gassama : Niamé Kéïta menacé de poursuites judiciaires

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Lors de sa traditionnelle conférence de presse, pour célébrer son accession au pouvoir, le 8 juin, le chef de l’Etat, Amadou Toumani Touré a évoqué le Maouloud endeuillé de 2010 à Bamako. Il a, en effet, qualifié cet évènement tragique de «désastre». Aussi, a-t-il fait savoir, qu’à sa demande, la Sécurité militaire a effectué une enquête et que le dossier était prêt. Avant de préciser qu’il serait transmis aux autorités judiciaires compétentes. Ensuite, ATT a commenté ce dossier en trois points.

Tout d’abord, il a développé la thèse du trop plein du stade Modibo Keïta, qui a servi de cadre au précieux prêche du Chérif Madani Ousmane Haïdara, chef spirituel de l’association, Ançardine. Ensuite, il a soutenu qu’il y avait eu un déficit de maintien d’ordre. S’y ajoutent les débordements des organisateurs. Ce qui fera dire à ATT que «les conduites à tenir n’ont pas été observées». Le dossier sera vraisemblablement transmis à la justice, pour, à la fois, déterminer les responsabilités et les mesures à prendre en pareilles circonstances.

La question que plusieurs observateurs se posent est de savoir pourquoi ATT évoque-t-il en ce moment précis ce dossier? N’a-t-il pas été influencé par la sortie médiatique du désormais ex Directeur général de la police, Niamé Kéïta? N’est-il pas en train de glisser sur le terrain du règlement de comptes personnels? N’est-il pas en train de liquider Niamé Kéïta au profit du Général Sadio Gassama?
Les réponses à ces interrogations sont toute affirmatives. Et pour cause: c’est dans l’émission annuelle en bambara dénommée «Baro» (causerie) de l’ORTM qu’ATT a expliqué les raisons de limogeage de Niamé Keïta, à savoir son refus de sanctionner des éléments indisciplinés de la police. Il n’a fait allusion ni au Maouloud, encore moins à l’enquête, à fortiori à la transmission du dossier à la justice.

Il a fallu que Niamé KéÏta réplique dans la presse aux propos d’ATT, en s’attaquant frontalement à son ministre de tutelle, Sadio Gassama, qualifié au passage «d’officier félon, menteur et traitre» pour qu’ATT sorte de son chapeau magique le dossier poussiéreux qui dormait dans les tiroirs de la Présidence. Il n’a même pas été questionné sur cette affaire, mais il l’a évoquée volontiers. Ce qui veut tout dire.

Même s’il est indéniable que les propos de l’ex Directeur de la police sont peu courtois et peu polis à l’endroit d’un supérieur hiérarchique, de surcroît Général de son état. Déjà, l’un des proches de Sadio Gassama, le Commissaire Lieutenant –Colonel Nouhoum Dabitao, Directeur adjoint du Commissariat des Armées (ex  Intendance militaire), a répliqué, par presse interposée,  à l’ancien patron de la Police, considéré comme un officier inculte, c’est-à-dire «un sac à dos». Si un fan de Niamé Kéïta faisait la même chose, on irait tout droit au désordre dans les rangs des hommes en tenue, voire à une bataille rangée entre policiers et militaires.

En déposant donc sur la table judiciaire le dossier du Maouloud endeuillé de 2010, dans lequel on met en cause le maintien d’ordre, c’est bien Niamé Kéïta en personne qui est visé. On le contraint de cette façon à se tenir correctement. C’est comme un chantage, une épée de Damoclès sur sa tête, parce que nous sommes convaincus que ce dossier, comme tant d’autres, n’ira pas très loin. C’est du tape à l’œil, rien plus. Sinon, pourquoi ne parle-t-on pas du Maouloud endeuillé de Tombouctou, en 2009? Ce dernier a précédé celui de Bamako. Alors, où se trouve le dossier d’enquête? La justice sera-t-elle également saisie? Ou bien les morts de Bamako (Paix à leurs âmes) sont-ils plus importants que ceux de Tombouctou (Paix à leurs âmes)? Sommes-nous encore devant une politique de deux poids, deux mesures?  A suivre.               
 Chahana Takiou

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