Les commandos parachutistes de Djicoroni, force d’élite de l’armée nationale, manqueraient cruellement d’habits. Selon l’un d’eux, chaque soldat, dès son recrutement pour la formation commune de base, reçoit deux uniformes et deux tenues de sport. Un uniforme de soldat se compose d’une casquette, de la veste et du pantalon assorti, du ceinturon, de la grosse ceinture et de chaussures "rangers". La tenue de sport se compose d’une culotte et d’un T.shirt.
Au moment d’être affecté au camp Para, après la formation commune, le soldat reçoit deux nouveaux uniformes mais pas de nouvelles tenues de sport. Il doit donc se débrouiller avec les anciennes tenues de sport. Le problème, c’est que chaque soldat commando a fini vite d’user ses uniformes au bout de deux ou trois mois. "La raison, expliquent nos sources, c’est que la tenue de sport étant trop légère et ne pouvant protéger des aspérités du sol, le soldat est obligé de faire les exercices quotidiens vêtu de son uniforme: ramper, courir, sauter…".
Or, le soldat qui use ainsi ses uniformes est obligé d’attendre une nouvelle distribution, étant entendu que l’armée ne donne que deux uniformes par an et par soldat. "Nous sommes obligés, en attendant, de rafistoler à la main les vieux habits, ce qui donne à certains d’entre nous des airs de clochards!".
La plupart des soldats se voient donc contraints de s’acheter, sur leurs deniers propres, de nouveaux uniformes. Ce qui donne de l’occupation à des soldats-tailleurs installés au camp des gardes de Ntomikorobougou, sans qu’on sache si l’argent qui leur est versé pour leur travail leur appartient ou s’il va dans les caisses de l’armée. Notons que le port de l’uniforme est obligatoire pour chaque soldat du lundi au vendredi car il sert de signe de reconnaissance des éléments d’un corps déterminé.
La situation vestimentaire des sapeurs pompiers n’est guère plus reluisante. Fonctionnaires de l’Etat, ceux-ci relèvent du ministère de la Sécurité intérieure et de la Protection civile. Du 14 au 16 juin 2010, ils ont observé une grève de 72 heures sur toute l’étendue du territoire. Ils avaient dans leurs cahiers de doléances 4 points principaux: l’octroi d’indemnités, la dotation des pompiers en tenues de travail, la relecture de leur statut et la dotation des infirmeries et produits pharmaceutiques.
Selon le Lieutenant Issa Mody Sacko alias "Jésus", secrétaire à la communication du Syndicat de la Protection civile, depuis 2007, les pompiers n’ont connu aucune dotation en tenues de travail. Lors de la dernière dotation, on leur offrit des tenues de mauvaise qualité qui ne pouvaient survivre à 3 mois d’usage. Faute de mieux, les pompiers eux-mêmes vont se chercher des tenues de travail… dans les friperies. Le lieutenant Sacko de poursuivre, les yeux presque larmoyants: "Voyez la tenue que je porte en ce moment: je l’ai achetée personnellement dans une friperie au marché de Médina Coura. Ces habits ramassés dans les friperies ont été portés, dans un autre siècle, par des des pompiers français. Cela me fait mal d’y penser au moment même où le Mali est en train de fêter avec faste ses 50 ans d’indépendance !"
Au-delà de la pénurie d’habits de travail, les sapeurs-pompiers manquent de médicaments pour se soigner. Et la chose paraît paradoxale quand on sait que ces pauvres gens ont pour métier de sauver des vies. "Dans nos infirmeries, se lamente le lieutenant Sacko, il y a ni des tables de consultation ni lits d’hospitalisation, à plus forte raison des produits pharmaceutiques. Depuis 2009, nos infirmeries des pompiers n’ont eu aucune dotation en médicaments usuels, alors qu’il existe un budget spécial pour cela. Ce budget est de 24 millions dont 20 millions financés par l’Etat et 4 millions par la direction des services de santé des armées (DSSA)."
En fin, Lieutenant Sacko, secrétaire à la presse et à la communication du syndicat de la protection civile, confirma que leurs revendications étant légitimes, la lutte sera continuée dans la légalité jusqu’à l’aboutissement d’une satisfaction totale.
Abdoulaye GUIDO