MALI : Que cache la résistance de Sanogo ?

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Sanogo-aA propos du déclin du général Sanogo, aurait-on vendu la peau de l’ours avant de l’avoir tué ? Après le énième rendez-vous manqué d’hier au sujet de la comparution de l’ex-homme fort de la transition malienne, la question se pose désormais avec acuité. Certes, le fait d’avoir été désarmé et contraint à quitter sa tanière de Kati prouve que l’étoile de l’auteur du coup d’Etat contre le président Amadou Toumani Touré a plutôt pali ; mais le fait qu’il s’obstine à ne toujours pas se présenter devant le juge d’instruction tend à prouver que sa déchéance est plutôt relative. Est-ce un bras de fer à l’issue incertaine, entre lui et ses partisans d’une part, et le président Ibrahim Boubacar Keïta de l’autre ? D’une certaine façon, cette résistance ardue de la part de Sanogo, est le reflet d’une emprise plutôt relative des nouvelles autorités sur le pays. Ce, au niveau de Bamako même !

 

La détermination et l’audace dont le nouveau président avait fait montre au lendemain de la mutinerie de Kati avaient été unanimement saluées. Le courage d’IBK était en effet d’autant plus impressionnant qu’il s’en prenait directement à un général Sanogo encore grisé par l’omnipotence qui a été la sienne pendant la Transition. Omnipotence qui avait d’ailleurs amené Dioncounda Traoré à lui octroyer le grade de général, au mépris de tous les principes de bon sens.

 

 

Par ailleurs, les nouvelles autorités surprenaient tous les observateurs dont la majorité pensait qu’IBK était plutôt le candidat des putschistes. Tout le monde voyait dans la traduction de Sanogo à la justice, une démarche qui ferait date et qui servirait de leçons à d’autres soldats aventuriers.

 

 

Mais au rythme où vont les choses, on se demande bien si on n’est pas trop vite allé en besogne. Parce que visiblement, au Mali, il ne suffit que le chef tape du poing sur la table pour que les choses soient exécutées comme il le souhaite. Autrement, la détermination d’IBK demeure intacte. Mais Sanogo résiste toujours. Il a déjà ignoré trois convocations à lui adressées.

 

 

Et voilà qu’il essaie de rééditer avec le mandat d’amener qui a été exceptionnellement émis pour le contraindre à venir de gré, ou de force. Sachant ce qu’il risque, il doit encore compter sur des soutiens plutôt solides. Sinon lui-même ne représente plus grand-chose. C’est vraisemblablement au sein de l’appareil sécuritaire et dans l’administration malienne actuelle qu’il doit avoir ses appuis. Quelques-uns de ses partisans ou complices, tapis dans l’ombre, doivent être en train de ramer à contre-courant de la volonté de Bamako.

 

 

D’une certaine façon, on en apprend que l’autorité d’Ibrahima Boubacar Keïta, en dépit de tout son volontarisme, souffre encore de quelque chose. A Bamako même. Pas forcément une bonne nouvelle pour le nouveau président. Parce que pour ce qui est du reste du pays, c’est la souveraineté du Mali qui est de fait en débat. Comme cela est du reste tragiquement illustré par l’assassinat hier de plusieurs membres de la famille du général Gamou, dans la localité de Djébok située à 45 km de Gao. Après les attentats de ces derniers mois, les prises d’otages à répétition dont celle meurtrière de nos confrères, Ghislaine Dupont et Claude Verlon, les terroristes semblent avoir voulu « punir » ce soldat touareg de sa fidélité légendaire aux autorités régulières maliennes. Une sanction imméritée de la part du soldat dévoué et républicain qu’aura été le général Gamou.

 

 

Boubacar Sanso Barry pour GuineeConakry.info

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4 COMMENTAIRES

  1. Bonjour,
    Je ne comprends rien et je demande de l’aide pour mieux appréhender la situation. Pourquoi élargir Le MNLA qui a tué, fait tuer, violer, mutiler, détruire tout un patrimoine mondial et se braquer sur Sanogo seul? MNLA est-il plus malien que Sanogo? Le FDR est-il myope d’un côté et parfaitement voyant de l’autre? Si il y’à justice, c’est pour tout le monde et non à des fins de règlement de compte. Tout le problème est là car le gros problème du FDR c’est le départ de ATT qui a quand servi à organiser des ékections crédibles.

    • Vous pensez que ces élections ont été crédibles ?
      Avec des faux musulmans qui n’ont pas peur de Dieu, des militaires qui oublient le Nord et font de la politique, des urnes qu’on retrouves dans des mosquées, des urnes bourrées dans les camps militaires.
      J’ai honte et l’avenir de ce pays est hypothéqué.

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