Lutte contre la prolifération des armes légères : Enjeux et Défis

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La circulation illicite et la détention illégale des armes légères et de petits calibres ont contribué à l’alimentation des foyers de tension en Afrique, des conflits interethniques cinglants. Pour le Mali, où la population est toujours sous le choc de la barbarie des terroristes, l’enjeu est d’autant plus important que les défis doivent attirer l’attention de tous les acteurs afin d’être relevés.

 

 

Général de brigade  Mme Coulibaly Kani Diabate
Général de brigade Mme Coulibaly Kani Diabate

La paix n’est pas un vain mot. Elle est une culture de vie, un acte de foi. Sans paix, il ne saurait y avoir de développement. Pour une nation qui a connu l’expérience traumatisante de la guerre, la restauration de la paix est cruciale, notamment pour reconstruire socialement, politiquement et économiquement le pays. Notre pays se situe au cœur de l’Afrique de l’Ouest faisant frontière avec des pays vivant dans un calme précaire et confrontés à de foyers de tension.

 

 

L’installation progressive des groupes terroristes comme Aqmi, des bandits armés et narcotrafiquants sur notre territoire pendant des années et exécutant leurs plans démoniaques sous le couvert de la religion musulmane, a accentué la circulation anarchique d’armes violant ainsi les règles de détention et d’utilisation légale des armes légères de petits calibres. Les populations ont été les premières victimes en violation à l’article 1er de la constitution du 25 février 1992, qui stipule que «tout individu a droit à la vie, à la liberté, à la sécurité et à l’intégrité de sa personne». Le manque de mainmise sur l’emploi des armes légères est à la base de l’insécurité récurrente en Afrique de l’Ouest dans ses villes et campagnes se manifestant parfois sous le coup des conflits interethniques et de braquage qui aboutit souvent à des pertes de vies humaines.

 

 

Pour illustration, au Mali, on peut citer entre autres la bataille de Djolel qui a opposé les Sossobés aux Sasalbés faisant plus d’une vingtaine de morts. Les armes utilisées par les différents protagonistes étaient essentiellement composées de fusil de fabrication artisanale. Mieux, le conflit dans l’arrondissement d’Almoustarat a révélé le déficit de contrôle sur la circulation des armes légères à petit calibre. La particularité entre ces deux cas ressort que, si dans le conflit de Djolel, les belligérants ont utilisé des armes de fabrication artisanale, dans le conflit intra communautaire d’Almoussarat opposant (les Kounta aux Arabes), les armes utilisées étaient des armes à canons rayés. Ces cas cités illustrent à suffisance la nécessité de s’impliquer davantage dans la lutte contre le fléau.

 

C’est conscient de cet enjeu pour le développement durable de la paix et de la sécurité dans notre pays, que la Commission nationale de lutte contre la prolifération des armes légères continue ses activités de sensibilisation et de mise en place de structures régionales pour mieux répondre à ses aspirations conformément à la convention de la Cédéao sur les armes légères, leurs munitions et à la résolution des Nations unies 2100 d’avril 2013. Ces activités sont cadrées autour d’une mission sillonnant les régions du Mali avec pour but l’installation d’un point focal de la Commission. Ces points focaux seront les coordinateurs des acteurs à la base sous la directive de la Commission. Cette nouvelle stratégie dite de proximité consiste à collecter des informations au niveau régional en impliquant tous les acteurs comprenant l’armée, les artisans fabricants d’armes, les chasseurs, la société civile, les communicateurs.

 

Le point focal de la région de Tombouctou a été installé le 27 janvier 2013, en présence des autorités régionales, de la société civile et du haut fonctionnaire de la défense auprès du ministère de l’Artisanat, le colonel Mahamane Abidine Maïga. À cette occasion, le témoignage de la société civile s’est traduit par la pertinence de ses recommandations et la qualité de ses activités de sensibilisation. En effet, elle est un maillon indispensable à la quiétude sociale. De part sa dévotion, la société civile s’est portée comme une interlocutrice fiable de l’Etat. Les Nations unies la confortent dans ce sens élevé de responsabilité et de patriotisme à travers son rapport A/ 54/ 258 du 19 août 1999, du groupe d’experts gouvernementaux en recommandant aux Etats de faciliter leur coopération avec la société civile.

 

Après avoir organisé des élections crédibles permettant de mettre en place des institutions fortes et signaler le retour de notre pays dans le giron démocratique, il est important de rappeler que notre pays a vécu entre 2012 et début 2013 une crise sans précédent de son histoire socio-politique et sécuritaire. Pour éteindre les feux de tension dans notre espace communautaire et dans notre pays, il est impératif de se servir de nos erreurs et de nos échecs. Nous devons coordonner et mieux organiser la lutte contre la prolifération des armes légères et des petits calibres. Notre salut pour une véritable culture de la paix subsiste dans l’application stricte de la convention, des textes nationaux avec une implication efficiente de la société civile et de la franche collaboration des acteurs impliqués.

 

Vouloir la paix est légitime, la consolider nécessite un engagement, un dévouement et un sacrifice ultime de chaque citoyen comme le souligne Archibald Macleish, l’un des concepteurs de l’Unesco : «La paix est un processus et une condition, et non pas un objet figé que l’on obtiendrait de manière ou perdrait de manière périodique. C’est une situation mutuellement partagée de confiance, d’harmonie et d’objectif qui favorise la coordination des activités permettant aux femmes et aux hommes libres de vivre une vie décente où la guerre est rejetée de manière affirmative, grâce à une création dynamique et délibérée d’un ordre social et humain entre les peuples du monde et où les encouragements à la guerre sont neutralisés par les progrès humains et spirituels réalisés».

 

 

Sinaly  KEITA, envoyé spécial à Mopti et Tombouctou 

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