Le processus de Désarmement, Démobilisation et Réinsertion (DDR) fait désormais partie intégrante des efforts de consolidation de la paix après un conflit. Il a occupé une large place dans les mandats confiés aux opérations de maintien de la paix au cours des deux dernières décennies. Ainsi, après la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation (issu du processus d’Alger) les 15 mai 2015 et 20 juin 2015 par l’ensemble des parties prenantes au conflit au Nord de notre pays, les regards ont été tournés vers le processus de sa mise en œuvre. Et l’intégration des éléments des groupes armés est perçue comme une phase primordiale de la refondation de la nouvelle armée malienne en gestation.
Les activités de DDR constituent un volet capital aussi bien pour la stabilisation immédiate d’un pays que pour son développement à plus long terme. Elles sont intégrées à l’ensemble du processus de réconciliation, depuis l’ouverture des négociations de paix jusqu’à la consolidation de cette dernière.
Parmi les échéances prévues dans la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale, l’étape consacrée à l’intégration des combattants dans les corps constitués de l’Etat, y compris au sein des forces armées et de sécurité maliennes, a suscitée et continue de susciter beaucoup d’attention et de débats. Et cela compte tenu de l’attitude de certains «intégrés» suite à la gestion politique des précédentes rebellions au Mali.
N’empêche que cette intégration est une disposition clé de l’Accord. C’est une condition sine qua non du redéploiement des forces armées et de sécurité dans les régions du nord du Mali pour sceller le règlement définitif du conflit. C’est pourquoi, au niveau du ministère de la Défense et des Anciens combattants, cette phase est en train d’être minutieusement préparée.
Ainsi, depuis le 31 décembre 2015 et dans le cadre de la mise en œuvre de l’intégration, prévue par l’Accord, il a été créé le Conseil National de la Réforme du Secteur de la Sécurité (CN-RSS) et ses Cellules spécialisées ; la Commission Nationale de Désarmement, Démobilisation, Réinsertion (CN-DDR) et la Commission d’Intégration (CI).
Le Conseil des Ministres du 16 novembre 2016 a procédé également à la nomination des Présidents de la Commission Nationale de Désarmement – Démobilisation-Réinsertion (CN-DDR) et de la Commission d’Intégration (CI), le Commissaire à la Réforme du Secteur de la Sécurité ayant été déjà nommé en mars 2016.
Les trois structures (CN-DDR, CI, CN-RSS) sont actuellement opérationnelles et ont tenu leurs premières réunions en vue de la planification de leurs activités.
Et la construction des sites de cantonnement pour accueillir les ex-combattants se poursuit avec satisfaction. Ainsi, sur les 24 sites identifiés et validés par la MINUSMA, huit sont déjà utilisables et peuvent accueillir chacun 750 ex-combattants.
La constitution des unités du Mécanisme Opérationnel de Coordination (MOC), est une réalité aujourd’hui.
A Gao par exemple, un bataillon de plus 600 hommes a été constitué dans le cadre du MOC et les patrouilles mixtes ont effectivement démarré en fin février 2017. Les listes des combattants de la Plateforme et de la CMA ont été remises pour les bataillons du MOC de Kidal et Tombouctou.
Le 8 décembre 2016, s’est tenue à Bamako la Table Ronde pour la validation du Programme national DDR élaboré par le gouvernement et les mouvements signataires avec l’appui de la Banque mondiale et de la Minusma. Elle a surtout mobilisé les bailleurs de fonds pour le financement du volet réinsertion dudit Programme. La rencontre a été sanctionnée par l’engagement des partenaires à accompagner ce processus primordial dans la paix et la réconciliation nationale.
Du 6 au 13 mars 2017, Fana a aussi abrité l’atelier d’opérationnalisation de la Commission nationale de Désarmement, Démobilisation et Réinsertion (CN-DDR), avec la participation des mouvements signataires de l’Accord, de la MINUSMA et d’autres partenaires. Il est à retenir que les travaux de la CN-DDR sont un préalable incontournable au démarrage du processus de l’intégration.
Qui peuvent et doivent être intégrés ?
En attendant que la Commission d’intégration et le Conseil National établissent ensemble les critères, les quotas et les modalités de l’intégration des combattants dans les corps constitués de l’Etat, y compris au sein des forces armées et de sécurité, certains critères logiques d’intégration sont déjà retenus.
Il s’agit de l’appartenance à une unité combattante d’un mouvement signataire de l’accord issu du processus d’Alger, la définition de l’emploi de l’élément au niveau de l’unité combattante, l’expérience professionnelle, les limites d’âges, de grades, l’aptitude et les exemptions de mandats de dépôt et être de nationalité malienne… Des critères qui constituent des garde-fous et autant de conditionnalités à remplir au bénéfice d’une intégration inclusive.
Pour ce qui concerne les quotas, les effectifs des ex-combattants à intégrer au sein des forces armées maliennes et de sécurité, il sera tenu compte non seulement des dispositions de l’Accord, mais aussi de la Loi d’Orientation et de Programmation Militaire qui projette le format futur des Forces Armées Maliennes (FAMa).
Concernant l’attribution des grades et des fonctions de commandement, certes, l’accord prévoit une plus grande représentativité des ressortissants du nord dans les Forces armées reconstituées, y compris dans les structures de commandement mais, a indiqué la hiérarchie militaire, «les erreurs commises dans les précédentes intégrations seront évitées en vue de maximiser les chances de réussite du présent processus».
Il s’agit, entre autres, du respect de la pyramide des grades dans notre armée qui sera désormais un impératif dans l’attribution des grades devant consacrer «l’aptitude à exercer des fonctions déterminées».
Ainsi, par souci de conformité avec la Loi d’Orientation et de Programmation Militaire, les Officiers supérieurs, dont la fin de la disponibilité à servir sera dans 2 ou 3 ans ne seront pas intégrés. Et cela d’autant plus que leur service prendra fin, juste au terme des formations normales que tous les intégrés seront amenés à faire. Et des formations spéciales ne seraient pas recommandables pour leur catégorie.
Toutefois, a précisé le Ministère de la Défense et des Anciens combattants, les membres des mouvements anciennement Officiers des forces armées et de sécurité du Mali seront réintégrés au moins aux mêmes grades. Ceux qui ne remplissent pas les conditions et ceux qui choisiront de ne pas être intégrés pourront bénéficier d’une pension de retraite, d’une pension proportionnelle ou d’une pension d’invalidité ou tout autre arrangement suivant le cas.
L’intégration d’ex-combattants sous le leadership du gouvernement, en harmonie et en cohérence avec les autres aspects de la mise en œuvre de l’Accord pour la Paix, est un élément de résolution définitive du douloureux conflit du nord. Sa réussite peut surtout contribuer à renforcer les capacités opérationnelles des FAMa.
La réussite du processus d’intégration permettra aussi la prise en compte de l’importance de la représentation significative de toutes les populations du Mali au sein des forces armées et de sécurité, d’aller vers une véritable réconciliation et bâtir une véritable Armée Nationale, républicaine et apte à relever les défis de sécurité au Mali et ailleurs.
Mais cette intégration nécessite toujours la mobilisation à travers l’intensification de la sensibilisation des citoyens par des medias spécialisés en communication de défense. Et les résultats attendus de l’opération d’intégration ne seront effectifs que si elle est en harmonie et en cohérence avec les autres aspects de la mise en œuvre de l’Accord pour la Paix. Sans compter la nécessité de certaines mesures d’accompagnement constituant un autre centre d’intérêt de grande importance. Il s’agit, entre autres, de la réalisation des nouvelles infrastructures au profit de notre armée ainsi qu’un suivi et évaluation réguliers de son parcours par la commission d’Intégration.
Pour les observateurs, il est très important de tirer les enseignements des précédentes campagnes d’intégration d’ex rebelles dans les rangs de nos forces armées et de sécurité. En effet, il ne s’agit plus de grossir nos rangs avec ceux qui n’ont aucune passion du métier des armes et qui viennent juste pour prendre un salaire, espionner leurs camarades d’armes puis disparaître dans la nature avec leurs armes…
Et ce qui est encore inacceptable, c’est que les mêmes éléments réapparaissent plusieurs mois après sans les armes emportées et qui viennent réclamer des arriérés de salaire. Des éléments qui doivent être radiés à vie sont finalement acceptés avec des rappels de salaires. C’est là une situation de frustration qui a beaucoup affecté le moral de la troupe dans le passé. Pis, au début de la rébellion de 2012, ce sont ses «intégrés fuyards» qui ont joué les premiers rôles dans l’attaque de certains camps comme à Nampala, Aguelhok… Si nous voulons une armée puissante et respectable, il ne s’agit pas seulement de former et d’équiper, mais aussi que les mêmes règles de disciplines s’applique à tous les éléments sans… exception !
Moussa Bolly
@ berg, merci.
Un couteau a double tranchant comme les autres fois. Comment les autorites s’y oredrons cette fois ci????
Intégrez 20000(vingt milles) combattants aujourd’hui, il vous resterait que 5000(cinq milles) dans un(1) An!!!
C’est Juste un passage pour eux!!! le Rapt paye mieux, pourquoi s’ennuyer avec un Salaire de soldat!!!
Chaque intégré Constitue un combattant potentiel pour une prochaine insurrection!!! Ils viennent apprendre a connaitre suffisamment le fonctionnement et les outils de qui demeuréront loyalistes!!! et Hooop!
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